La crise de l'hôpital
En janvier, Zone interdite s'intéressait au secteur des EHPAD et du maintien à domicile. Cette semaine, les équipes de Zone Interdite se sont intéressées à l'hôpital qui offre à 68 millions de Français des soins de qualité. Mais le reportage met en avant un hôpital à bout de souffle avec une pénurie des médecins, des services fermés, des urgences saturées. Entre l’été 2022 et janvier 2023, Zaïna Izabachène et son équipe a suivi l'hôpital de Fréjus, et son service d'urgence sous tension.
Les médecins et le personnel soignants sont en burn-out et pour maintenir les services ouverts, certains hôpitaux font appel à des intérimaires payés beaucoup plus cher. Dans les services d'urgence, 50% des personnes viennent car ils n'arrivent pas à consulter un médecin de ville.
La pénurie de médecin vient de la mise en place en 1971 du Numérus clausus : Il y avait 8281 médecins formés en 1978. Il y en avait 3500 en 1993. Le numérus clausus a été abandonné en 2021 mais il faudra 10 ans pour rétablir la situation.
L'autre problème est que la population française augmente et viellit.
On voit dans le reportage des services surchargés avec des malades entassés dans les couloirs, dans des espaces appelés "cafoutche".
On voit aussi du personnel recruté sans formation mais qui donne malgré tout des médicaments ou qui fait des pansements.
Le reportage est disponible en Replay.
Médecins et Infirmiers/Infirmières en Interim
On peut voir dans le reportage des médecins et des infirmiers qui choisissent de travailler en Interim pour être indépendant et surtout pour gagner plus.
Une médecin qui témoigne déclare gagner 570€ net par jour ce qui fait potentiellement un salaire de 11400 € net pour 20 jours.
La responsable d'un service déclare que pour le coût d'un médecin en interim elle pourrait rémunérer 4 médecins titulaires. Il est en effet beaucoup moins couteux de recruter des professionnels de santé en direct. L'Arrêté du 24 novembre 2017 fixant le montant du plafond des dépenses engagées par un établissement public de santé au titre d'une mission de travail temporaire devrait permettre de bloquer toute rémunération supérieure au plafond réglementaire de 1170 € pour 24 heures.
Nous avions eu l'occasion de parler des limites de l'interim pour les hôpitaux.
Le reportage a entraîné de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux :
Les urgentistes à bout de nerfs :
Les hôpitaux souhaitent freiner le recours à l'intérim
La Fédération hospitalière de France souhaite limiter les rémunérations des intérimaires dès le mois d'avril comme le souhite le gouvernement. La Loi Rist qui a été demandée et appuyée par la FHF entrera en vigueur le 3 avril 2023. Elle réglemente et plafonne les rémunérations susceptibles d’être consenties aux médecins dans le cadre de missions d’intérim ou de contrats de remplacement « de gré à gré ».
Cette disposition aura très certainement des conséquences sur l’organisation de l’offre de soins dans notre région, et nécessite une implication de tous les acteurs pour y remédier.
Il n’en demeure pas moins que la FHF Grand Est soutient ces orientations, car il est primordial de mettre fin à une situation qui laisse libre cours à des surenchères inacceptables de rémunérations des médecins remplaçants au sein des établissements publics de santé
La loir RIST va avoir des conséquences sur l’organisation de l’offre de soins car de nombreux établissements sont en mesure d'assurer la continuité de service en ayant recours à l’intérim :
- Fermetures ponctuelles ou totales de services à risque vital comme les urgences ou des maternités
- Nécessité d’organiser des parcours de continuité de la prise en charge pour les patients
- Recours accru aux transferts médicalisés et aux transporteurs sanitaires dans un contexte de pénuries de moyens
- Surcharge prévisible des centres 15 au regard des réponses à apporter dans le cadre d’une offre désorganisée
- Impacts sur les centres 18 au niveau des missions de secours et de transports
- Conséquences sur la demande à l’attention des établissements privé et de la médecine de « ville »
Certaines directions organisent des formations de 10 jours, au lieu de 44 semaines pour obtenir un diplôme d’aide-soignant.
Le SNPI dénonce cette grande braderie sur la formation des professionnels qui s’occupent des personnes âgées.