Les acteurs du médico-social n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme, devant une situation de plus en plus préoccupante, à la fois pour les personnes âgées en manque d
'auxiliaires de vie ou
d'aide aux seniors et pour le personnel qui s’en occupent.
Les facteurs sont multiples, autant sociétaux que culturels, rappelle la note du think tank Matières grises. En cause, les nouvelles relations au travail, la fuite des professionnels, les difficultés de recrutement (
voir les offres Pro d'Aladom), la sinistralité de ces métiers, le manque de reconnaissance, le droit social inadapté, l’ubérisation et la multiplication des contrats courts rendant difficile la fidélisation des salariés.
Mais de nombreux acteurs tentent des solutions pour recruter du personnel, et améliorer les conditions de travail, et c’est pour les mettre en lumière que le think tank piloté par Jérôme Guedj et Luc Broussy a produit cette note intitulée : "Attractivité des métiers : comment renforcer et soutenir les innovations des acteurs".
Pour la réaliser, l’auteur s’est focalisé principalement sur les initiatives de certains de ses grands groupes commerciaux et associatifs adhérents, dont des Ehpad : Emera, Korian, Domitys, SOS Seniors, ACPPA, DomusVi, Aesia Santé, dont les cadres dirigeants ont été interrogés (le think tank, dédié au vieillissement, et réunit une quinzaine d’acteurs majeurs de la filière d’accueil et de prise en charge de la personne âgée).
Les établissements publics, associatifs isolés ou dans un petit groupe sont peu ou pas du tout concernés par la note.
Etude sur l’attractivité des métiers du médico-social : les quatre priorités à mettre en œuvre
Priorité N°1 : renforcer la formation à tous les étages
Les jeunes restent attirés par les métiers du médico-social (et ce même au lendemain de la crise sanitaire) : pour preuve, en 2022, près de 30% des candidats sur Parcoursup ont formulé des vœux pour réaliser des études dans le secteur. Mais seuls 10% d’entre eux l’intègrent.
La note préconise de renforcer l’accès à l’information sur ces métiers dès le collège (à l’exemple de DOMITYS ou du Groupe SOS Seniors ou du groupement Sepia 41 présents auprès des écoles).
La formation doit être présente tout au long de la vie professionnelle pour permettre aux agents de monter en compétence et aux établissements de faire face aux besoins RH. « Pour cela une mobilisation de tous les acteurs (structures publiques, privées et associatives) au service de la formation tout au long de la vie sur le modèle de l’Allemagne est nécessaire. »
Plusieurs groupes ont mis en place des formations récemment dont Korian, grâce à son centre de formation labélisée Qualiopi, répartie sur plus de 200 établissements sur tout le territoire.
Le groupe Domitys a développé une école de formation interne : DOMITYS Campus (labélisé Qualiopi).
Le groupe Emera a accompagné entre 2020 et 2022 une quarantaine d’ASH vers un diplôme d’aide-soignant.
Le groupe SOS Seniors a mis en place en 2019 un CFA d’entreprise qui a pour objectif d’accueillir 5% des effectifs du groupe dans les établissements.
Le groupe ACPPA a supprimé son concours d’entrée à la profession d’aide-soignant en janvier 2020, ce qui a permis d’ouvrir l’accès à la formation à un plus grand nombre de personnes (faisant-fonction, personnes en fin de carrières).
Le soutien de l’apprentissage (trop rarement pratiqué en Ehpad), est une autre piste pour atteindre les 50 000 nouveaux diplômés d’aides-soignants par an.
Korian a par exemple ouvert 30 classes à travers la France, et comptait 900 apprentis en 2022.
Emera, sous l’impulsion de l’opération « 1 jeune, 1 solution » a formé 110 apprentis cette année-là.
Voir l'article d'Aladom du 14 janvier 2021 :Plan 1 jeune 1 solution : plus d'1 million de moins de 26 ans recrutés depuis août 2020
ACPPA près de 80 (ils n’en avaient aucun en 2019).
SOS Seniors en a formé 412 depuis 2020 et le groupe DomusVi, dans le cadre d’un partenariat avec la Croix Rouge, s’est fixé comme objectif de recruter 100 apprentis en 2023.
Le déploiement d’offre de formations courtes, encore très rare, doit être développé en parallèle, suggère la note.
Priorité N°2 : favoriser davantage les passerelles et la reconversion professionnelle
Le déploiement de la VAE (qui manque aujourd’hui de financement), doit être accéléré et facilité
« L’augmentation durable du nombre de jury permettrait donc de renforcer les passerelles entre les différents métiers du secteur et de pallier au manque de ressources humaines. »
Priorité N°3 : agir sur l'emploi et les recrutements
Le texte adopté dans le cadre du PLFSS 2023 prévoit notamment le recrutement de 3 000 professionnels (infirmiers et aides-soignants dans les EHPAD) avec l’objectif d’en recruter 50 000 d’ici 2027 (soit 10.000 par an).
Cependant, le rythme de recrutement doit s’accélérer, afin qu’à la fois l’objectif chiffré du texte et l’objectif des 300 000 recrutements fixés par le rapport El Khomri puissent être tenus.
Priorité N°4 : agir sur la qualité de vie au travail et les aspirations des salariés
Une des premières urgences pour améliorer la fidélisation des salariés est la revalorisation des salaires.
Enfin, il est indispensable d’adapter le cadre légal dans un secteur où le recours à l’intérim est souvent surreprésenté.
Pour aller plus loin :
Voir la note de Matières grises : Attractivité des métiers : comment renforcer et soutenir les innovations des acteurs