Reflux marqué dans l’industrie
Les données détaillées disponibles pour le mois d’août illustrent la fragilité du secteur industriel, où l’intérim recule de 1,9 %, soit 4 700 postes supprimés, effaçant les gains enregistrés en juillet. Le repli touche particulièrement la fabrication de biens d’équipement et de machines (−6,3 %), la fabrication de matériels de transport (−5,1 %) et, dans une moindre mesure, la fabrication d’autres produits industriels (−1,1 %).
Ce mouvement confirme les difficultés rencontrées par l’industrie, déjà pénalisée par le ralentissement des commandes à l’export et la prudence des entreprises face aux perspectives de demande intérieure.
Stabilité dans la construction, rebond saisonnier en agriculture
Dans la construction, l’emploi intérimaire se stabilise (+0,0 %) après un net rebond en juillet (+2,1 %). Le tertiaire, qui concentre plus de la moitié des missions, reste quasi inchangé (−0,1 %), mais avec des disparités : le transport-entreposage se contracte (−0,9 %), tandis que le commerce (+0,9 %) et l’hébergement-restauration (+5,2 %) progressent.
Seule exception notable : l’agriculture, qui bondit de 20,2 % en août, portée par des vendanges précoces dans plusieurs régions viticoles.
🏥 Focus : la santé et les maisons de retraite résistent
Alors que de nombreux secteurs réduisent leur recours à l’intérim, les établissements de santé et les
maisons de retraite (Ehpad) demeurent parmi les rares à maintenir un niveau d’activité soutenu.
Selon les premières estimations issues de la Dares et de France Travail, le nombre d’intérimaires dans le médico-social se maintient à un niveau élevé, porté par la demande des établissements hospitaliers et des structures d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Si certaines agences d’intérim spécialisées dans la santé notent un léger tassement à la rentrée, le secteur reste globalement moins exposé aux fluctuations économiques que l’industrie ou la logistique.
« Les établissements font appel à l’intérim pour garantir la continuité des soins, malgré les difficultés de recrutement », explique un acteur du secteur. Le CDI intérimaire tend d’ailleurs à s’y développer, offrant davantage de stabilité aux soignants tout en répondant aux besoins récurrents des structures.
Des disparités régionales persistantes
La baisse de l’emploi intérimaire concerne la majorité des régions, à l’exception notable des Hauts-de-France, où le nombre d’intérimaires progresse légèrement sur un an (+0,7 %, soit +500 personnes). À l’inverse, les reculs les plus marqués s’observent en Île-de-France (−5,9 %, soit −7 300 intérimaires), en Nouvelle-Aquitaine (−4,5 %, soit −2 800) et dans les Pays de la Loire (−2 600).
Sur un mois, la tendance s’inverse parfois : les Hauts-de-France (−1,9 %), les Pays de la Loire (−1,5 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (−0,5 %) affichent une contraction sensible, après plusieurs mois de redressement.
Un signal de prudence pour la fin d’année
Bien qu’il ne représente qu’entre 2 et 3 % de l’emploi salarié, l’intérim constitue un baromètre sensible de l’activité économique. Les ajustements rapides du secteur à la conjoncture — les embauches progressant ou se contractant en amont des cycles — en font un indicateur avancé suivi de près par les économistes.
La baisse observée depuis l’été 2025 traduit ainsi la prudence des entreprises face à une demande atone, dans un contexte de tensions persistantes sur les coûts et de ralentissement des commandes industrielles.
La révision à la hausse des chiffres d’août (−0,6 % contre −0,8 % estimé initialement) ne modifie pas la tendance de fond : l’emploi intérimaire reste orienté à la baisse à l’approche de la fin d’année.
Source :
Dares, exploitation des déclarations sociales nominatives (DSN) et fichiers France Travail. Données corrigées des variations saisonnières.