Un PipiGate bis pour le fondateur d’Amazon ? 

Dès 2018, plusieurs témoignages d’employés d’Amazon, le géant du commerce en ligne relataient des conditions de travail plus que discutables imposées par certains managers. “Les gens faisaient pipi dans des bouteilles, parce qu’ils vivaient dans la peur d’être sanctionnés pour le temps perdu, et de perdre leur emploi, parce qu’ils avaient besoin d’aller aux WC.”  déclarait une employée britannique. Mark Poca, un élu démocrate de la Chambre des représentants interpellait, 3 ans plus tard, sans ménagement la firme internationale sur Twitter : "Le fait que vous payiez vos employés 15 dollars de l’heure ne fait pas de vous un lieu de travail progressiste quand vous faites uriner vos employés dans des bouteilles en plastique”. Réponse laconique du compte officiel d’Amazon : "Vous ne croyez pas vraiment à cette histoire de pipi dans des bouteilles, quand même ? Si c’était vrai, personne ne travaillerait pour nous.” 

Seulement, voilà… Les médias ont dans la foulée relayé de nombreux témoignages attestant que les employés des espaces logistiques et les chauffeurs étaient contraints de déféquer dans des sacs poubelle et uriner dans des bouteilles pour être plus productif et ne pas ralentir le rythme de travail. Et, le magazine en ligne d’investigation The Intercept, dévoilait sur son site internet des documents internes prouvant que les responsables de l’entreprise étaient parfaitement informés de cette pratique. Le PipiGate était déclenché.

Après des excuses faites à Mark Poca et après avoir fait partiellement amende honorable, Amazon est toujours en quête de solutions pour ses équipes. Et paradoxallement à cela, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon est également connu pour posséder une immense propriété à Washington qui compterait pas moins de 25 salle de bains pour son usage personnel. Accès qu'il semblerait refuser à ses employés besognant dans ses résidences privées. N’aurait-il donc rien retenu ? 

La plainte médiatisée de Mercedes Wedaa 

Depuis que l’affaire a été rendue publique au début du mois de novembre 2022, la plainte déposée devant les tribunaux par Mercedes Wedaa contre Jeff Bezos et la société qui gère ses propriétés, fait grand bruit outre-Atlantique. Ce qui interpelle le grand public ? Les motifs de la plainte. 

Embauchée en 2019 en tant que coordinatrice domestique dans la propriété de Seattle ainsi que dans d'autres résidences du milliardaire Jeff Bezos, Mercedes Wedaa n’aura tenu que 3 ans à peine. L’ancienne employée de ménage accuse son ancien employeur d’avoir instauré des “conditions de travail dangereuses et malsaines”. Elle fait état de journées de travail à rallonge pouvant aller jusqu’à 14 heures, d’une absence de salle de pause pour les employés (les pauses déjeuner ou repos étant de facto interdites), d’une inexistence de sanitaires dévolue au personnel ménager de Jeff Bezos. 

Dans la plainte, sont précisés les détails suivants : "Pendant 18 mois, pour utiliser les sanitaires, la plaignante et les autres employés de ménage ont été obligés de passer par la fenêtre de la buanderie pour sortir, et ensuite de courir sur le sentier qui longe le local technique, de le traverser et de descendre jusqu’aux toilettes. Elles étaient utilisées par les hommes et par les femmes, par exemple les employés de terrain." Et d’ajouter, qu’un certain nombre d’employées auraient souffert d'infections urinaires car "elles devaient passer le plus clair de leur journée à se retenir d'aller aux toilettes".

Originaire d’Amérique du Sud, Mercedes Wedaa évoque également des discriminations raciales dont elle aurait été victime ainsi que d’autres employés de nettoyage hispanniques. Le responsable de l'équipe de nettoyage de Jeff Bezos se serait même montré “agressif et abusif” envers elle, tandis qu’il se montrait “respectueux et poli” envers les employés blancs.

Les avocats du milliardaire Jeff Bezos nient farouchement ces accusations arguant que la plaignante, Mercedes Wedaa, aurait été licenciée car son travail n’était pas satisfaisant. Affaire à suivre dans la rubrique People.