Pour bon nombre de personnes aux carrières courtes et hachées, aux faibles revenus, le plus souvent célibataires, la retraite soulève aujourd’hui beaucoup d’inquiétudes.

C’est notamment le cas des travailleurs indépendants (dont les autoentrepreneurs), des artisans. Les femmes sont particulièrement concernées lorsqu'elles sont divorcées, qu'elles ont perdu le conjoint avec qui elles étaient seulement pacsées (et non mariées), ou qu'elles ont rompu leur PACS.

Ces personnes sont plus susceptibles que d'autres d'avoir une pension très faible, qui ne sera pas complétée par un complément de retraite (contrats d’investissement financiers, bien en location…).
Certaines peuvent se prévaloir de posséder un appartement ou une maison (75 % des retraités sont propriétaires de leur logement), ce qui leur évite de payer un loyer mensuel. Reste que ce n'est pas le cas des 25 % restantes, pour lesquels le logement est alors une charge souvent conséquente. 

Elles font partie de ces futures personnes âgées pauvres, pour lesquelles le recours à l’Aspa (Allocation de solidarité aux personnes âgées) pour compléter leur faible pension est nécessaire, et elles sont en augmentation constante depuis 5 ans.
En outre, les femmes bénéficiaires de l'Aspa sont de plus en plus jeunes, souligne la Drees (Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques), qui met chaque année à jour ses données sur les retraités, les retraites, et le profil des allocataires du minimum vieillesse.

 

 

Aspa : des femmes bénéficiaires de plus en plus jeunes

 

 

 

Selon ses derniesr chiffres pour l'année 2021, l’âge moyen des femmes qui touchent l’Aspa est de plus en plus bas, et la baisse est continue depuis 2013. Cet âge est passé de 76,4 ans en 2013 à 74,7 ans en 2021. Pour les hommes, il est resté quasi-constant, à 72, 7 ans.

51 % des bénéficiaires de l’Aspa sont des femmes seules (célibataires, veuves ou divorcées).
Les femmes qui ne se sont pas mariées (qui vont être de plus en plus nombreuses à atteindre 65 ans), sont très désavantagées. En effet, elles n’ont pas droit à la pension de réversion, réservée aux personnes mariées ou qui ont été mariées à l’assuré défunt (sous conditions), puisqu'aucun des deux conjoints survivants de couples liés par un pacte civil de solidarité (PACS) n’est concerné par la pension de réversion (pour y remédier, une nouvelle proposition de loi - N° 724 a été déposée le 17 janvier 2023 visant à ouvrir le droit à la pension de réversion aux partenaires d’un PACS). 


Aspa : comment cela fonctionne

Aujourd’hui, en 2023, pour toucher l'Aspa, il faut avoir plus de 65 ans (62 ans en cas d’invalidité ou d’inaptitude).
C’est une allocation différentielle, c'est-à-dire que son montant varie suivant les ressources du bénéficiaire. Elle sert à porter celles-ci au montant du plafond de ressources soit, au 1er janvier 2023, à 961,08 euros par mois pour une personne seule, et 1 492,08 euros pour un couple.

 

 

Besoin d'aide à domicile ?

Bénéficiaires de l’Aspa : les derniers chiffres de la DREES pour 2021

 

 

 

  • 664.150 personnes percevaient l’Aspa ou l’ancienne allocation supplémentaire du minimum vieillesse, ASV (qui concerne 151.620 personnes) fin 2021.
Cela équivaut à près de 5 % des personnes de plus de 65 ans (selon l’Insee, la France comptait en 2019 13,4 millions de personnes de plus de 65 ans), sachant que certaines personnes la perçoivent à partir de 62 ans comme indiqué précédemment.

  • Environ42 000 personnes perçoivent l'Aspa à « taux plein » (c’est-à-dire qu’elles n’ont pas d’autre ressource).

  • Le montant moyen reçu par les allocations de l’Aspa est de 473 euros par mois : 430 euros pour les femmes, et 530 euros pour les hommes. Il baisse après 80 ans : 400 euros.

  • 61 % ont liquidé leurs droits pour inaptitude ou invalidité (contre 15 % pour les autres retraités).
Aladom.fr, le site de référence dans la recherche d'emploi dans les services à la personne, permet de trouver une aide à domicile pour les personnes en situation de handicap.
  •  Seuls 12 % ont effectué une carrière complète (10 % de femmes, et 14 % d’hommes). Pour les retraités non-bénéficiaires de l’Aspa c’est 68 % (55% des femmes, 84 % des hommes).

  • En termes géographiques, l'outre-mer domine quant au nombre de bénéficiaires rapporté à la population de plus de 62 ans. En métropole, les chiffres les plus importants concernent Paris et la Seine-Saint-Denis, la Corse, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes.

  • 75 % des allocataires sont des personnes isolées, parmi lesquelles 67 % sont des femmes.

 

 



Aspa : la moitié des ayant-droits ne la réclament pas

Un autre changement qui inciterait un plus grand nombre de personnes âgées de demander l’Aspa serait un changement de seuil. En effet, seulement la moitié des personnes qui y auraient le droit la réclament, selon la DRESS. Ce taux de non-recours élevé s’explique par le fait que les sommes versées au titre de l'Aspa sont en partie récupérables par l'État sur sa succession, si l'actif net de celle-ci dépasse 39 000 euros (100 000 euros dans les départements et régions d'outre-mer). Pour atténuer l'impact sur les successions des bénéficiaires de l'allocation, le gouvernement envisage de rehausser le niveau de patrimoine au-dessus duquel le prélèvement s'applique (le seuil passerait à 100.000 euros).

 

 

 Pour aller plus loin : 

 

 

Voir les différentes sources de la DREES :
-les données sur le minimum vieillesse ;
-fiche 27 : le profil des allocataires du minimum vieillesse, (extrait du rapport « Les retraités et les retraites », édition 2022) ;
-dossier « Le non-recours au minimum vieillesse des personnes seules »