L'épreuve de philosophie au baccalauréat a perdu de son importance avec la réforme du baccalauréat. Les résultats du bac seront publiés le 4 juillet, mais de nombreux lycéens savent déjà ce qu'il feront l'année prochaine, carles réponses de Parcoursup arrivent au fil de l'eau depuis le 1er juin.
Voici les sujets du bac philo de 2023 :
Sujet du Bac Philo 2023 pour le BACCALAURÉAT Général
Pour le bac phylo, trois sujets sont proposés : deux dissertations et une explication de texte. Voici les 3 sujets de 2023 pour le bac général.
Sujet 1 : Le bonheur est-il affaire de raison ?
Sujet 2 : Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?
Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :
"Le
bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils, conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur, l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». De tels éléments sont donc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur n’ait pas besoin de l’équipement et du savoir de tous les corps d’état1 ; mais pas assez pour que chaque élément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente un ensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, mais utilisables en vue d’opérations quelconques au sein d’un type".
Lévi-Strauss, La Pensée sauvage (1962)
Sujet du Bac Philo 2023 pour le BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE
Pour le bac phylo, trois sujets sont proposés : deux dissertations et une explication de texte. Voici les 3 sujets de 2023 pour le bac technologique.
Sujet 1 : L’art nous apprend-il quelque chose ?
Sujet 2 : Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?
Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :
"Il est un degré de négligence qui paraîtrait mériter une punition quoique cette
négligence n’occasionne aucun dommage à personne. Si une personne jetait une grosse pierre dans une voie publique du haut d’un mur sans en avertir les passants, et sans regarder où elle pourrait tomber, elle mériterait certainement une punition. Une police vraiment exacte châtierait une action si absurde, même si elle n’avait fait aucun mal. La personne qui s’en rend coupable fait preuve d’un mépris insolent envers le bonheur et la sécurité des autres. Il y a une injustice réelle dans cette conduite. Cette personne expose inconsidérément son prochain à ce qu’aucun homme de bon sens ne voudrait risquer ; de toute évidence elle manque du sens de ce qui est dû à ses semblables, et qui est la base de la justice et de la société. Une négligence grossière est donc, selon la loi, presque l’équivalent d’un dessein1 malveillant. Quand des conséquences malheureuses découlent d’une telle insouciance, la personne qui en est coupable est souvent châtiée comme si ces
conséquences avaient réellement été dans son intention ; sa conduite qui était seulement insouciante et insolente, et qui méritait punition, est considérée comme atroce et passible du châtiment le plus sévère. Si une personne en tue accidentellement une autre par l’action imprudente mentionnée ci-dessus, elle est, selon les lois de nombreux pays, et notamment selon la vieille loi d’Écosse, passible du châtiment suprême. Bien que ce soit sans nul doute excessivement sévère, ce n’est pas du tout contraire à nos sentiments naturels. Notre juste indignation contre la folie et l’inhumanité de cette conduite est exaspérée 2 par notre sympathie avec l’infortuné qui en souffre. Rien, pourtant, ne choquerait plus notre sens naturel de l’équité3 que de mener un homme à l’échafaud simplement pour avoir jeté avec
insouciance une pierre dans la rue, sans faire de mal à personne".
Si on demande à ChatGPT de répondre au 3ème sujet, voici sa réponse :
Ce passage est extrait du livre "La Pensée sauvage" écrit par Claude Lévi-Strauss en 1962. L'auteur y aborde la distinction entre le bricoleur et l'ingénieur, en mettant en évidence les différences dans leur approche et leur utilisation des outils et des matériaux.
Selon Lévi-Strauss, le bricoleur est capable d'effectuer diverses tâches, mais contrairement à l'ingénieur, il n'assujettit pas chaque tâche à l'obtention de matières premières et d'outils spécifiques conçus et fournis selon les besoins de son projet. L'univers instrumental du bricoleur est "clos", ce qui signifie qu'il travaille avec les "moyens du bord", c'est-à-dire un ensemble d'outils et de matériaux limités, hétéroclites et contingents. Ces outils et matériaux sont acquis au fil du temps, soit en les renouvelant ou en les enrichissant, soit en utilisant les résidus de constructions et de destructions antérieures.
L'ensemble des moyens dont dispose le bricoleur ne peut donc pas être défini par un projet spécifique, contrairement à l'ingénieur qui aurait des ensembles instrumentaux distincts pour chaque type de projet. Les moyens du bricoleur sont définis uniquement par leur utilité, c'est-à-dire que les éléments sont collectés ou conservés en vertu du principe que "ça peut toujours servir". Ces éléments sont partiellement spécifiés : ils sont suffisamment adaptés pour que le bricoleur n'ait pas besoin de l'équipement et des connaissances de tous les corps de métier, mais pas assez pour qu'ils soient astreints à une utilisation précise et déterminée. Chaque élément représente un ensemble de relations concrètes et virtuelles et peut être utilisé pour des opérations variées au sein d'un certain type de travail.
En résumé, Lévi-Strauss souligne que le bricoleur travaille avec les outils et les matériaux qu'il a à sa disposition, qu'il accumule au fil du temps, sans les adapter spécifiquement à un projet précis. Il se débrouille avec ce qu'il a, utilisant les éléments de manière flexible pour effectuer diverses opérations. Cette approche du bricolage diffère de celle de l'ingénieur, qui conçoit et procure des outils et des matériaux spécifiques pour chaque projet.