Selon une enquête relayée par France 3 Occitanie, 6 Français sur 10 se déclarent insatisfaits de l’offre de soins dans leur commune. Une donnée lourde de sens à l’approche du scrutin. Lorsqu’on leur demande quelles solutions ils plébiscitent, les maisons de santé arrivent très largement en tête.

Une attente citoyenne forte, presque unanime

Dans plusieurs régions, les reportages et retours de terrain montrent le même phénomène : lorsque des habitants sont interrogés sur leurs priorités pour les municipales, l’accès à un médecin généraliste ou à des spécialistes arrive systématiquement dans le trio de tête.

France 3 Centre-Val de Loire rapporte que les maisons de santé sont désormais considérées par les électeurs comme un levier essentiel contre la désertification médicale. Elles se placent, selon le média, "au cœur des programmes municipaux, tant la demande est forte et les inquiétudes présentes".

Les communes rurales sont particulièrement touchées, mais les villes moyennes ne sont pas épargnées. À Saint-Romain-de-Colbosc (Seine-Maritime), la fermeture définitive du cabinet médical a été vécue comme un choc. Une habitante témoigne : "On ne sait plus vers qui se tourner, on a l’impression d’être abandonnés."

Quand les maisons de santé changent réellement la vie locale

Dès qu’une maison de santé ouvre, les effets peuvent se faire sentir très vite. En Gironde, une structure pluridisciplinaire a enregistré 3 000 consultations en dix jours, selon France 3 Nouvelle-Aquitaine. Une affluence qui montre à quel point la demande dépasse l’offre.

Le reportage souligne que ce succès est lié à l’arrivée de dix nouveaux spécialistes, ce qui permet de répondre immédiatement à des besoins jusque-là non couverts. Un habitant confi : "Avant, je devais faire une heure de route. Là, j’ai un rendez-vous en trois jours".

Même constat dans le Var, où une nouvelle maison de santé à Draguignan a été inaugurée récemment. France 3 PACA cite un résident : "C’est un confort d’avoir tous ces médecins proches. On respire enfin".

Ces exemples illustrent une tendance nationale : les maisons de santé apportent une réponse concrète et rapide, là où les habitants ne trouvaient plus de solutions depuis plusieurs années.

Comme nous l’expliquions dans notre analyse de l’étude de la DREES, les médecins exerçant en maison de santé pluriprofessionnelle sont souvent plus disponibles pour leurs patients, un argument qui renforce l’intérêt de ces structures pour les communes en manque d’offre médicale.

Une réponse politique devenue incontournable

Les maisons de santé apparaissent désormais comme un symbole politique fort. Dans l’émission "Municipales 2026 : maire, pour quoi faire ?" diffusée sur France Culture, plusieurs élus et experts soulignent que l’accès aux soins est aujourd’hui un critère déterminant dans la perception de l’action municipale.

Les habitants attendent des maires qu’ils agissent, même si ces derniers ne disposent pas toujours des leviers directs pour recruter des médecins. Le rôle des communes consiste alors à financer, structurer et attirer : proposer des locaux modernes, coordonner les professionnels, créer des écosystèmes médicaux attractifs.

Dans certaines régions, les élus se mobilisent fortement. Le ministre de la Ruralité, en déplacement à Saint-Gervais-sur-Mare, a labellisé une structure locale dans le cadre du programme France Santé. Il explique dans les colonnes du Midi Libre : "Il faut se pencher sur ce besoin de santé. Les maisons de santé sont une réponse incontournable pour nos territoires".

Ce besoin croissant autour de l’offre de soins rappelle plus largement l’ampleur du défi des déserts médicaux en France, que nous avions détaillé dans un article dédié sur les inégalités territoriales en matière d’accès aux soins.

Des modèles qui se cherchent encore

Si les maisons de santé sont partout demandées, leur fonctionnement n’est pas exempt de défis.

Dans le Dauphiné, un bilan a été dressé après soixante jours d’ouverture d’une maison médicale de garde. Les premiers retours sont encourageants, mais la question de la pérennité financière, de l’organisation interne et de la disponibilité des médecins reste centrale.

Plusieurs experts rappellent que ces structures ne doivent pas être vues comme des « miracles » immédiats, mais comme des outils parmi d’autres dans la lutte contre la pénurie médicale : télémédecine, attractivité des territoires, coopérations entre professionnels, incitations financières...

Nous l’avions déjà souligné dans un précédent article : la télémédecine peut compléter efficacement les maisons de santé et devenir une véritable réponse à la désertification médicale, surtout dans les territoires où les médecins restent difficiles à attirer.

À la veille des municipales : un enjeu démocratique majeur

Pour de nombreux électeurs, la santé n’est plus seulement un sujet national : elle devient un critère local, voire un argument de vote déterminant.

Dans certaines communes, les candidats annoncent déjà des projets ambitieux : création de nouvelles maisons de santé, regroupements de professionnels, partenariats avec les hôpitaux, financement d’outils de télémédecine ou encore renforcement de l’accueil pour les internes.

Mais pour beaucoup d’habitants, les attentes sont simples : retrouver un médecin traitant, obtenir un rendez-vous rapidement, et garantir un accès aux soins digne.

L’élection municipale de 2026 pourrait ainsi marquer une étape décisive : celle où les maisons de santé ne seront plus seulement des projets, mais des priorités assumées, inscrites au cœur de la feuille de route des futures équipes municipales.

Un rendez-vous avec la santé

Face à la désertification médicale, les maisons de santé sont devenues une évidence. Elles rassurent, elles soulagent, elles attirent. Leur multiplication sur le territoire français dessine une nouvelle manière d’aborder la santé : plus locale, plus coordonnée, plus accessible.

À l’approche des municipales 2026, elles incarnent un enjeu à la fois social, politique et humain. Car derrière chaque maison de santé, il y a des habitants qui espèrent une chose simple : ne plus avoir à se battre pour accéder à un médecin.

Et cette attente, partout en France, est plus forte que jamais.

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