Inflation galopante, difficultés à recruter, départs de certains salariés (24 % des dirigeants interrogés ayant au moins un salarié dans leur entreprise sont confrontés à un turn-over important)… Les chefs de petites et moyennes entreprises se heurtent à un certain nombre de bouleversements, en cette année 2022 et, face à cette crise, bon nombre d’entre eux sont réactifs.

Ainsi, près de deux-tiers d’entre eux (65 %) ont déjà augmenté les salaires dans leur entreprise en 2022, et 40 % l’ont fait à l’ensemble des salariés, révèle l’enquête de conjoncture de la confédération des PME parue hier. Intitulée « La santé économique et l’emploi dans les TPE-PME au début de l’été 2022 », elle a été menée entre le 16 juin et le 12 juillet, et s’est basée sur 2362 réponses de dirigeants de TPE-PME.

Pour certains qui n’ont pas encore procédé à ces augmentations de salaires, et qui envisagent de le faire prochainement, ce délai serait dû au « manque de capacité de l’entreprise ».

Bonne nouvelles pour certains salariés : d’autres chefs d’entreprises envisagent une seconde augmentation d’ici la fin 2022, du fait de l’inflation.

Au total, 58 % des chefs d’entreprises interrogés disent qu’ils pensent augmenter leurs salariés (de nouveau ou une première fois) d’ici à la fin de l’année 2022.

Des primes, un intéressement, ou une participation plutôt qu'une augmentation de salaire

Pour donner un coup de pouce à leurs employés, et les inciter à rester dans l'entreprise, d'autres patrons font d'autres choix, et préfèrent proposer :  

  • Soit des primes (68 % ont versé des primes à leurs salariés, pour 49 % ce sont des primes individuelles, et pour 41 % ce sont des primes collectives PEPA dite Prime Macron, sachant que le dirigeant peut verser les deux primes). Les primes Macron avaient une moyenne de 576 euros.

  • Soit un intéressement, une participation, ou une épargne salariale (36 % des chefs d’entreprises interrogés ont eu recours à au moins un de ces modes, et 15 % pensent à le faire dans l’année).

 

Des mesures au coeur du projet de loi sur le pouvoir d’achat

Les lois votées hier incluent la prolongation de la « Prime Macron », prime exceptionnelle défiscalisée et désocialisée : les employeurs pourront verser jusqu’au 31 décembre 2023 une prime exceptionnelle de 3 000 euros (ou 6 000 euros en cas d’accord d’intéressement), exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations et contributions sociales, pour les salariés dont le revenu équivautà moins de trois fois la valeur du smic.

Quant à l’article 3, il facilite l’intéressement (primes liées aux résultats de l’entreprise) dans les entreprises de moins de 50 salariés, (ce qui était jusqu’alors très peu mis en œuvre).

 

Il apparaît donc, au vu de l’enquête, qu’une bonne partie des chefs d’entreprise sont prêts à mettre la main à la poche.

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Augmenter ses employés pour ne pas les voir partir

Généreux ou intéressés, ces patrons ? Pour beaucoup, la situation est tendue, et l’augmentation fait partie des leviers disponibles.

Comme le rappelait François Asselin, le président de la CPME sur France Inter, hier matin, le risque est aujourd’hui bien réel de voir partir des employés insatisfaits.« Aujourd’hui, c’est simple, pour garder ses effectifs, si vous ne les augmentez pas, ils s’en vont, ou vous vous les faites siphonner par la concurrence ».

 

Et ceci, dans un contexte où 94 % des PME rencontrent des difficultés à recruter le bon profil.

L’absence de candidats est la première raison évoquée (74 %), devant le manque de compétences (47 %).

 

C’est une situation inédite au niveau de l’emploi : ainsi plus de la moitié des dirigeants interrogés (51 %) cherchent à recruter. La situation est particulièrement tendue au niveau du recrutement dans les services à la personne, et des métiers auprès des personnes âgées et handicapées, qui ont des milliers d’offres en ligne.

 

 

PME : des salariés qui ont d'autres projets de vie

Pourquoi un tel turn-over ? L’enquête proposait plusieurs réponses (plusieurs étaient possibles).

  • Dans 53 % des réponses, les salariés déclarent qu’ils ont un autre projet qu’un projet professionnel, et veulent se consacrer à autre chose. « C’est nouveau , souligne François Asselin,… comme si la relation au travail était différente de ce qu’il y avait auparavant ».
  • Dans 51 % des réponses, ils souhaitent changer de secteur d’activité.
  • Dans 30 % des réponses, ils souhaitent aller travailler chez un concurrent plus offrant.
  • Dans 16 % des cas, enfin, ils souhaitent créer leur activité.

Pour aller plus loin :

Voir l'enquête parue le 19/07/2022 : L'inflation frappe de plein fouet les PME avec des difficultés de recrutement et un turn-over sans précédent