L’emploi à domicile, un secteur en pleine expansion
Avec 800 000 emplois à pourvoir d’ici à 2030 et des besoins croissants en matière d’accompagnement de la perte d’autonomie, l’emploi à domicile va obligatoirement et logiquement se développer dans les années à venir.
Dans un contexte de sortie de crise sanitaire,
le rapport sectoriel 2023 met en lumière une dynamique dans le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. Le lancement de l’avance immédiate de crédit d’impôt et l’entrée en vigueur de la convention collective nationale de branche (en janvier 2022) qui sécurise la relation entre les particuliers employeurs et les salariés, sont une première réelle réponse face aux enjeux démographiques, économiques et sociétaux auxquels le secteur est confronté.
Selon le rapport, 5 millions de personnes sont concernées par l’emploi à domicile en France. En 2021,
plus de 11% des ménages français font appel à l’emploi à domicile. Cette même année, on a comptabilisé
3.3 millions de particuliers employeurs (une hausse de 0.9%) et
1.3 million de salariés (soit une baisse de 2.4%). Chiffrée à 8.9 milliards d’euros, la masse salariale nette est quant à elle, en hausse de 8.2%.
Le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile a nettement rebondi après la crise sanitaire. Toutefois, l’évolution est contrastée entre les particuliers employeurs âgés qui sont de plus en plus nombreux et le recours à l’accueil individuel des enfants qui stagne voire recule.
Des particuliers employeurs fragiles ou non, en grand nombre
Les particuliers employeurs fragiles sont les seniors âgés de 70 ans et plus, ou en situation de perte d’autonomie liée à l’âge ou à un handicap. D’après le Code de la Sécurité sociale, ils peuvent bénéficier d’exonérations de cotisations patronales. Ils sont 1 million d’après le rapport sectoriel. En 2021, l’âge moyen des particuliers employeurs fragiles faisant appel à un salarié (un(e) assistant(e) de vie) pour les accompagner dans les gestes de la vie quotidienne est de 81 ans.
Le rapport relève que les particuliers employeurs âgés de 70 ans et plus, constituent 80% des particuliers employeurs fragiles. Ils sont plus nombreux en 2021 (+0.9%) et leur volume horaire déclaré a bondi de 5.6 %. Ces tendances se confirment au début de l’année 2022, avec une croissance du nombre d’employeurs âgés de 70 ans et plus de 0.7 % au premier trimestre 2022 comparé au 4ème trimestre 2021.
En 2021, 1.2 million de particuliers employeurs sont considérés comme non fragiles au sens de la Sécurité sociale (ce sont des hommes et des femmes âgés de 60 à 69 ans ne bénéficiant d’aucune exonération particulière). C’est un volume en forte hausse comparé à 2020 (+4.9%). 64 ans est l’âge moyen des particuliers employeurs qui font appel à un employé familial pour entretenir leur cadre de vie.
Le nombre d’employés familiaux qui interviennent au domicile des particuliers non fragiles pour prendre en charge l’entretien de leur logement est pourtant en baisse de 3.2% en 2021. Pour autant, les heures déclarées par ces particuliers employeurs affichent une augmentation exceptionnelle de 15.1%. La croissance du nombre de particuliers employeurs et des heures déclarées illustre le rattrapage opéré à la suite des reculs historiques enregistrés en 2020. Un rattrapage qui a permis de dépasser les niveaux d’avant-crise sanitaire : le nombre de particuliers employeurs s’est accru de 3% et le volume horaire déclaré de 3.6 % entre 2019 et 2021.
Par ailleurs, si le nombre de salariés décroît, probablement en raison de l’augmentation du nombre de départs à la retraite non compensés par de nouvelles entrées, le nombre d’heures déclarées en moyenne par salarié progresse, lui, nettement en 2021. Signe que les particuliers employeurs non fragiles ont fait appel à un nombre plus restreint de salariés qu’en 2020 mais pour davantage d’heures déclarées. Les tendances récentes observées entre le premier trimestre et le deuxième trimestre 2022 confirment la bonne santé de l’activité liée à l’entretien du cadre de vie : +8% d’évolution pour les heures déclarées et +1.4 % pour le nombre de particuliers employeurs non fragiles.

Vers une amélioration de l’accueil des jeunes enfants
En 2020, 58.7 places d’accueil formel sont proposées pour 100 enfants de moins de 3 ans, un nombre de places en baisse pour la première fois depuis 2006. Le rapport sectoriel explique ce recul inédit par la combinaison d’une forte diminution du nombre de places d’accueil (- 38 000 places en 2020) et du nombre d’enfants de moins de 3 ans (- 27 600 enfants en 2020).
Ainsi, la capacité d’accueil des assistants maternels recule de manière significative en 2020, en dépit d’une progression toujours constante du nombre de Maisons d’Assistants Maternels (+11% de MAM entre 2019 et 2020). Ce sont ainsi 31.9 places pour 100 enfants de moins de 3 ans qui sont proposées par les assistants maternels contre 33 places en 2019. Les assistants maternels restent néanmoins le premier mode d’accueil formel des jeunes enfants en France.
Avec 21.5 places pour 100 enfants de moins de 3 ans, la capacité d’accueil des Établissements d’Accueil du Jeune Enfant (EAJE) progresse quant à elle légèrement, soutenue notamment par le développement des micro-crèches (+ 11.1 % entre 2019 et 2020 contre + 1.7 % pour l’ensemble des EAJE).
Depuis 2019, les assistants maternels sont beaucoup plus nombreux à quitter le métier que les années précédentes, sans que ces départs soient compensés par un volume d’entrées suffisant dans le métier. La diminution du nombre de professionnels qui s’accélère depuis la crise sanitaire interroge sur le maintien d’une offre d’accueil suffisante pour tous. Près de 380 000 places d’accueil auprès des assistants maternels pourraient être détruites d’ici à 2030. Il est ainsi primordial d’attirer de nouveaux professionnels dans le métier, notamment en soutenant le développement des Maisons d’Assistants Maternels (MAM).
Essentiel pour la professionnalisation du secteur, l’année 2021 a vu 95 216 départs en formation, soit une augmentation de plus de 33%. Réel besoin du secteur de la petite enfance, 6 salariés formés sur 10 sont des assistants maternels. Attirer des salariés plus jeunes grâce à l’apprentissage est également possible grâce à l’accord de déploiement de l’alternance, notamment à travers le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation, qui adapte les modalités de l’alternance via la délégation de la fonction de maître d’apprentissage et de tuteur. Cet accord prévoit également la création d’un Centre de Formation d’Apprentis (CFA) sectoriel.
Après les reculs historiques en 2020, l’activité de garde d’enfants à domicile s’est redressée en 2021. Le volume horaire déclaré a progressé de 10.3% et la masse salariale nette de près de 12%. Le maintien de certaines restrictions au cours de l’année 2021 (troisième confinement, périodes de couvre-feu, moindre accès aux secteurs de la restauration, des loisirs et des activités culturelles) ainsi que le recours au télétravail ont pu affecter une partie de l’activité des gardes d’enfants à domicile en 2021. Ce contexte peut contribuer à expliquer en partie la baisse du nombre de parents employeurs et de gardes d’enfants à domicile, respectivement de 2.9 % et de 4% en 2021 souligne le rapport.
La garde d’enfants à domicile ne retrouve toutefois pas les niveaux d’avant-crise sanitaire, conclut le rapport à ce sujet. Entre 2019 et 2021, le nombre de parents employeurs et de gardes d’enfants a reculé respectivement de 6.7% et 10.1%. D’autre part, le recours à ce mode d’accueil demeure toujours très localisé en 2021 : 61% de l’activité déclarée par les parents-employeurs se concentre en Île-de-France, notamment à Paris et dans les Hauts-de-Seine. Ces deux départements totalisent à eux seuls 46% de l’activité déclarée par les parents-employeurs de gardes d’enfants à domicile.
Des solutions novatrices pour attirer les salariés
Face aux défis démographiques et aux besoins de recrutement qui les accompagnent, des solutions innovantes ont été mises en place pour attirer de nouveaux salariés. Fidèle à sa volonté d’agir pour une politique migratoire inclusive et citoyenne, la Fepem, qui accompagne le secteur de l’emploi à domicile entre particuliers, a lancé le 11 mars 2022 à Marseille puis à Paris le 31 mai 2023 des
Lab Migration pour l’emploi à domicile dans les régions. Pour la Fepem, “l’ambition de ce projet est de proposer un parcours d’inclusion économique et responsable. Le Lab Migration repose sur la relation privilégiée et de confiance entre les particuliers employeurs et leurs salariés, et sur le domicile comme accélérateur d’innovation et d’intégration. Ce dispositif participe d’un véritable projet citoyen qui fait de l’emploi à domicile un vecteur primordial. Inédit à l’échelle d’une branche professionnelle, il a vocation à être déployé sur les territoires, à l'initiative conjointe du secteur et des partenaires locaux.”
En effet, près d’1 salarié sur 4 est né à l’étranger en 2021. Et, parmi les 237 000 salariés des particuliers employeurs nés à l’étranger, 33% sont nés en Europe et 34% en Afrique. Ainsi, selon la Fepem, le secteur est vecteur d’intégration autant que d’acquisition de compétences professionnelles et culturelles.
Malgré les difficultés auxquelles doit faire face le secteur, le rapport sectoriel 2023 révèle que
les français restent attachés à l’emploi à domicile. Pour Marie Béatrice Levaux, présidente de la Fepem : “Ce rapport sectoriel de branche témoigne de la vitalité du secteur de l’emploi à domicile, au cœur de la vie de plus de 5 millions de Français. L’enjeu de l’emploi et de l’attractivité dans le secteur est majeur, avec une hausse des besoins couverts par l’emploi à domicile, renforcés depuis la crise sanitaire. Pour répondre à ce défi de taille, plus de 800 000 recrutements devront être réalisés à l’horizon 2030.”
Autres sources :
Fepem.
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