Démission dans l'éducation nationale

On parle beaucoup du phénomène de grande démission aux Etats Unis où en 2021, 38 millions de personnes ont quitté leur travail (sur 162 millions d’emplois). 

En juin 2022, un article de France 3 Paris Ile de France expliquait pourquoi trois professeurs de l'éducation nationale avaient décidé de démissionner. Selon l'article, les chiffres des démissions ont triplé en dix ans : ils sont passés de 364 en 2009 à 2 286 dans le premier et second degré dans l'enseignement public en 2021. L'article relaie les témoignage de Nathalie et Sylvie, dans l'académie de Créteil et de Yoann dans l'académie de Versailles qui ont décidé de démissionner. 

Selon la DEPP, 0,05 % des enseignants avait choisi de quitter l'éducation nationale sur l'année 2008-2009. Ce chiffre n'a cessé d'augmenter pour dépasser 0,3% sur l'année 2020-2021.

Voir aussi :

Rupture conventionnelle dans l'éducation nationale 

Deux décrets du 31 décembre 2019 fixent la procédure de rupture conventionnelle dans l'éducation nationale. Pour le SNES-FSU, cette disposition importée du privé, dans la fonction publique, vise à « accompagner » la suppression d'emplois et préfigure la fin de l’emploi à vie pour les fonctionnaires.

De nombreuses ensignants que les conditions de travail dégradées mettent en difficulté, choisissent la rupture conventionnelle plutôt que la démission.

La rupture conventionnelle se fait en accord entre le fonctionnaire et l’administration, à l’initiative de l’agent ou de l’administration mais ne peut pas être imposée.

La rupture conventionnelle peut être demandée par :

  • un fonctionnaire titulaire
  • un agent non titulaire en C.D.I.

Les demandes faites pendant une année scolaire prennent effet au 1er septembre de la rentrée suivante et l’indemnité de départ est perçue à la fin du mois de septembre.

Sur l'année scolaire 2020-2021, 814 enseignants en poste à l'éducation nationale avaient obtenu une rupture conventionnelle.

Les professeurs obtiennent rarement une rupture conventionnelle. Ce dispositif permet de toucher des indemnités et deux ans de chômage, mais l'éducation nationale accepte très rarement les demandes.

La médiation pour éviter les démissions

Face aux difficultés à recruter dans l'enseignement, la médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur a souligné les difficultés liées à la mobilité des professeurs, et propose un dispositif plus souple.

Dans le rapport de la médiatrice de l'éducation nationale un exemple de démission évité est donné : Madame Z., professeure des écoles depuis plusieurs années dans la même académie souhaitait postuler auprès de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) pour diversifier sa pratique et faire l’expérience d’un poste à l’étranger. Sa candidature avait été retenue pour un poste au lycée français de New York. Lorsqu'elle avait fait part à sa hiérarchie qu’elle souhaitait rejoindre l’AEFE, la direction académique de son département d’exercice lui avait fait savoir qu’en raison d’un déficit en professeurs des écoles dans le département, l’autorisation de quitter ses fonctions ne lui serait pas accordée. Madame Z. commence par effectuer un recours gracieux auprès de la DGRH mais, en l’absence de réponse, elle s’était adressée à la médiation afin qu’elle soutienne sa démarche auprès de sa hiérarchie et de l’administration centrale. Devant l’urgence de la situation, la médiation avait pris contact avec le cabinet du recteur concerné afin de tenter de débloquer la situation.

L’intervention conjointe du cabinet et de plusieurs élus avaient permis à Madame Z d'obtenir l’exeat de son département et le feu vert de l’administration centrale, pour enfin pouvoir rejoindre son nouveau poste au lycée français de New York à temps pour la rentrée.

Les refus de mutation du service public posent des problèmes humains et des problèmes d’équité, mais sont souvent contre-productifs et participent au mal être du corps enseignant.

Stagiaire démissionnaires

En 2017-2018, près de 6 % des stagiaires n'étaient plus enseignants l’année suivante. Les stagiaires sont les enseignants en poste qui démissionnent le plus. Au total, ce sont 6 % des stagiaires présents à la rentrée 2017 qui n'avaient pas poursuivi dans l’enseignement l’année suivante

Si vous êtes enseignant et que vous avez envisagé de démissionner ou que vous êtes passé à l'acte, n'hésitez pas à laisser un commentaire.