Démissionner de l’hôpital public pour devenir intérimaire rendrait-il le métier de soignant plus supportable ? C’est le choix de certains professionnels du métier, tentés par la souplesse de l’intérim, et ses meilleures rémunérations. Le témoignage d’Albane, dans le Figaro, relayé sur Twitter, a été très partagé. L’infirmière de 27 ans, qui a mis fin à son CDD en janvier pour se tourner vers l’intérim, y explique comment elle gagne à présent « plus de 3 000 euros par an en exerçant quatre jours par semaine », en diversifiant les missions, en cancérologie, en gériatrie en Ehpad, en médecine interne, ou en prenant quelques missions de nuit par-ci par-là.
Un choix de vie partagé par les autres infirmières de sa promo, dit-elle, alors que de plus en plus de personnel soignant est éreinté par les conditions de travail, le manque d’effectifs.
En effet, non seulement l’intérim est mieux payé, mais les infirmiers travaillent quand ils veulent (donc, hors week-end s’ils préfèrent). Et même si c’est une situation précaire, au vu des tensions dans le secteur, et du manque criant de personnel, tout infirmière ou aide-soignante sait qu’elle peut trouver une mission ou un CDI quand elle le souhaite.
Aladom.fr, le référent de la recherche d’emploi dans les services à la personne, propose des milliers d’annonces d’infirmier ou d’aide-soignant dans toute la France, en services de soin à domicile ou en Ehpad, par exemple.
Pourquoi les établissements de santé ou pour personnes âgées font appel à des intérimaires
Selon une enquête récente de la Fédération hospitalière de France, 99 % des hôpitaux se disent en difficulté pour recruter, de manière permanente ou ponctuelle (permanente pour 80,3% des hôpitaux et Ehpad publics, et ponctuelle pour 18,9% d'entre eux).
Par rapport à la situation antérieure à la crise sanitaire,le niveau de l’absentéisme a augmenté dans l’ensemble des types d’établissements. En 2021, l’absentéisme moyen est de 9,9%. C’est +1 point par rapport à 2019 (année de référence avant crise), et il « fragilise le fonctionnement quotidien des équipes » souligne l’enquête réalisée en avril et mai 2022 et qui a interrogé plus de 400 établissements publics de santé et médico-sociaux, (CHU, CHS, CH, EHPAD et autres établissements et services médico-sociaux). Ceci regroupe en tout plus de 380.000 professionnels non-médicaux.
Voir l’article d’Aladom : Manque de personnel dans les centres pour personnes handicapées : le documentaire "Personne" témoigne
Intérimaires : les limites pour les hôpitaux
Pour parer à l’urgence, ils font donc appel à des intérimaires. Mais cela leur revient beaucoup plus cher, pesant sur les finances de l'hôpital et des autres établissements.
Fin mai, sur France Inter, le patron de l'AP-HP, Martin Hirsch avait appeler à réguler ce phénomène, et dénonçait ceux «qui utilisent cette drogue douce de l'intérim, qui nous met dans une situation absolument terrible ».
Voir l'article d'Aladom : Manque d’infirmiers et d’aides-soignants cet été : les urgences et les Ehpad déjà en crise
Un autre effet de bord est que le recours aux intérimaires décourage les soignants et praticiens hospitaliers permanents en CDI, moins payés pour la même tâche. Pour enfoncer un peu le clou, ce sont eux qui se retrouvent à assurer les week-ends et les périodes où moins d’intérimaires sont disponibles (mois d’août, semaine entre Noël et le jour de l’an…).
Rien d’étonnant à ce qu’ils craquent, finissent en arrêt-maladie, ou qu'ils démissionnent.
Urgences en crise : les recommandations du rapport Braun
En attendant, les urgences, elles-mêmes « malades », aux dire du ministre de la Santé, continuent de restreindre leurs heures d’ouverture.
Fin mai, il était avancé que 120 services étaient en difficulté, soit un sur cinq. Certains réorientent les malades et les blessés vers d’autres villes après une certaine heure, ne gardant que les urgences vitales.
La mission flash demandée par Emmanuel Macron, vient d’être rendue, avec 41 recommandations, mais pour l'heure la situation reste critique partout en France.
Voir l'article d'Aladom : Rapport Braun : Quelles sont les 41 recommandations pour préserver notre réponse aux soins urgents et/ou non programmés cet été
Pour aller plus loin :
Voir l'enquête de la FHF sur la situation RH dans les établissements en 2022
Ecouter le podcast de l'heure du Monde : Crise aux urgences l'été de tous les dangers
Une amie aide soignante a quitté son poste en CDI dans une clinique.
C'est simple... elle revit!
Elle gère son son planning comme elle veut et surtout, elle est bien mieux payée qu'avant !
Il y a beaucoup de jeunes médecins qui restent remplaçants aussi. Les généralistes n'arrivent pas à trouver de remplaçants.
Les postes fixes et les situations stables n'ont plus de sens dans un monde instable.
C'est un changement général et le CDI ne fait plus rêver. Au contraire les gens s'orientent vers l'interim ou les CDD et profite de leur "droit au chômage"... On marche sur la tête.
Le cauchemar de mes enfants serait de travailler toute leur vie au même endroit ou dans un bureau.