Et si la réussite sociale, ce n’était plus de travailler comme un fou, sans compter les heures ? Et si la déconnection était possible ? Et si la performance, c’était savoir se cantonner au strict minimum (c’est-à-dire ce qui est écrit dans son contrat de travail) ?
Pour cela il y a mot pour signifier que l’on dit enfin « non » à son patron ou à son chef qui en demande trop : le quiet quitting (ou démission silencieuse en français). Depuis quelques mois, le terme monte en puissance, en particulier auprès des jeunes. Sur le réseau social TikTok, il compte à ce jour plus de 106 millions de vues.
Sur les autres réseaux sociaux également, et dans les médias, les témoignages et les articles se multiplient sur ce phénomène déjà bien visible aux Etats-Unis, en Australie, et plus proche de nous, au Royaume-Uni.
Mais c’est en fait en Chine que le mouvement a été lancé, il y a plus de dix ans sous l’appellation « tangping », qui veut dire « rester allongé » - le hashtag a depuis été censuré.
Face au mal-être palpable, le quiet quitting peut aussi passer comme un moyen de sauver sa peau. En effet, dans de nombreux pays, la santé physique et mentale des salariés n’est pas bonne.
De plus en plus de salariés épuisés et en burn-out
Les Etats-Unis sont confrontés à une vague de burn-out, liée à l’épuisement des salariés qui ne prennent pas leurs congés. Là-bas, travailler continuellement sans faire de pause est valorisé, détaille un article du Courrier International du 12 août. En 2021, aux États-Unis, près de trois travailleurs sur cinq déclaraient être épuisés par leur travail, selon l’Association américaine de psychologie.
De leur côté, les travailleurs au Royaume-Uni sont désabusés : selon l’agence de conseil Gallup, ils ne sont que 9 % à être engagés ou enthousiastes à propos de leur travail, rapporte le Courrier International.
En France, la détresse psychologique est particulièrement importante. Selon le dernier baromètre du cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la qualité de vie au travail, paru en juillet, elle ne cesse d’augmenter. L’enquête indique que 2,5 millions de salariés français sont en état de burn-out sévère.
« Depuis deux ans et demi, nous atteignons des niveaux de burn-out sévères qui sont trois fois plus importants comparativement à l'avant Covid-19 », s'inquiètent les dirigeants du cabinet Empreinte Humaine.
Les jeunes et les femmes les plus touchés par la détresse psychologique
Les jeunes sont particulièrement touchés. Ainsi, près d’un salarié sur six de moins de 29 ans (59 %) est en détresse psychologique. C’est une augmentation de 5 % par rapport à l’enquête précédente, en mars 2022. Le pouvoir d’achat est une source d’inquiétude importante.
En seconde position, viennent les femmes (46%, -1,5 point), puis les télétravailleurs (45%, +5 points). Viennent ensuite les managers (43%, +10 points), une fonction qui attire de moins en moins, selon Christophe Nguyen, un des dirigeants du cabinet Empreinte Humaine, dans le quotidien DNA.
Selon un article de France Info, l’enquête de mars révélait par ailleurs que la moitié des salariés s’isolaient et se coupaient du monde, et que 40% perdaient souvent patience et étaient facilement irritables. Par ailleurs, un quart d’entre eux était agressif, pour tout et rien.
Le quiet quitting ferait-il partie des solutions pour aller mieux, préserver sa santé physique et mentale, et éviter ainsi le burn-out ? Quant trop c’est trop, ceci peut apparaître comme une réponse censée à ceux qui tirent trop sur la corde.
Une augmentation des démissions en France notamment dans le secteur médical
Plus radicale, la démission est une autre solution pour se préserver.
Voir l’article d’Aladom : Démissions : elles ont augmenté dans la seconde moitié de 2021 selon la Dares
Le phénomène touche notamment les infirmières, de plus en plus nombreuses à se tourner vers l’intérim, mieux rémunéré, et qui dispense, quand on veut, de travailler le week-end. Au vu du manque de personnel, elles savent qu’il est facile de trouver une nouvelle mission ou un CDI facilement. C’est aussi le cas pour les aides-soignantes dans les services à domicile ou en Ehpad.
Aladom.fr, le référent de la recherche d’emploi dans les services à la personne, propose des centaines d’annonces d’aide-soignant dans toute la France.
Voir l’article d’Aladom : Intérimaires pour combler le manque de personnel en hôpital : les limites du système
Pour aller plus loin :
Voir l'article paru dans Courrier International : Le quiet quitting ou le ras le bol de ceux qui décident de faire le minimum au travail
Voir l'article paru dans DNA : Les salariés en particulier les plus jeunes n'ont pas le moral
Voir l’article de France Info : Santé : 2,5 millions de salariés en état de burn out après deux ans de crise sanitaire