Petit rappel : qu’est-ce que le CESU préfinancé ?

Le CESU existe sous deux formes : 

  • Le CESU déclaratif, qui permet de déclarer directement un salarié à domicile (via l’Urssaf),
  • Et le CESU préfinancé, distribué par des entreprises, mutuelles ou collectivités à leurs salariés ou adhérents, sous forme de titres nominatifs. 

C’est ce dernier qui fait l’objet de toutes les attentions en 2025. Il permet de régler tout ou partie des prestations de services à la personne, dans la limite d’un plafond annuel d’exonération désormais fixé à 2 540 euros par bénéficiaire depuis janvier 2025 (contre 2 421 € auparavant). 

Le principe : l’employeur (ou l’organisme financeur) abonde tout ou partie du montant, souvent à hauteur de 50 à 80 %, et le salarié peut ensuite payer ses prestations avec ces titres, comme un chèque ou une carte prépayée. Les entreprises y trouvent un avantage social exonéré de cotisations sociales, tandis que les bénéficiaires allègent considérablement leur reste à charge. 

Un dispositif toujours plébiscité

Selon les chiffres publiés par la MACSF, près de 1 million de bénéficiaires ont utilisé un CESU préfinancé en 2023, pour un montant moyen de 1 527,50 euros. Ces chiffres confirment l’attrait du dispositif, notamment dans les entreprises soucieuses d’améliorer la qualité de vie au travail. 

« C’est un vrai plus, surtout quand on a des enfants à faire garder ou un proche dépendant », explique Camille, salariée dans une PME du secteur médical. « Je n’aurais jamais pu me payer une aide à domicile trois fois par semaine sans ça. » 

Pour les employeurs, le CESU préfinancé est aussi un levier de fidélisation des talents, dans un contexte de tensions RH. Il permet de proposer un avantage social concret, exonéré de charges jusqu’au plafond. 

"Chez nous, le CESU préfinancé fait partie du package social. Les salariés y sont très attachés, et on voit que ça contribue à la marque employeur", confie un DRH interrogé par France Emploi Domicile. 

Des critiques récurrentes sur l’accès et l’impact réel

Mais si l’efficacité du CESU préfinancé ne fait pas de doute pour ses utilisateurs, sa portée reste limitée à une fraction de la population. En effet, seuls les salariés d’entreprises ou d’organismes ayant mis en place ce dispositif peuvent en bénéficier. Les inégalités d’accès sont donc fortes, et la distribution inégale selon les secteurs, les tailles d’entreprises, ou encore les régions. 

Dans une tribune publiée sur The Conversation, l’économiste Dominique Anxo rappelle que ce type d’aide, bien que socialement utile, profite davantage aux classes moyennes et supérieures, qui ont déjà les moyens d’avoir recours à ces services, et qui cumulent souvent d’autres avantages sociaux et fiscaux. 

Autre point de vigilance : le manque de transparence sur l’efficacité réelle du dispositif. Très peu d’évaluations ont été menées pour mesurer son impact sur : 

  • la création d’emplois durables,
  • la réduction du travail au noir,
  • ou la couverture des besoins dans les zones rurales ou auprès des publics les plus fragiles. 

Une actualité 2025 marquée par la revalorisation du plafond

Parmi les bonnes nouvelles de l’année : le relèvement du plafond d’exonération à 2 540 € par an, acté début janvier. Cette hausse, symbolique, vise à compenser partiellement l’inflation et à encourager davantage de recours au CESU dans les entreprises. 

Ce relèvement est aussi une réponse à la demande croissante de soutien à domicile, en particulier chez les personnes âgées, comme le rappelle la dernière étude publiée par l’Urssaf. La réforme s’inscrit également dans le cadre plus large de la stratégie Bien vieillir, qui incite les entreprises à intégrer les enjeux de dépendance dans leur politique RH. 

Une clarification nécessaire sur les usages

Malgré sa simplicité en apparence, le CESU préfinancé peut parfois prêter à confusion. Sur le terrain, les usagers s’interrogent régulièrement sur : 

  • la différence entre CESU préfinancé et CESU déclaratif,
  • la manière de cumuler l’aide avec d’autres dispositifs (aide départementale, APA, PCH, crédit d’impôt...),
  • ou les modalités de remboursement si le service n’est pas utilisé. 

Plusieurs plateformes, comme celle de l’Urssaf ou des émetteurs (Edenred, Domiserve, etc.) proposent des guides pratiques. Mais pour de nombreux particuliers, le CESU reste perçu comme un dispositif complexe, à réserver à ceux qui ont les moyens de l’utiliser. 

C’est pourquoi certains observateurs suggèrent d’élargir son périmètre : permettre son cumul avec d’autres aides sociales, développer des versions "grand public" non conditionnées au statut de salarié, ou intégrer le CESU préfinancé dans les politiques de santé au travail. 

Pour aider les particuliers à s’y retrouver, nous tenons à jour une liste des activités éligibles au paiement en CESU, un outil essentiel pour bien anticiper les démarches. 

Quel avenir pour le CESU préfinancé ?

Alors que le gouvernement cherche à réduire le coût des niches fiscales, le CESU n’échappe pas à la vigilance des ministères. Pour l’instant, il reste préservé, contrairement à d’autres dispositifs comme le crédit d’impôt sur le jardinage ou le bricolage, qui pourraient être rabotés. 

Mais certains signaux laissent penser que des ajustements pourraient intervenir à moyen terme, notamment pour mieux cibler les bénéficiaires ou renforcer les contrôles. 

Pour les acteurs du secteur, le CESU préfinancé doit au contraire être renforcé et simplifié, pour soutenir l’emploi direct, répondre à la demande croissante de services à domicile, et réduire les inégalités d’accès à ces prestations essentielles. 

Dans un contexte où les aides sociales sont régulièrement remises en question, Jean-Louis Borloo lui-même a récemment appelé à ne pas affaiblir ce qu’il appelle "la première machine à inclusion de France". Un plaidoyer fort en faveur du maintien et de l’élargissement du CESU. 

En résumé

  • Le CESU préfinancé fête ses 20 ans en 2025 : un dispositif toujours plébiscité, mais inégalement diffusé.
  • Près de 1 million de bénéficiaires et plus de 860 millions d’euros distribués en 2023.
  • Un plafond relevé à 2 540 € par an pour soutenir le pouvoir d’achat et l’emploi à domicile.
  • Des pistes d’amélioration : meilleure lisibilité, extension de l’accès, mesure d’impact renforcée. 

En 2025, à l’heure où le service à la personne est plus stratégique que jamais, le CESU préfinancé reste un levier précieux, à condition de le rendre plus inclusif, plus transparent et plus accessible à tous.