C’est une tendance préoccupante : le niveau des jeunes Français en orthographe va de mal en pis, selon une étude publiée mardi 6 décembre par le service statistique du ministère de l'Éducation (Depp).
Sur une dictée proposée l’année dernière à 7 000 élèves de CM2, ces derniers ont fait deux fois plus de fautes qu’en 1987, lorsque qu’elle avait été soumise à leurs parents. C’est également moins bon que pour leurs frères et sœurs aînés nés dans les années 2000 (la dictée avait été proposée en 2007 et 2015).
Le nombre moyen d'erreurs a augmenté régulièrement, passant en 34 ans de 10,7 erreurs à 19,4. Petite consolation : la baisse constatée des résultats pour chaque période s’est poursuivie en 2021, mais de façon moins marquée que sur la période précédente (+1,4).
Élèves de CM2 : 20 fautes sur une dictée de moins de 70 mots
Sur cette dictée, sans difficulté particulière, selon le ministère de l'Education, les élèves de CM2 testés ont fait vingt fautes sur un peu moins de 70 mots.
Les élèves butent particulièrement sur les règles d'accord entre le sujet et le verbe, les accords dans le groupe nominal, et les accords du participe passé. Ainsi, moins d'un élève sur deux écrit bien le mot "demandaient" dans la phrase : « Papa et maman se demandaient.»
Les enfants font aussi des fautes sur les adverbes comme « aussitôt » ou « peut-être ».
Tous les élèves sont concernés, mais les élèves d’écoles les moins favorisées font encore plus de fautes : en moyenne 22 erreurs contre 15,5 observées dans les écoles accueillant les élèves les plus favorisés. Dans les deux groupes médians, les élèves font 19 erreurs. C’est finalement dans les écoles les plus favorisées et les moins favorisées que l'origine sociale des élèves pèse le plus.
D’autre part, les filles restent plus performantes, avec 17 erreurs pour 21 erreurs pour les garçons, mais la différence tend à se stabiliser.
Mauvais niveau en orthographe des jeunes Français : un manque de concentration
Interrogée dans Le Figaro, Françoise Picot, une conseillère pédagogique et ancienne inspectrice de l’Éducation nationale de 1992 à 2003, apporte trois explications :
- La première est le manque de concentration des élèves, expliqué probablement par l’urgence, et le temps passé sur les écrans.
- La seconde explication est la réduction du temps scolaire (de 30 heures à 24 heures passées à l’école), et la multiplication des matières, qui fait que moins de temps est consacré à l’orthographe.
- Enfin, Françoise Picot déplore l’absence de réflexion sur l’enseignement de l’orthographe au niveau de l’Éducation nationale.
Selon elle, les élèves « sont capables réciter les règles, mais quand il s’agit de les mettre en pratique, ils ne le font pas. On n’a pas créé d’automatismes chez eux. » Elle déplore l’absence de réflexion en orthographe sur les relations entre les mots. Pour elle, la dictée n’est pas le seul moyen d’enseigner l’orthographe, et elle ne suffit pas.
Pour finir sur une note d’optimisme : fin septembre 2022, l’Éducation nationale avait publié une note indiquant que les élèves évalués en fin de CM2 avaient légèrement progressé en « maîtrise de la langue » (compréhension de l’écrit et étude de la langue) entre 2015 et 2021 (selon l’étude issue du Cedre, cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillons), après douze ans de stabilité.
Les compétences ont été évaluées au niveau du vocabulaire, de la grammaire, de la compréhension d’un texte (y compris non-littéraire), et de la capacité à formuler des réponses.
Voir l'article d'Aladom du 30 septembre 2022 : Eleves de CM2 : le niveau en français progresse enfin !
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Voir l’article d’Aladom du 15 novembre 2022 : Maths : le ministre de l'éducation annonce une série de mesures pour faire leur promotion et relever le niveau des élèves
Pour aller plus loin :
Voir la note de la Depp : Les performances en orthographe des élèves de CM2 toujours en baisse, mais de manière moins marquée en 2021