EdTech : des avancées inégales dans le système d’éducation français

Cette convention signée la semaine dernière entre le réseau Canopé (opérateur du ministère de l'Éducation nationale pour de la transformation numérique) et le réseau EdTech France a été conclue pour trois ans renouvelables. Son objectif sera de mettre en place un écosystème favorable au développement de la EdTech pour le marché scolaire.

Ceci permettra aux enseignants d'avoir une offre numérique encore mieux adaptée à leurs usages.

Ceci est un objectif majeur pour le réseau EdTech France, qui vise à rendre la technologie et l’innovation utiles à l’éducation à trois niveaux :

du scolaire (primaire et secondaire),
de l’enseignement supérieur,
de la formation tout au long de la vie.

Avant la signature de cette convention, le réseau Canopé avait déjà porté le programme NTE (nouveaux territoires numériques), financé par France 2030. Une soixantaine de solutions éducatives numériques avaient alors été retenues pour un test grandeur nature sur 12 départements.

Réseau EdTech : qui sont les acteurs ?

Le réseau EdTech, qui fédère à la fois des entreprises et des acteurs de la filière EdTech (technologies de l'éducation), joue un rôle essentiel pour le développement des technologies de l’éducation en France.

Il est composé de partenaires fortement investis dans la transformation des apprentissages et les pratiques pédagogiques à l’ère du numérique, notamment dans la digitalisation de parcours pédagogiques.

Il comprend actuellement :

430 entreprises membres

A la fois des jeunes start-ups et des entreprises ayant atteint une vraie maturité. Ce sont par exemple des éditeurs de ressources numériques, des concepteurs de solutions technologiques (plateformes, applications…), qui digitalisent des parcours de formation, forment au code, etc.

57 partenaires engagés du monde de l’éducation et de la formation : entreprises, institutions d’enseignement supérieur, acteurs institutionnels, scientifiques ou associatifs,
9 clusters régionaux.

EdTech : des avancées inégales selon les trois secteurs d’éducation

En France, les avancées sont très inégales selon les trois secteurs que sont le scolaire (primaire/secondaire), l'enseignement supérieur, et la formation professionnelle.

Scolaire (primaire/secondaire) : un manque de vraie culture numérique

Dans un article de l’ Etudiant educ pro du du mois de juin 2022 « EdTech : un marché français en essor qui doit se structurer » Anne-Charlotte Monneret, directrice générale d'EdTech France, déplorait le manque d’une « vraie culture numérique » en France à l’heure actuelle.

Les différents niveaux de gestion compliquent la tâche, entre le primaire géré par les communes, le collège par les départements et les lycées par les régions.

Pour les entreprises, cela implique qu’il est nécessaire d’avoir beaucoup de ressources internes pour tout comprendre, et répondre aux appels à projet. En outre, le versement de l’argent, si elles obtiennent le contrat, peut prendre du temps, alors qu'il s'agit souvent de start-ups qui n’ont pas toujours la trésorerie nécessaire devant elles.

De plus, «le marché n’existe pas vraiment et comme il n’y a pas d’accompagnement sur le terrain, il y a peu d’usage concret des enseignants », déclare Anne-Charlotte Monneret.

Selon Marie-Caroline Missir, la directrice du réseau Canopé, citée dans un article sur le site des Echos d'hier intitulé "La filière edtech veut travailler main dans la main avec les professeurs" (réservé aux abonnés), les problèmes sont aussi au niveau des professeurs, (qui ne connaissent pas l’existence d’outils créés par les start-up, ou n’ont pas eu de formation pour les utiliser), ainsi qu’au niveau des entreprises qui développent parfois des solutions qui ne sont pas forcément adaptées aux classes.

C’est pourquoi le réseau Canopé a développé un accélérateur pédagogique réunissant professeurs et représentants de start-up pour travailler ensemble.

Selon Marie-Caroline Missir, toujours citée dans les Echos, la filière milite aussi pour la création d'un "chèque Edtech", pour permettre aux enseignants ou aux établissements d'acheter des solutions numériques au choix via une plateforme dédiée.

Enseignement supérieur : un virage numérique davantage pris par les business schools

Dans l’enseignement supérieur, la crise sanitaire a favorisé l’investissement dans le digital, et les établissements ont sauté le pas au niveau du recrutement, des examens à distance, des cours en visio, etc. Cependant, selon la directrice générale d'EdTech France sur le site de l'Etudiant educ pro, « la grande majorité de cet investissement s’est concentrée sur les business schools privées ».

D’où le risque de voir émerger un enseignement supérieur à deux vitesses avec « d’un côté les établissements privés qui ont pris le virage du numérique et qui peuvent capter les talents, et de l’autre les universités qui n’ont pas ces capacités et risquent de voir les meilleurs étudiants faire d’autres choix. »

La formation professionnelle : le premier marché des EdTechs

La formation professionnelle est le premier marché des EdTech (ce marché est couvert à 50 % par des acteurs des EdTech). Selon Anne-Charlotte Monneret, « il y a une plus grande fluidité dans ce segment avec beaucoup moins de friction et une plus grande liberté ».

Le CPF (compte personnel de formation) et la crise sanitaire ont entraîné une importante demande de formation pour reconversion professionnelle ainsi qu’une demande des industriels.

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