Mis en place par la Direction statistique du ministère du Travail (la Dares), il y a deux ans, avec la contribution de Pôle emploi, le dispositif ForCE (qui croise les bases statistiques à la fois sur la FORmation, sur le Chômage et l’Emploi) a pour but de reconstituer des trajectoires professionnelles de toutes les personnes ayant eu un contact avec le service public de l’emploi (missions locales, Pôle emploi) ou ayant suivi une formation professionnelle prise en charge totalement ou partiellement par les pouvoirs publics.
Sa base de données est précieuse, puisqu’elle permet de suivre sur le long terme des trajectoires individuelles, et de mieux comprendre l’insertion professionnelle et la formation des chômeurs.
Ses résultats, qui viennent de paraître, accréditent ce que l’on penserait spontanément : les formations contribuent au retour à l’emploi.
Jusqu’à présent, peu d’études, en France, ont porté sur ce sujet. Le chômage de masse s’expliquant en partie par une inadéquation entre les compétences des demandeurs d’emploi et celles recherchées par les employeurs, la formation des demandeurs d'emploi est pourtant « un levier potentiel » pour le réduire, souligne le rapport de la Dares.
- Dès 6 mois après le début de la formation, les chances de retour à l’emploi sont plus élevées pour les demandeurs d’emploi entrés en formation pour la première fois (en comparaison avec des personnes non formées). L’effet reste modéré cependant, mais il augmente avec le temps.
- Ainsi, la probabilité de connaître un épisode d’emploi dans les 18 mois suivant l’entrée en formation est de +8,8 points.
- À deux ans, elle est de +9,2 points de pourcentage supérieure à celle des demandeurs d’emploi non-formés.
- Sur 3 ans, l’effet positif de la formation se stabilise autour de 9 points de pourcentage.
L’écart entre formés et non-formés dépend du type de formation suivie ainsi que du type de personne y participant. Ces chiffres ne prennent pas en compte les embauches dans la fonction publique ou les créations d'entreprise.
Taux de retour à l’emploi : les domaines de formation qui ont le plus de réussite
L’étude fournit un classement des domaines de formation selon le taux de retour à l’emploi à 18 mois.
C’est dans la production mécanique que le taux de retour à l’emploi (18 mois) est le plus élevé, à 79,1 %.
Viennent ensuite en tête pour le taux de retour à l'emploi (tous supérieurs à 70 %),
- l’électricité et l’électronique,
- les sciences,
- la transformation,
- la fonction production,
- les services à la collectivité,
- l’échange et gestion.
Les services aux personnes en troisième position du nombre de formations
Les services aux personnes ont un taux de retour à l’emploi de 57 %.
Ils constituent un pourcentage élevé du nombre de formations (15,4 %), en troisième position après l’échange et gestion (20,4 %), et les formations générales, lettres et langues (16,4 %).
C’est un domaine qui offre de nombreuses opportunités auprès des personnes âgées et en situation de handicap, des enfants et des familles en général. Des milliers d’offres d’emploi sont disponibles notamment sur Aladom.fr, la plateforme de mise en relation entre particuliers, employeurs et entreprises dans les services à la personne.
Des taux de retour à l'emploi plus faibles pour les formations en sciences humaines
C'est pour les formations en sciences humaines, économie et droit que le taux de retour à l'emploi à 18 mois est le plus faible (34,8 %).
Des emplois de meilleure qualité après une formation
Les emplois occupés semblent de meilleure qualité lorsqu’on a suivi une formation.
Plus d’emplois durables pour les personnes formées
Pour ce qui est de l’emploi durable (CDI ou emploi d’une durée d’au moins six mois), les écarts entre formés et non-formés s’observent très vite, dès deux mois après l’entrée en formation.
De meilleurs effets pour les personnes les plus éloignées de l'emploi
Par ailleurs, l’effet estimé est plus élevé pour les personnes les plus éloignées de l’emploi. C’est notamment le cas pour :
- les demandeurs d’emploi de longue durée ( inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an) ;
- les moins qualifiés (niveau de diplôme inférieur au baccalauréat).
La Dares souligne cependant que ces résultats sont à interpréter avec prudence, le choix de suivre une formation étant lié à des caractéristiques individuelles, et certains paramètres, tels que la motivation, ne sont pas mesurables.
C’estnotamment le cas pour les plus de 50 ans (+17,1 points), qui peuvent être plus motivés vu qu’il est plus difficile pour eux de retrouver un emploi, (seulement 30 % au bout de 18 mois), et qu’ils entrent moins souvent en formation.
Pour arriver à ces résultats, la Dares a comparé plus de 1,2 million de demandeurs d'emploi entrés en première formation entre 2017 et 2019 avec des demandeurs d'emploi non formés aux caractéristiques similaires.
Entre 2017 et 2020, environ 2,5 millions d’inscrits à Pôle emploi sont entrés en formation. Pour 71 % d’entre eux, il s’agissait de leur première formation depuis 2014.
La base de données ForCE, qui constitue la source de l’étude, a été mise en place dans le cadre du grand plan d’investissement dans les compétences (PIC) de 15 milliards d’euros lancé au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, visant à améliorer la formation des chômeurs.
Entre 2017 et 2020, le nombre de demandeurs d’emploi formés chaque année a progressé en continu, passant de 597 000 à 741 000.
Plusieurs campagnes d'information ont eu lieu récemment pour inciter les jeunes à se former :
Voir l'article d'Aladom : Les métiers du grand âge recrutent
- aux métiers de la rénovation énergétique des bâtiments :
Voir l'article d'Aladom : La rénovation énergétique des bâtiments recrute des jeunes en urgence
Pour aller plus loin :
Voir le document de la Dares : Quelles sont les chances deretour à l’emploi après une
formation ?L’apport de la base ForCe pourl’analyse des trajectoires individuelles
du chômage vers l’emploi