En France, dire son salaire à son entourage, évoquer ses difficultés financières devant son patron est quelque chose que l’on évite fréquemment. Parler d’argent est souvent tabou ! De même, on n’a pas forcément l’habitude de demander une avance sur salaire.
Pourtant, c’est un droit (article L3242-1 du Code du travail) donné à tout salarié rémunéré mensuellement, qu’il soit en contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI).
Avance sur salaire : quel pourcentage de son salaire peut-on demander ?
On peut demander la moitié de sa paie mensuelle.
Avance sur salaire : à quel moment du mois peut-on la demander ?
On peut la demander à son employeur à partir du 15 du mois en cours (en effet, cet acompte doit rémunérer un travail déjà accompli.)
Par quel moyen peut-on recevoir son avance sur salaire ?
L'acompte peut être versé soit par chèque, soit par virement bancaire si le montant et est supérieur à 1 500 euros. Si le montant de l'acompte sur salaire est inférieur ou égal à 1 500 euros, il peut être remis en liquide.
Par la suite, le montant de l'acompte doit être mentionné sur le bulletin de salaire remis au salarié à la fin de la période concernée.
Avance sur salaire : pas pour tout le monde
Attention, les salariés travaillant à domicile, (ce qui inclut certains métiers des services à la personne), les salariés saisonniers, intermittents ou temporaires, qui ne sont pas mensualisés sont exclus de ce droit.
L’avance sur salaire : une solution bienvenue pour échapper aux découverts bancaires
En cette période d’inflation galopante, de plus en plus de Français ont du mal à boucler leurs fins de mois, et les découverts surviennent plus tôt dans le mois, pour les ménages les plus touchés par la crise.
Une avance sur salaire peut être une solution pour parer à l’urgence, et pour faire face plus facilement aux imprévus financiers.
Cela peut permettre d’éviter les frais bancaires, les agios, et les autres micro-crédits avec intérêts (quitte à se serrer encore plus la ceinture par la suite, puisqu’on aura commencé à grignoter sa paie plus tôt).
L’idée fait son chemin dans les esprits. Selon un sondage d’Opinionway pour Rosaly paru en février 2022 intitulé "Les Français et le bien-être financier", un bon nombre de nos compatriotes sont prêts à être rémunérés non plus une fois, mais plusieurs fois par mois :
- 37 % deux fois par mois (toutes les deux semaines) ;
- 27 % une fois par semaine ;
- 19 % tous les jours.
Et si c’était aux entreprises de faire la démarche de proposer à leurs employés ces avances sur salaire auxquelles ils ont droit ? Les syndicats eux-mêmes pourraient faire pression pour que les demandes soient facilitées. D’autant plus qu’il existe à présent des outils pour leur faciliter la tâche.
De nouvelles start-ups de la fintech pour faciliter l’avance sur salaire
Sentant que le vent aller peut-être tourner, et les mentalités évoluer (et ceci avant même la période inflationniste que nous connaissons), plusieurs start-ups ont déjà lancé quelques applications permettant de gérer automatiquement les demandes d’acompte sur salaire, à l’image de celles qui existent déjà aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (le fonctionnement diffère un peu, cependant.)
Application d’avance sur salaire : des salariés plus sereins
Avec les applications françaises, chaque employé choisit lui-même le montant voulu, qui est versé automatiquement sur son compte. Plus besoin de passer par son patron, le service paie, ou le DRH ! Le salarié n’a rien à payer en plus.
Pour eux, savoir qu’ils vont pouvoir toucher cet argent qui leur est dû leur apporte sérénité et bien-être, déclarent les fondateurs de ces applications.
D’autre part, en pouvant suivre en direct sur l'application ce qu’ils gagnent, les salariés ressentent plus fortement « le lien entre le travail qu’ils fournissent et ce qu’ils gagnent », souligne une des applications. Cela les inciterait même à travailler plus chaque mois !
Application d’avance sur salaire : un gain de temps pour les entreprises
Pour les entreprises, c'est un gain de temps, car toute demande à gérer (avec les méthodes traditionnelles) prend du temps. Il est, en effet, recommandé de passer par un recours écrit.
Avec une application, les entreprises gardent le contrôle, et maîtrisent les versements d’acomptes grâce à une interface dédiée.
Plusieurs modèles d’applications en France depuis trois ans
- Le premier modèle lancé a été Rosaly en 2019. Tous les frais sont portés par l’entreprise, qui paye un abonnement par salarié par mois. Pour le salarié, il n’y a aucuns frais supplémentaires. Rosaly vient d'annoncer une levée de fonds de 7,5 M€ auprès de Fin Capital, The Treasury VC, FJ Labs (Le fond de Fabrice Grinda), Auxxo, LeFonds VC, Clocktower, Kraken Ventures, Audeo Ventures, Sie Ventures, Moving Capital.
Dans un article sur TF1 info, Arbia Smiti, à la tête de la startup, explique que les salariés retirent surtout des petites sommes au compte-goutte, correspondant en moyenne à 13 % du salaire. Son système s’intègre aussi aux logiciels de paie, de gestion de temps et aux plateformes d'avantages salariés.
Les vents semblent porteurs, puisque Rosaly vient de boucler une levée de fonds de 10 millions d'euros, selon un article des Échos qui vient de paraître.
- L’application Salto, lancée juste avant la crise sanitaire, permet de percevoir une partie de son salaire au fur et à mesure des jours déjà travaillés.
- Nesspay, également conçue pour faciliter les paiements entre l’entreprise et les collaborateurs, a aussi développé un logiciel RH spécialisé dans le salaire fractionné.
- Stairwage, lancé en 2020, permet aux salariés de recevoir instantanément, au fil du mois, une partie du salaire déjà gagné, et également suivre l'évolution quotidienne de son salaire disponible.
Pour aller plus loin :
Voir l’article du site Service public.fr Difficultés financières : comment demander un acompte sur salaire ?
Voir le sondage d’Opinionway pour Rosaly paru en février 2022 : Les Français et le bien-être financier
Voir l’article de TF1 info du 20 mai 2022 : Applis d'acompte sur salaire : comment ça marche en France ?
Voir l’article des Échos du 15 septembre 2022 : Fintech : les start-up d'acompte sur salaire prennent leur envol