Services d’urgence qui ferment faute de personnel, Ehpad plus que jamais en recherche urgente d'infirmiers et d'aides-soignants, les tensions se multiplient dans toute la France.

Les infirmiers et aides-soignants sur le terrain, en sous-effectifs, sont débordés et épuisés. Certains ont déjà craqué et démissionné, d’autres sont en arrêt maladie. On manque aussi de médecins.

En deux semaines (depuis le 15 mai), Aladom.fr, le référent de la recherche d’emploi dans les services à la personne, a publié plus de 900 offres d’emploi d'infirmiers / infirmières  principalement dans les Ehpad. Il croule aussi sous les annonces d’aide-soignant

En cette veille d’été, au moins 120 services d’urgences font face à de graves « difficultés », ce qui est inédit. Ils ont déjà été obligés de limiter leur activité ou ils se préparent à le faire. Cela constitue presque un cinquième des urgences en France, et 60 départements sont touchés, selon une liste établie par l’association SAMU-Urgences de France (SUdF) (et rendue publique par l’AFP).

Cette même liste détaille que 14 des 32 plus gros hôpitaux français (CHU et CHR) sont concernés.

 

Manque d'infirmiers : des cris d'alerte au plus haut niveau

 

Au plus haut niveau, les cris d’alerte se multiplient. À la mi-mai, sur FranceInfo, le professeur Rémi Salomon, président de la conférence médicale des Hôpitaux de Paris (AP-HP) déclarait ainsi : « On a un risque imminent de rupture d’accès aux soins. C’est déjà en train de se produire et ça risque de s’aggraver de manière assez considérable pendant l’été, au moment des congés ».

« L’été s’annonce chaud », renchérissait Martin Hirsch, le directeur général du groupement hospitalier d'Ile-de-France, sur France Inter lundi dernier. Selon lui, il manque à l’APHP 1 400 infirmiers pour que les différents services de santé ne soient plus en tension. « On en a 1000 de moins qu'il y a un an à la même époque, on avait prévu de créer 400 postes supplémentaires, on n'a pas pu les créer…Il y en a qui ont changé de métier, il y en a qui sont partis dans le privé, il y en a qui sont partis en province, il y a en a qui ne sont pas venus travailler après la diplomation de l'été dernier (...) et il y en a beaucoup qui utilisent cette drogue douce de l'intérim, qui nous met dans une situation absolument terrible ».

A l'AP-HP, ce sont ainsi que 15 % lits qui sont fermés en moyenne, faute de soignants, Dans un article récent, le Parisien dressé un catalogue des établissements en Île de France touchés par les fermetures de services.

En réponse, Emmanuel Macron a annoncé, hier, une « mission d’urgence » d’un mois auprès de François Braun pour diagnostiquer la crise des services d’urgences à l’hôpital et proposer des pistes pour y répondre. Elle constituera la première étape d’un plan autour de « 1 200 bassins de vie » français.

 

Des étudiants infirmiers qui abandonnent

 

Paradoxalement, le métier d'infirmier attire les jeunes, et les écoles d’infirmiers ne manquent pas de candidats. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, en 2021, les 365 instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ont reçu plus de 689 000 dossiers de candidatures sur la plateforme d'orientation post-bac.

Maisbeaucoup d’étudiants infirmiers abandonnent dès le premier stage en hôpital, lorsqu’ils découvrent la réalité du métier. Rien que deux mois après la rentrée 2021, près de 13 % des étudiants ont lâché leur formation, selon le Comité des instituts de formation du paramédical (Cefiec). Une meilleure information sur les réalités du métier, dès le lycée, s’impose.

Une des dernières mesures annoncées par le gouvernement au printemps pour encourager les jeunes à embrasser ces professions concerne les contrats d’apprentissage : en 2022, 10 000 contrats d’apprentissage seront ouverts aux paramédicaux, dans un secteur où écoles et établissements de santé y ont peu recours jusqu’à présent.

Reste que, à très court terme, le problème demeure. Sans solution urgente, la pénurie d’aides-soignants et d’infirmiers risque de peser lourd cet été.  

Pour aller plus loin :

Voir l'article de Ouest-France sur les abandons dans les écoles d'infirmiers : Les écoles d'infirmiers font le plein mais déplorent trop d'abandons en cours d'études

Voir le site du ministère de la santé et de la solidarité :Les métiers du soin et de la santé recrutent