En déplacement dans une Maison d’accueil spécialisée de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) avec Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Jean Castex, le Premier ministre a fait deux annonces majeures pour les professionnels du handicap lundi dernier, 8 novembre.
Personnels du handicap une revalorisation de 183 euros dès novembre
La revalorisation de 183 euros pour les personnels soignants (accordée lors du Ségur de la santé), et qui devait intervenir au 1 er janvier 2022, est avancée pour être effective dès ce mois de novembre, avec un coût de 60 millions d’euros.
Les professionnels déploraient en effet une échéance trop tardive, dans un contexte de recrutement de plus en plus tendu (notamment du fait de la concurrence entre secteurs et établissements depuis septembre).
Les financements correspondants seront prévus dans le budget 2021 de l’Assurance maladie.
Valorisation de salaire pour 20 000 professionnels du handicap des structures financées par les départements
Cette même revalorisation se fera aussi pour les soignants des foyers et établissements du handicap à la charge des départements. Ceci concerne plus de 20 000 professionnels. Un amendement permettant son financement a été inscrit au PLFSS pour 2022 actuellement en cours de discussion au Sénat.
Ceci mettra finaux inégalités de traitement entre les soignants exerçant dans les structures financées par l’Assurance maladie et ceux exerçant dans les structures financées par le département.
On peut espérer qu'une telle mesure ramène les personnels du handicap vers les structures laissées pour compte. En effet, depuis les hausses de rémunération de 183 euros par mois, octroyées à l’été 2020 lors du Ségur de la santé aux personnels des hôpitaux et des maisons de retraite, de nombreux professionnels s'étaient dirigés vers les secteurs les mieux rémunérés, au détriment de ceux qui n’avaient pas profité de l’augmentation.
En complément de ces rémunérations, l’Etat se prépare à prendre de nouvelles mesures, qui viendront compléter celles qui ont été prises dernièrement pour combler ce manque de personnel au sein des métiers de l’autonomie.
Le Premier ministre a ainsi rappelé que le nombre des places en instituts de formation en soins infirmiers et en instituts de formation des aides-soignants avait été augmenté.
Un encouragement de l’apprentissage
Jean Castex a rappelé que les référentiels de formation des aides-soignants et des accompagnants éducatifs et sociaux avaient été adaptés en milieu d’annéepour être compatibles avec l’apprentissage, et queces places d’apprentissage n’étaient plus soumises aux quotas qui concernent les formations d’aides-soignants.
Des formations courtes et qualifiantes
Il a aussi annoncé que des formations courtes et qualifiantes, financées par l’Etat, allaient être proposées.
Unecampagne de communication aura lieu prochainement pour attirer de nouveaux professionnels.
Lesagences régionales de santé (ARS) vont se doter d'une cellule « exceptionnelle d'appui RH ».
Une conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social
Jean Castex a enfin fait le vœux qu’une conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social puisse avoir lieu avant le 15 janvier 2022, pour améliorer la reconnaissance de ces métiers, et favoriser la mobilité entres les structures et les secteurs.
Le Premier ministre a ajouté que, si les départements, financeurs d’une partie du secteur, et lespartenaires sociaux faisaient preuve de « responsabilité », l’Etat serait prêt à « mobiliser de nouveaux moyens ».
Cela fait déjà plusieurs mois que le secteur médico-social souligne qu’il rencontre d’énormes difficultés à recruter. De nombreux postes sont vacants dans toute la France au sein des structures d’aide aux personnes handicapées. Les offres sont en ligne sur Aladom.fr, le référent du recrutement dans le secteur de l'aide à la personne.
Pour aller plus loin : Voir la retranscription du discours de Jean Castex du lundi 8 novembre 2021 à Châtenay Malabry.
J'aimerais que quelqu'un me dise pourquoi les surveillants de nuit n'ont pas la prime Ségur.
Moi je suis surveillante de nuit et je dors pas. Je travaille avec des enfants en situation de handicaps et je suis pour les accompagner si ils se réveillent pour x raison où les changer. Donc je trouve honteux de ne pas avoir la prime. On oubli souvent les surveillants de nuit .
J'espère avoir une réponse. merci.
Honteux !
Je travaille en tant que surveillante de nuit dans un établissement médicaux social. Payé à ras les pâquerettes aucune prime de nuit aucune heure de nuit.
Je fais 10h par nuit pour un smic net et sans 1 centimes de plus.
On est considéré comme des chiens !
Tellement d'accord avec ça.
Je travaille dans une M.E.C.S. comme surveillant de nuit (Un we sur deux en plus des autres jours). Il y a la surveillance mais aussi le ménage et m'occuper des affaires sales des enfants et tout ça pour un salaire dérisoire. Pourtant j'aime ce travail mais je suis frustré de voir que, avec les mêmes horaires, dans d'autres emplois, je gagnerais beaucoup mieux ma vie.
A ne pas revaloriser les professionnels du médico-social, on dévalorise les droits fondamentaux des personnes !
L'annonce du Premier ministre sur les mesures de revalorisation salariales de 183 euros prévue pour les acteurs du soin pour répondre aux conséquences du Ségur de la Santé concernera également tous les personnels soignants accompagnant des personnes en situation de handicap, et ce dès le mois de novembre.
Ces annonces constituent une première réponse nécessaire. Nous regrettons cependant que seuls les personnels soignants soient concernés, alors que l'accompagnement des personnes en situation de handicap ne se résume pas qu'aux soins. Concrètement, cela veut dire que, par exemple, les moniteurs éducateurs ou les éducateurs spécialisés, les orthophonistes, les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les veilleurs de nuit, les agents de sécurité, les personnels administratifs... pourtant indispensables pour accompagner les personnes en situation de handicap ne sont pas inclus dans les mesures.
L'urgence persiste. L'hémorragie des personnels se poursuit inexorablement. Les personnes en situation de handicap subissent de graves atteintes à leur droits fondamentaux (ruptures d'accompagnement due aux arrêts de services, problèmes de sécurité, restrictions des activités essentielles à leur vie quotidienne, etc.).
L'Unapei rappelle que l'accompagnement des personnes en situation de handicap ne se résume pas qu'aux soins. Les personnes en situation de handicap ont le droit de vivre sans attendre, d'avoir des activités et des relations sociales et donc de ne pas être contraintes de devoir retourner vivre chez leurs parents par exemple. Leurs aidants familiaux ont également le droit d'être juste parents et de ne pas devoir continuellement prendre en charge leurs proches pour pallier les manquements de l'Etat.
C'est pourquoi, nous demandons que TOUS les professionnels médico-sociaux du handicap, sans inégalité de traitement, soient concernés par les mesures d'augmentation et de revalorisation salariales prévues par le Ségur de la Santé.
#VivreSansAttendre