Valérie Sugg, psychologue dans un service de Cancérologie hospitalier, raconte le quotidien des soignants dans son nouveau livre « L'hôpital : sans tabou ni trompette » aux éditions Kawa.
Publié le 16 janvier 2018 12:49Valérie Sugg, psychologue dans un service de Cancérologie hospitalier, raconte le quotidien des soignants dans son nouveau livre « L'hôpital : sans tabou ni trompette » aux éditions Kawa.
Publié le 16 janvier 2018 12:49La France s'est longtemps vanté de sa médecine réputée au niveau mondial et de ses médecins innovants. Il était nécessaire, bien entendu, de mettre en place une stratégie pour juguler l'hémorragie financière hospitalière qui n'a pas su prendre le problème à sa base, qui a voulu soigner les causes mais pas la maladie.
Selon Valérie Sugg, le système de soins est malade :
Les soignants refusent de devenir des techniciens du soin centrés sur à la rentabilité et d'être gérés par la pression, la culpabilisation, le chantage au patient, la dévalorisation, la répression.
La politique de rentabilisation, qui n'a pas voulu tenir compte des particularités du milieu des soins, fait souffrir ceux qui y travaillent face aux personnes malades ou résidents.
Les soignants parlent de maltraitance pour plusieurs cas :
Les soignants deviennent maltraitants puisque leur temps auprès du malade, du résident, est quasi chronométré. La recommandation d'une toilette en 6,66 minutes début 2017 est à l'image de ce qui se passe tant en milieu hospitalier, en Ehpad, en maison de retraite...
Certains dirigeants de centres de soins n'ont jamais mis un pied dans un service et subissent la pression des économies à faire après des années de gaspillage.
Le mode de gestion des soins engendre chez les soignants de la gêne, du dégoût, de la honte et, trop souvent aussi, de la culpabilité. Aucun soignant ne peut être fier d'une patiente dans la cinquantaine, épuisée par sa chimio et hospitalisée depuis une semaine qui ne peut pas bénéficier d'une douche. Aucun soignant ne peut se satisfaire que seuls douze résidents d'une Ehpad sur quatre-vingt puissent être sortis l'après-midi dans la cour ou accompagnés en salle d'animation. Aucun soignant ne peut être insensible à un jeune patient, vingt-cinq ans qui tremble de froid à l'accueil des urgences sur le brancard en plein courant d'air car la porte est cassée depuis trois mois et n'a pas été réparée. Aucun soignant ne peut se réjouir de cette autre patiente encore qui supplie qu'on la soulage, en fin de vie et que l'interne seul cette nuit, ne sait quoi faire parce qu'il remplace un médecin manquant plus qu'il n'est accompagné dans sa formation.
Tout soin devant devenir rentable, le premier objectif n'est plus de soigner un être humain malade, accidenté, vieillissant mais d'être une source de profit pour l'hôpital, en Ehpad, en maison de retraite... Certains soignants pour se faire entendre vont jusqu'à se mettre en grève.
Les mentalités devraient évoluer avec un management par la valorisation et l'encouragement. La gestion des centres de soins doit être faite par des gens dont c'est le métier afin d'éviter tout gaspillage.
Enfin, il faudrait donner aux soignants des moyens pour bien faire leur travail, les écouter, entendre ce qu'ils proposent et les considérer. Il y a beaucoup de bonnes volontés dans les équipes, mais le système les a écrasés.
Et il y a urgence à faire évoluer les choses parce que si les soignants souffrent autant de ne pouvoir travailler comme ils le souhaitent c'est aussi parce qu'au-delà de ce que le système de soins actuel leur fait vivre, ils ont le souci des répercussions que tout cela a sur les personnes malades, sur les résidents et leurs proches.
Valérie Sugg, "L'hôpital : sans tabou ni trompette" aux éditions Kawa
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