Le CMG, ce soutien essentiel pour des milliers de familles françaises, va changer de visage. Dès la rentrée 2025, son mode de calcul sera entièrement repensé. Portée par le gouvernement et saluée par la Fédération des services à la personne et de proximité (Fédésap), cette réforme promet une aide plus juste, mieux ciblée et plus efficace. Elle entend à la fois soutenir les familles, corriger certaines inégalités d’accès à la garde d’enfants, et favoriser le retour à l’emploi, en particulier pour les mères. Mais si les intentions sont louables, de nombreuses familles s’interrogent déjà : le dispositif tiendra-t-il toutes ses promesses ? Sera-t-il plus lisible, ou au contraire plus complexe ? Alors que les premiers décrets viennent de paraître, voici ce que l’on sait, et ce qu’il reste à éclaircir. 

Un mode de calcul plus équitable (en théorie) 

Jusqu’ici, le CMG reposait sur un forfait mensuel, calculé en fonction de l’âge de l’enfant, du nombre d’heures de garde et des revenus du foyer. Un système qui, dans les faits, favorisait certains profils plutôt que d’autres, notamment les familles ayant recours à une assistante maternelle plutôt qu’à une garde à domicile. 

Dès septembre, le calcul du CMG sera réformé pour intégrer plus précisément trois critères : les ressources du foyer, le nombre d’enfants à charge, et le volume réel d’heures de garde déclarées. Objectif : lisser les inégalités et rendre l’aide plus juste. Découvrez ici comment le CMG fonctionne pour les familles ayant recours à une assistante maternelle, et ce que la réforme va changer. 

Selon le ministère des Solidarités, cela devrait « permettre un soutien plus proportionné aux besoins réels des familles », et réduire les écarts de reste à charge. Une bonne nouvelle pour les foyers modestes, mais pas forcément pour tous. 

Un coup de pouce majeur pour les familles monoparentales 

C’est sans doute la mesure la plus saluée de cette réforme : l’extension du CMG jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les familles monoparentales, contre 6 ans auparavant. Une avancée jugée essentielle par la Fédésap, qui rappelle que 80 % des parents isolés sont des femmes, souvent confrontées à des emplois précaires et à des difficultés d’organisation. 

« Avant, je devais jongler entre les horaires de l’école, mon travail en horaires décalés, et les frais de babysitting que je ne pouvais pas déclarer. C’est une vraie bouffée d’oxygène », témoigne Sophie, 38 ans, mère célibataire à Roubaix. 

Avec cette mesure, près de 100 000 enfants supplémentaires pourraient bénéficier d’un soutien à la garde, selon les estimations de la CNAF. Une réalité sociale à ne pas sous-estimer, quand on sait que 25 % des enfants de familles monoparentales ne sont jamais en contact avec leur père. 

Besoin d'aide à domicile ?

Résidence alternée : une reconnaissance attendue 

Autre nouveauté : à partir du 1er décembre 2025, les parents séparés en résidence alternée pourront bénéficier chacun d’un CMG, pour la période où l’enfant est chez eux. Jusqu’ici, seule la personne percevant les allocations familiales pouvait y prétendre, créant des situations inéquitables. 

Le gouvernement souhaite ainsi « mieux prendre en compte la réalité des nouvelles configurations familiales ». Mais cette avancée s’accompagne de conditions strictes : partage des allocations familiales validé, contrats de garde déclarés séparément, et obligation de déclarer les périodes de garde. 

« C’est une bonne chose, mais ça rajoute une couche administrative », regrette Antoine, père de deux enfants en garde alternée à Grenoble. « On espère que la CAF va nous accompagner. » 

Des inquiétudes sur le budget des familles 

Autre évolution notable du dispositif : la suppression de la condition des 16 heures de garde mensuelles pour bénéficier du CMG en mode prestataire. Une simplification saluée par la Fédésap, qui souligne que cette barrière administrative pénalisait de nombreuses familles aux besoins irréguliers. Désormais, même une garde ponctuelle pourra ouvrir droit à l’aide.

Cependant, cette avancée technique ne règle pas tout. Une rupture d’équité persiste selon le mode de garde choisi : l’extension du CMG jusqu’aux 12 ans, prévue pour les familles monoparentales, ne s’applique qu’en emploi direct. Les structures prestataires, pourtant souvent plébiscitées par les parents isolés pour leur souplesse et leur professionnalisme, restent exclues de cette mesure. Une anomalie que la Fédésap appelle à corriger rapidement.

Par ailleurs, le passage à un modèle proportionnel pour le CMG emploi direct, fondé sur un taux d’effort et des heures déclarées, complexifie la compréhension du dispositif. Si ce changement vise une meilleure justice sociale, il pourrait brouiller la lisibilité pour de nombreux foyers, d’autant que le complément transitoire destiné à amortir les pertes ne sera pas automatique.

Face à ces constats, les professionnels du secteur demandent une clarification des droits pour tous les types de garde, une égalité de traitement, et une reconnaissance accrue des services à domicile prestataires. Pour eux, le CMG est plus qu’un simple soutien financier : c’est un outil d’émancipation sociale, de retour à l’emploi, et d’équilibre familial.

Si la réforme semble aller dans le bon sens, elle n’est pas sans zones d’ombre. 
Nous avons consacré un article complet pour répondre aux principales questions sur le CMG. Plusieurs associations de parents redoutent un effet pervers pour les foyers aux revenus moyens, qui pourraient perdre en aide du fait du nouveau mode de calcul. 

Pour limiter les pertes, un complément transitoire est prévu entre septembre et décembre 2025, destiné aux familles déjà bénéficiaires et touchées par une baisse soudaine du montant perçu. Mais celui-ci ne sera pas automatique pour tous, et les modalités précises restent floues. 

« Il faut éviter que cette réforme bien intentionnée ne devienne un casse-tête, voire une mauvaise surprise pour certains », alerte Nadia Boulainseur, présidente d’une fédération de parents d’élèves en Île-de-France. 

Une ambition affichée : relancer l’emploi et la natalité 

En toile de fond, cette réforme s’inscrit dans une stratégie plus large : favoriser le retour à l’emploi des parents, et notamment des mères, tout en relançant une natalité en berne. Un choix de garde pertinent devient crucial, comme nous l'expliquons dans notre comparatif entre crèches et garde à domicile. À l’image du plan “MaPrimeRénov” ou des politiques de santé publique, le CMG devient un levier d’action sociale et économique. 

La Fédésap, de son côté, espère que cette évolution relancera également le recours aux services à domicile, un secteur en tension. Elle appelle à « une meilleure lisibilité des dispositifs » et à « une revalorisation des métiers de la petite enfance » pour accompagner ces évolutions. 

Ce qu’il faut retenir 

  • Le CMG sera désormais calculé selon les revenus, le nombre d’enfants et les heures réelles de garde.
  • Il sera accessible jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les familles monoparentales.
  • Les parents séparés en garde alternée pourront chacun en bénéficier dès décembre.
  • Des aides transitoires sont prévues pour éviter les pertes brutales.
  • La réforme ambitionne de soutenir l’emploi, lutter contre les inégalités… et moderniser notre politique de parentalité. 

En 2025, le mode de garde devient plus qu’un choix logistique : un enjeu de société. Reste à voir si cette réforme, ambitieuse sur le papier, tiendra toutes ses promesses sur le terrain.