Face à la perte de vitesse des maths (depuis la réforme de 2019, la matière a perdu 18 % du volume total d’heures enseignées au lycée), et à la désaffection de la part des élèves notamment des filles, Jean-Michel Blanquer avait demandé à un comité d’experts de plancher sur le sujet le mois dernier.
Voir aussi notre article : Maths au lycée : début de la concertation cette semaine
Il vient de rendre sa copie, et le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, a décidé d’appliquer sans tarder sa première proposition : réintroduire les maths pour tous les élèves de 1 ère. Dès la rentrée prochaine, tous ceux qui ne l’avaient pas pris en spécialité se verront ajouter 1h30 de maths (ou 2 heures) à leur emploi du temps.
Par ailleurs,l’enseignement scientifique de la classe de première, qui était de 2 heures par semaine, est renommé enseignement scientifique et mathématique (ESM). Il est porté à 3 h 30 ou 4 h par semaine et devra redonner aux maths la place de langage commun des sciences.
Cet ajout d’1 h 30 ou 2 h de mathématiques sera suivi en 2022-2023 par les élèves qui n’ont pas pris la spécialité mathématiques.
Depuis la réforme de 2019, les mathématiques restaient obligatoires en seconde, mais seuls les élèves qui avaient choisi les maths en spécialité poursuivaient la matière en première.
Reste qu'elle est réputée difficile, et qu'elle est choisie majoritairement par des garçons d’origine sociale favorisée (pour 46 % des élèves). Les filles la délaissent, et cela suscite des inquiétudes.
Les mathématiques trop délaissées par les filles
Leur part dans l’enseignement de spécialité mathématiques, en terminale, « est redescendue au-dessous du niveau de 1994 », ont alerté les sociétés savantes et l’association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public de la maternelle à l'université - dans un communiqué du 25 janvier. Ainsi, seulement 25 % des filles en 2021 avaient un enseignement de mathématiques de plus de 6 h hebdomadaires contre 45 % avant la réforme.
En 2021, près de la moitié des filles ont abandonné les mathématiques en fin de seconde, alors qu’elles étaient jusqu’en 2018 environ 83% à poursuivre un enseignement de mathématiques.
Le rapport qui vient d'être rendu fixe un objectif pour la rentrée 2024 : que 10 000 filles de plus suivent l'option mathématiques expertes en classe de terminale, passant de 15 000 à 25 000, ce qui représenterait alors 40 % de filles dans l'option. Cela ferait en moyenne quatre filles par établissement.
Incertitudes sur les maths pour tous au bac
Pour l’instant, on ne sait pas si l’épreuve de mathématiques de tronc commun sera réintroduite dans le bac, comme Emmanuel Macron l’a annoncé le 7 mars, assez prématurément semblerait-il (le comité d’experts mis sur pied par Jean-Michel Blanquer et l'association des professeur de mathématiques n’avait pas encore rendu son travail).
Face aux difficultés rencontrées en mathématiques par de nombreux élèves, cette réintroduction des mathématiques obligatoires pour tous en 1 ère devrait profiter aux professeurs particuliers pour des cours de mathématiques.
Mais c’est en fait dès la primaire que les petits Français décrochent en mathématiques, comme l’attestent les études internationales comme Timss.
Il est pourtant essentiel de maîtriser les concepts élémentaires en fin de primaire, sous peine d’être perdu au collège, selon le mathématicien Cédric Villani, co-auteur d'un rapport sur l'enseignement des mathématiques dans le pays, rendu en 2018. « C’est le moment de la scolarité le plus structurant, celui où vous apprenez à faire une démonstration et à construire un raisonnement. Une fois cette étape ratée, il est très difficile de raccrocher au lycée », soulignait-il dans un article du Monde du 4 février 2022. La plupart des mesures qu'il avait préconisées sont aujourd’hui en cours de déploiement.
Selon lui, le faible niveau des élèves est dû au manque de formation des professeurs des écoles en mathématiques : la plupart ont étudié les sciences humaines, et l’enseignement qui leur est dispensé pendant leur spécialisation pour devenir enseignant est insuffisant.
Le fait que les filles continuent de délaisser les maths n'irait pas dans le bon sens pour les petits Français. En effet, les métiers de l’enseignement restent très fortement féminisés, particulièrement dans le premier degré.
Comment aider son enfant à être bon en maths ?
Certains parents font le choix des cours particuliers de mathématiques dès le plus jeune âge. Aladom.fr, le référent de la recherche d’emploi dans le domaine de l’aide à la personne, permet de passer une petite annonce, ou de consulter des annonces pour des cours de mathématiques ou de l’aide aux devoirs dans toute la France.
Pour aller plus loin :
Voir Le rapport sur la place des mathématiques dans la voie générale du lycée d'enseignement général et technologique