Où vivent les seniors en France ? 

Les progrès de la médecine, la fin des grands conflits armés (les première et seconde guerres mondiales) et des grandes épidémies (la peste noire, la grande grippe, la variole…), ont sensiblement augmenté l’espérance de vie des Français au cours des siècles. Aujourd’hui, nous vivons de plus en plus vieux, ce qui implique des aménagements particuliers, des prises en charge spécifiques et un suivi renforcé des seniors.

L’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) indique qu’au 1er janvier 2019, 13.4 millions de personnes résidant en France ont 65 ans ou plus, soit 20% de la population. Cette proportion a progressé de 4 points en 20 ans plaçant la France au niveau de la moyenne de l’Union européenne. Quant à la répartition, 57% des seniors sont des femmes. Du fait de leur plus grande longévité (par rapport aux hommes), leur part croît avec l’âge. Elles représentent ainsi 53% des personnes âgées de 65 ans, près des deux tiers de celles de 85 ans et les trois quarts de celles de 95 ans.

La vie à domicile demeure le mode de vie majoritaire des seniors (96% des hommes et 93% des femmes en 2016), y compris parmi les nonagénaires note l'étude de la DREES. En effet, 96% des seniors résident en logement ordinaire, et 4% (soit 700 000 seniors) vivent dans des structures collectives telles que les Ehpad (Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes).

Certaines personnes âgées, tout en habitant un logement ordinaire, vivent dans des structures qui mutualisent des services (conciergerie, restauration, blanchisserie, salle de sport…), telles que les Résidences Services Seniors (RSS). Elles sont actuellement en pleine expansion en France. L’article L631-13 du Code de la construction et de l’habitation les définit comme étant “un ensemble d’habitations constitué de logements autonomes permettant aux occupants de bénéficier de services spécifiques non individualisables”. L’étude de la DREES précise que les RSS sont surtout situées dans les grandes aires urbaines. Ainsi, trois seniors de RSS sur quatre vivent dans une commune non rurale de grande aire urbaine (hors Paris). En effet, les résidents vivent beaucoup moins dans les territoires ruraux que l’ensemble des seniors de 60 ans ou plus.

La loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement précise que “ces résidences-services s’adressent à des [personnes] âgé[e]s autonomes, valides et semi-valides, de plus de 60 ans qui désirent vivre en appartement ou en maison, tout en profitant de la convivialité et de la sécurité assurées par les équipes en place”.

Pour en savoir plus sur les RSS (conditions, tarifications, aides), n’hésitez pas à lire l’article Bien préparer son entrée en résidence seniors

Des pensions de retraite plus élevées pour les seniors en RSS 

Le revenu individuel est presque exclusivement constitué de pensions de retraite (pensions de réversion incluses) et, la quasi-totalité des résidents en perçoivent une (97%). Elle constitue 99% du revenu individuel en moyenne, pour ceux qui la perçoivent.

En 2019, la pension de retraite moyenne des résidents s’élève à 2 140€ mensuels. La moitié d’entre-eux touchent plus de 1 920€ par mois. Ces montants sont plus élevés de 32% que ceux en logement ordinaire. Le niveau des pensions est toutefois bien différent selon le sexe des seniors en RSS. Les hommes ont une pension de retraite plus élevée que les femmes de 37% en moyenne, soit un écart comparable avec celui observé sur les retraites versées aux personnes vivant en logement ordinaire (42%). La moitié des hommes ont une pension supérieure à 2 310€ par mois, contre 1 810€ pour les femmes. En proportion, les hommes sont également plus nombreux que les femmes à percevoir une pension élevée : 15% ont une pension mensuelle supérieure à 4 000€ mensuels, contre 4% des femmes. On notera que les disparités hommes-femmes continuent à persister même sur les montants de la pension de retraite.

Dans toutes les configurations matrimoniales, les hommes ont une pension de retraite plus élevée. L'étude de la DREES souligne que l’écart est très net chez les résidents mariés, parmi lesquels les hommes ont une pension mensuelle médiane 2,5 fois supérieure aux femmes : 2 340€, contre 920€ pour les femmes en 2019.

Dans l’ensemble et au sein de chaque catégorie (situation matrimoniale, sexe, tranche d’âge), les seniors seuls en RSS ont une pension de retraite plus élevée que ceux en Ehpad privés lucratifs. Leur pension mensuelle moyenne est supérieure de 13% et l’écart est plus marqué chez les hommes (17%), car les hommes célibataires ou divorcés sont beaucoup plus aisés en RSS qu’en Ehpad privés lucratifs (pension moyenne supérieure de 28%). 
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Un constat sans appel : le niveau de vie est plus élevé en RSS qu’en logement ordinaire 

Les seniors en RSS ont un niveau de vie plus élevé que l’ensemble de la population de 60 ans ou plus. La moitié d’entre-eux a un niveau de vie mensuel supérieur à 2200€, contre 1900€ sur l’ensemble de la population de 60 ans ou plus en logement ordinaire. L’écart est donc de 16 %.

Cet écart est surtout porté par les seniors de 80 ans ou plus (78% des seniors en RSS). Ceux en RSS ont un niveau de vie médian de 2280€ mensuels, contre 1 750€ en logement ordinaire (soit 30% plus élevé). Au sein des RSS, le niveau de vie des moins de 80 ans est largement inférieur à celui des autres résidents, tandis que c’est le phénomène inverse qui se produit pour les seniors qui sont en logement ordinaire.

Cette distinction par âge s’observe également au sein des seniors en Ehpad. Les résidents les plus jeunes ont les niveaux de vie et les revenus individuels les plus faibles. Les taux de détention des revenus fonciers des 80 ans ou plus sont identiques en RSS et en logement ordinaire (18%). Les montants de ces revenus sont toutefois plus élevés pour les seniors de 80 ans ou plus en RSS : la médiane est de 470€ mensuels, contre 300€ pour ceux de 80 ans ou plus en logement ordinaire.

Dans les RSS, 10 % des résidents de 80 ans ou plus ont un revenu foncier supérieur à 2300€ par mois, contre 1 510€ pour les seniors du même âge en logement ordinaire. La comparaison est similaire pour les revenus de valeurs mobilières : le taux de détention chez les seniors de 80 ans ou plus est comparable entre les seniors en RSS et en logement ordinaire (55% et 53% respectivement), et les montants sont plus élevés en RSS, surtout pour les plus hauts revenus : 10% des résidents de 80 ans ou plus en RSS ont un revenu de valeurs mobilières supérieur à 220€ par mois, contre 160€ pour les seniors du même âge en logement ordinaire.

Les célibataires ou les divorcés en RSS touchent plus de prestations et moins de revenus fonciers 

Les seniors célibataires ou divorcés en RSS ont un niveau de vie plus faible que les autres résidents. Aussi, ce sont eux qui touchent le plus de prestations de logement et de minima sociaux. Les montants de ces prestations sont plus élevés. Ils sont également moins nombreux à détenir des revenus fonciers et de valeurs mobilières que les résidents mariés ou veufs.

Le niveau de vie et la part des seniors à détenir des revenus fonciers et des revenus de valeurs mobilières augmentent avec l’âge dans les RSS. Ces revenus sont particulièrement élevés pour les 95 ans ou plus. Ceci traduit notamment un effet de sélection constate la DREES, l’espérance de vie augmentant avec le niveau de vie. Les 95 ans ou plus sont quatre fois moins nombreux que les seniors de moins de 80 ans à bénéficier de minima sociaux. En revanche, ils sont aussi nombreux, en proportion, à toucher des prestations de logement. Le montant de ces prestations est toutefois plus faible.

Les femmes célibataires ou divorcées ont un niveau de vie plus faible que leurs homologues masculins : la moitié d’entre elles ont un niveau de vie inférieur à 1870€ mensuels, contre 1980€ pour les hommes. Les inégalités de niveau de vie entre hommes et femmes sont surtout marquées chez les résidents veufs : les hommes veufs ont un niveau de vie médian de 23 % supérieur à celui des femmes.

Source : DREES (Etudes et Résultats - Mars 2023).


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