L’extrait du roman de Sylvie Germain « Jours de colère » (Gallimard) - prix Femina en 1989 – sur lequel les candidats au bac français 2022 devaient plancher la semaine dernière a soulevé un tollé de protestations.
A l'issue de l’épreuve, nombre de candidats se sont défoulés sur les réseaux sociaux, Twitter, Instagram et Tik Tok confondus, insultant la romancière (qui n’était même pas au courant que son texte allait être proposé à l’épreuve).
La cause de cette colère : ils avaient rencontré des difficultés à comprendre et à analyser l’extrait, et ils étaient persuadés qu’ils allaient avoir une mauvaise note.
En retour, des internautes, parmi eux des professeurs, ont défendu l’écrivain sur Twitter pour dénoncer ce déferlement de violence et le faible niveau scolaire de ces lycéens en classe de Première.
De quoi parle le texte de Sylvie Germain présenté au bac français
La vingtaine de lignes présente neuf frères, « hommes des forêts », élevés dans les bois du Morvan.
Est-ce ce passage "ils connaissaient tous les chemins que dessinent au ciel les étoiles et tous les sentiers qui sinuent entre les arbres, les ronciers et les taillis et dans l’ombre desquels se glissent les renards, les chats sauvages et les chevreuils, et les venelles que frayent les sangliers », ou un autre qui a déstabilisé certains candidats au Bac ?
Quoi qu’il en soit, la poésie du texte, avec ses « 9 bouffons nus qui vivent dans la forêt », (dixit un candidat), n’a pas été du goût de tous !
En retour, Sylvie Germain a répondu aux attaques, via le Figaro Etudiant.
«…je ne me sens pas concernée personnellement.Je suis plutôt inquiète du symptôme que cela révèle. C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit ».
Les jeunes Français n’ont-ils pas le niveau attendu, et une partie d’entre eux ont-ils vraiment plus de difficultés de compréhension écrite que leurs homologues européens ?
C’est ce qu'avait conclu la dernière étude PIRLS de 2016. Le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS), qui évalue tous les cinq ans la compétence en lecture des élèves de CM1, et leur aptitude à comprendre et à utiliser les formes du langage écrit, note mal les jeunes français. Avec un score de 511 points, ils ont obtenu une moyenne inférieure à celle des pays de l’OCDE (541 points), et de l’Union Européenne (540 points).
« Depuis PIRLS 2001, la performance globale française baisse progressivement à chaque évaluation. En 2016, l’écart est significatif et représente – 14 points sur la période de quinze ans », analyse le site du ministère de l’Education Nationale.
L’école y a-t-elle sa part d’erreur ? Les enseignants français déclarent proposer moins d’activités « susceptibles de développer leurs stratégies et leurs compétences en compréhension de l’écrit ».
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Parmi d’autres explications avancées, Romain Vignest, professeur dans un collège parisien et président de l’association des Professeurs de Lettres (APLettres), estime, sur le site vousnousils.fr que ce manque de vocabulaire peut être lié à une réticence de la part des jeunes. « Pour certains, tout mot inconnu est jugé comme étant rare. Les jeunes ont l’impression de trahir leurs pairs en accédant à un vocabulaire différent de celui qu’ils utilisent entre eux », souligne-t-il.
Et pourtant ils lisent plus qu’avant…
Et pourtant, les jeunes liraient plus qu’avant, selon l’enquête du Centre National du livre, confiée à Ipsos, du 27 janvier au 6 février dernier. Sur les 1 500 jeunes français âgés de 7 à 25 ans interrogés sur leur rapport à la lecture, 83% des 7-19 ans lisent dans le cadre des loisirs. C’est 5% de plus qu’il y a six ans.
En moyenne, les lecteurs déclarent avoir lu ces trois derniers mois 2,1 livres pour l’école ou le travail, contre 5,4 livres pour leurs loisirs. Le chiffre a légèrement augmenté chez les 7 -19 ans.
C’est en primaire et dans les foyers les plus favorisés que les jeunes lisent le plus de livres.
Jeunes : les écrans omniprésents
A noter cependant que l’activité de lecture est constamment entrecoupée par d’autres activités sur les écrans, ce qui nuit à la concentration. Ainsi, près de la moitié de ces jeunes fait autre chose pendant qu’elle lit : envoi de messages, consultation des réseaux sociaux, visionnage de vidéos en tournant les pages d’un ouvrage... « Ces lecteurs « multitâches» sont surtout les lycéens, des actifs et des 20-25 ans », précise l’étude.
En moyenne, l’ensemble des 7-25 ans passe 3h50 par jour sur un téléphone ou un ordinateur. Les 20-25 ans y restent 5h33... et plus de 2h50 sur internet.
Voir les deux articles d’Aladom.fr consacrés aux risques liés aux écrans :
Alerte aux écrans : comment trouver un professeur de sport pour votre adolescent
Alerte aux écrans : comment trouver un professeur de musique pour votre adolescent
Pour aller plus loin :
Voir l'extrait du texte dans l'article du Figaro Etudiant :L'écrivain Sylvie Germain victime d'un torrent d'insultes sur les réseaux sociaux après l'écrit du bac de français
Voir la page du site de l'Education nationale sur le rapport Pirls
Voir le sondage Ipsos sur la lecture : Les 7-25 ans s'adonnent d'avantage à la lecture qu'en 2016