Il est urgent de relever le niveau des jeunes Français en mathématiques, et pour s'attaquer au problème, le ministre de l'éducation nationale, Pap Ndiaye, a annoncé une série de mesures pour les élèves des écoles maternelles, des collèges et des lycées. Cette nouvelle stratégie pour 2023 a pour titre " Réconcilier tous les élèves avec les mathématiques et promouvoir l'excellence". Il s'agit aussi d'encourager l'égalité filles-garçons.
Selon les classements internationaux, (TIMSS ou Pisa), le niveau des jeunes Français est faible. Ainsi, 25 % des élèves n’ont pas le niveau attendu en mathématiques à l’issue de la classe de 3e. Ceux qui s’orientent vers le lycée professionnel ont la plupart d’entre eux (70 %) un niveau trop faible en mathématiques, selon les évaluations nationales.
Améliorer le niveau en maths : des mesures à partir de la maternelle
La série de mesures concerne à la fois élèves et enseignants dès la maternelle.
Ainsi, la formation en maths des professeurs des écoles va se poursuivre, afin que tous soient formés d’ici quatre ans (30 % le sont déjà), et qu’ils soient tous plus à l’aise avec la discipline, y compris ceux issus des études littéraires.
On manque actuellement de profs de maths, et selon le mathématicien Cédric Villani, co-auteur d'un rapport sur l'enseignement des mathématiques dans le pays, rendu en 2018, le faible niveau des élèves est dû au manque de formation des professeurs des écoles en mathématiques : la plupart ont étudié les sciences humaines, et l’enseignement qui leur est dispensé pendant leur spécialisation pour devenir enseignant est insuffisant.
Mathématiques : quelles mesures en collège à partir de 2023
Selon le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, un élève de 6e sur cinq n'a pas un niveau satisfaisant en maths.
En classe de 6e, des groupes à effectifs réduits seront mis en place en mathématiques, pour des modules de 1 h 30 à la fois de consolidation, pour soutenir les élèves qui en auraient besoin, et d’approfondissement, pour stimuler les élèves les plus avancés.
La création, d’un club de maths sera encouragée dans chaque collège.
D’autres propositions concerneront les classes de 5e et de 4e en 2024 et en 2025.
Maths en première : le retour dans le tronc commun à partir de la rentrée 2023
La suppression des mathématiques du tronc commun en classe de première avait fait partie des mesures les plus critiquées de l’ancien ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Son successeur, Pap Ndiaye, a souhaité revenir dessus. Si les élèves nés en 2006, aujourd’hui en classe de première du tronc commun n'ont pas de maths cette année, ce ne sera bientôt plus le cas pour la génération 2007, et celles à venir.
À partir de la rentrée 2023, les élèves de première n’ayant pas choisi la spécialité mathématique devront suivre une heure et demie de maths obligatoires, a annoncé le ministre. Les maths ne concernent cette année que les élèves de première qui ont choisi la spécialité "mathématiques"et ceux, peu nombreux, qui l’ont prise en option - ils seraient à peine 10 % concernés pour ce dernier cas. Cette mesure permettra de "solidifier la formation commune de tous les élèves en mathématiques".
Le niveau en maths des jeunes Français n’est pas bon, et il baisse, comme en attestent toutes les études internationales. Cette réintroduction des mathématiques obligatoires pour tous en 1 ère devrait profiter aux professeurs particuliers pour des cours de mathématiques.
Quant aux élèves de 2de de lycée général et technologique et de lycée professionnel, ils devront suivre un module de réconciliation avec les mathématiques. Ils sont 20 à 25 % à ne pas avoir un niveau satisfaisant a indiqué le ministre de l’éducation nationale dans un entretien aux Échos.
Vers une parité filles-garçons dans les spécialités mathématiques et physique-chimie
Réputée difficile, la spécialité maths en première et terminale est choisie en majorité par des garçons venant des catégories favorisées, et les filles la délaissent.
Pour lutter contre les stéréotypes de genre, l’objectif sera aussi d’atteindre d’ici 2027 la parité filles-garçons dans les spécialités mathématiques, physique-chimie et mathématiques expertes (les filles sont majoritaires en SVT).
Pour les autres enseignements (Sciences de l’ingénieurs – NSI – numérique et sciences informatiques), il s’agira de tendre vers la parité.
Les filles seront plus incitées à intégrer des classes préparatoires scientifiques, à poursuivre des études scientifiques à l’université ou encore à s’orienter vers des écoles d’ingénieur.
Les étudiants à la recherche d’élèves pour donner des cours de maths ou de soutien scolaire peuvent passer une annonce sur Aladom.fr.
Métiers : de plus en plus d’opportunités professionnelles avec les maths
Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus de l’utilité des maths, il faut savoir qu’elles s’ouvrent de plus en plus au reste du monde. Interrogé aujourd’hui dans le 13/14 de France Inter, Stéphane Jaffard, coordonnateur des assises des mathématiques, qui ont débuté en début d’après-midi pour trois jours à l’UNESCO, a mis en avant « les nouvelles possibilités d’interactions entre maths et le reste du monde », et l’importance accrue des mathématiques dans la vie professionnelle.
Pour les actifs, elles riment avec nouvelles opportunités. Aujourd’hui, plus de 3,3 millions d’emplois salariés en France sont impactés par les maths, et ne peuvent être occupés que par une personne ayant de solides compétences en maths.
Patrons, chefs d'entreprises comme responsables R&D déclarent avoir de plus en plus de postes à offrir à des personnes « ayant une formation en maths ou avec une forte composante en maths », et qu’ils ne parviennent pas à recruter.
En plus des secteurs des nouvelles technologies, d’autres secteurs comme l’énergie, les télécoms, mais aussi la construction, le commerce et le juridique ont besoin que de professionnels avec un bon niveau en maths ne serait-ce que pour comprendre les avis d’experts, pour cette dernière branche.
En outre, les maths permettent d’apprendre à mieux réfléchir, d’être mieux armé contre les fake news, de construire sa pensée, ajoute le professeur de mathématiques.
Pour Christophe Jaffard il est également nécessaire de développer un enseignement ludique des maths, pour réencourager ceux qui s’en détournent.
Un mathématicien nommé ambassadeur des maths
Fait paradoxal, la France a aussi une tradition d’excellence en recherche mathématiques. Hugo Duminil-Copin, mathématicien probabiliste français de 36 ans a été cette année le treizième Français à recevoir la médaille Fields (depuis 1950).
Ce dernier s’est vu confier la mission d’ambassadeur par Pap Ndiaye pour porter, auprès de la jeunesse, un message positif sur les mathématiques et les rendre plus attractives. Lui aussi encourage la création des clubs de mathématiques.
"Il est important que chaque citoyen puisse être confronté aux maths de façon positive le plus longtemps possible. On parle d'acquérir les besoins de base en calcul, en raisonnement", déclarait-il ce matin dans le 5/7 sur France Inter.
Pour lui, il est essentiel de traiter "chaque niveau scolaire", et de casser les stéréotypes. "On aime à dire qu'on déteste les maths", mais quand on interroge les enfants, ce n'est pas vrai, constate-t-il.
Pour celui qui parle de "beauté" ou "d'élégance" des maths, "il faudrait les pratiquer à l'école plus en tant qu'exercice de résolution, ou d'énigme presque"...Car"faire des maths, c'est résoudre, c'est comprendre", et c'est acquérir un raisonnement analytique indispensable à tout citoyen.
Pour aller plus loin :
Voir la présentation de la stratégie :« Réconcilier tous les élèves avec les mathématiques et promouvoir l'excellence : une nouvelle stratégie dès la rentrée 2023 »