Le CMG, ce soutien essentiel pour des milliers de familles françaises, va changer de visage. Dès la rentrée 2025, son mode de calcul sera entièrement repensé. Portée par le gouvernement et saluée par la Fédération des services à la personne et de proximité (Fédésap), cette réforme promet une aide plus juste, mieux ciblée et plus efficace. Elle entend à la fois soutenir les familles, corriger certaines inégalités d’accès à la garde d’enfants, et favoriser le retour à l’emploi, en particulier pour les mères. Mais si les intentions sont louables, de nombreuses familles s’interrogent déjà : le dispositif tiendra-t-il toutes ses promesses ? Sera-t-il plus lisible, ou au contraire plus complexe ? Alors que les premiers décrets viennent de paraître, voici ce que l’on sait, et ce qu’il reste à éclaircir.
Un mode de calcul plus équitable (en théorie)
Jusqu’ici, le CMG reposait sur un forfait mensuel, calculé en fonction de l’âge de l’enfant, du nombre d’heures de garde et des revenus du foyer. Un système qui, dans les faits, favorisait certains profils plutôt que d’autres, notamment les familles ayant recours à une assistante maternelle plutôt qu’à une garde à domicile.
Selon le ministère des Solidarités, cela devrait « permettre un soutien plus proportionné aux besoins réels des familles », et réduire les écarts de reste à charge. Une bonne nouvelle pour les foyers modestes, mais pas forcément pour tous.
Un coup de pouce majeur pour les familles monoparentales
C’est sans doute la mesure la plus saluée de cette réforme : l’extension du CMG jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les familles monoparentales, contre 6 ans auparavant. Une avancée jugée essentielle par la Fédésap, qui rappelle que 80 % des parents isolés sont des femmes, souvent confrontées à des emplois précaires et à des difficultés d’organisation.
« Avant, je devais jongler entre les horaires de l’école, mon travail en horaires décalés, et les frais de babysitting que je ne pouvais pas déclarer. C’est une vraie bouffée d’oxygène », témoigne Sophie, 38 ans, mère célibataire à Roubaix.
Résidence alternée : une reconnaissance attendue
Autre nouveauté : à partir du 1er décembre 2025, les parents séparés en résidence alternée pourront bénéficier chacun d’un CMG, pour la période où l’enfant est chez eux. Jusqu’ici, seule la personne percevant les allocations familiales pouvait y prétendre, créant des situations inéquitables.
Le gouvernement souhaite ainsi « mieux prendre en compte la réalité des nouvelles configurations familiales ». Mais cette avancée s’accompagne de conditions strictes : partage des allocations familiales validé, contrats de garde déclarés séparément, et obligation de déclarer les périodes de garde.
« C’est une bonne chose, mais ça rajoute une couche administrative », regrette Antoine, père de deux enfants en garde alternée à Grenoble. « On espère que la CAF va nous accompagner. »
Des inquiétudes sur le budget des familles
Autre évolution notable du dispositif : la suppression de la condition des 16 heures de garde mensuelles pour bénéficier du CMG en mode prestataire. Une simplification saluée par la Fédésap, qui souligne que cette barrière administrative pénalisait de nombreuses familles aux besoins irréguliers. Désormais, même une garde ponctuelle pourra ouvrir droit à l’aide.
Cependant, cette avancée technique ne règle pas tout. Une rupture d’équité persiste selon le mode de garde choisi : l’extension du CMG jusqu’aux 12 ans, prévue pour les familles monoparentales, ne s’applique qu’en emploi direct. Les structures prestataires, pourtant souvent plébiscitées par les parents isolés pour leur souplesse et leur professionnalisme, restent exclues de cette mesure. Une anomalie que la Fédésap appelle à corriger rapidement.
Par ailleurs, le passage à un modèle proportionnel pour le CMG emploi direct, fondé sur un taux d’effort et des heures déclarées, complexifie la compréhension du dispositif. Si ce changement vise une meilleure justice sociale, il pourrait brouiller la lisibilité pour de nombreux foyers, d’autant que le complément transitoire destiné à amortir les pertes ne sera pas automatique.
Face à ces constats, les professionnels du secteur demandent une clarification des droits pour tous les types de garde, une égalité de traitement, et une reconnaissance accrue des services à domicile prestataires. Pour eux, le CMG est plus qu’un simple soutien financier : c’est un outil d’émancipation sociale, de retour à l’emploi, et d’équilibre familial.
Si la réforme semble aller dans le bon sens, elle n’est pas sans zones d’ombre. Nous avons consacré un article complet pour répondre aux principales questions sur le CMG. Plusieurs associations de parents redoutent un effet pervers pour les foyers aux revenus moyens, qui pourraient perdre en aide du fait du nouveau mode de calcul.
Pour limiter les pertes, un complément transitoire est prévu entre septembre et décembre 2025, destiné aux familles déjà bénéficiaires et touchées par une baisse soudaine du montant perçu. Mais celui-ci ne sera pas automatique pour tous, et les modalités précises restent floues.
« Il faut éviter que cette réforme bien intentionnée ne devienne un casse-tête, voire une mauvaise surprise pour certains », alerte Nadia Boulainseur, présidente d’une fédération de parents d’élèves en Île-de-France.
Une ambition affichée : relancer l’emploi et la natalité
La Fédésap, de son côté, espère que cette évolution relancera également le recours aux services à domicile, un secteur en tension. Elle appelle à « une meilleure lisibilité des dispositifs » et à « une revalorisation des métiers de la petite enfance » pour accompagner ces évolutions.
Ce qu’il faut retenir
- Le CMG sera désormais calculé selon les revenus, le nombre d’enfants et les heures réelles de garde.
- Il sera accessible jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les familles monoparentales.
- Les parents séparés en garde alternée pourront chacun en bénéficier dès décembre.
- Des aides transitoires sont prévues pour éviter les pertes brutales.
- La réforme ambitionne de soutenir l’emploi, lutter contre les inégalités… et moderniser notre politique de parentalité.
En 2025, le mode de garde devient plus qu’un choix logistique : un enjeu de société. Reste à voir si cette réforme, ambitieuse sur le papier, tiendra toutes ses promesses sur le terrain.
Réforme du Complément de libre choix du Mode de Garde : un pas vers plus d’équité, mais des inquiétudes pour les familles les plus fragiles
À partir du 1er septembre 2025, entre en vigueur la réforme du Complément de libre choix du Mode de Garde (CMG) « emploi direct », une aide essentielle pour les parents qui emploient une assistante maternelle ou une garde d’enfants à domicile.
La Fédération des Particuliers Employeurs de France (Fepem) salue une réforme qui marque une avancée en matière d’équité entre les différents modes d’accueil, tout en appelant à la vigilance concernant ses effets sur les foyers les plus vulnérables.
Une réforme pour harmoniser les restes à charge
L’objectif du nouveau dispositif est clair : rapprocher le coût pour les familles entre l’accueil collectif (crèches) et l’accueil individuel.
Désormais, le montant du CMG sera calculé chaque mois en fonction de plusieurs critères :
-les revenus du foyer,
-le nombre d’enfants à charge,
-la rémunération effective du salarié,
et un coût horaire de référence réévalué selon le Smic.
Cette réforme introduit donc un CMG variable, ajusté aux heures réellement déclarées. Elle supprime aussi le plancher de 15 % de reste à charge, ce qui allège la dépense pour de nombreuses familles modestes.
Des effets positifs pour certaines familles
La réforme profite principalement aux couples ayant des revenus modestes, aux familles nombreuses, et à celles qui emploient une garde à temps complet.
Le reste à charge sera significativement réduit pour ces foyers, notamment en cas de recours important à une garde d’enfants.
L’extension du bénéfice du CMG jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les parents isolés, et la possibilité de partager l’aide en cas de garde alternée, sont également perçues comme des avancées notables.
Mais une perte de soutien pour les plus fragiles
En revanche, la suppression de la majoration de 30 % qui bénéficiait jusque-là aux parents isolés, aux personnes en situation de handicap et aux familles ayant un enfant handicapé constitue une perte financière importante.
Pour la Fepem, cette mesure risque d’aggraver les inégalités et de restreindre la liberté de choix des modes de garde pour les familles les plus fragiles.
« Nous saluons l’objectif d’harmonisation entre les modes d’accueil, mais regrettons les effets pénalisants pour les parents isolés », souligne Michèle Kerrad, présidente du mouvement et des territoires de la Fepem.
Elle appelle les pouvoirs publics à évaluer les impacts de la réforme dans un an, en concertation avec les acteurs du secteur, pour envisager d’éventuels ajustements.
Une concertation nécessaire sur les paramètres clés
Le coût horaire de référence, élément central du nouveau mode de calcul, fait déjà débat : dans 8 régions sur 17, les particuliers employeurs rémunèrent leurs salariés au-dessus de ce seuil.
La Fepem plaide donc pour que ce coût soit déterminé en concertation avec les partenaires sociaux, afin de refléter la réalité des pratiques et des territoires.