11 millions d'aidants en France
Il y a en France 11 millions de personnes qui viennent en aide auprès d'une personne dépendante. La population viellissant, de plus en plus de personnes sont concernées par le statut d'aidant et la moitié ont un emploi.
Les entreprises ont donc une place importante dans le soutien des salariés aidants. L’utilisation des congés et des prestations sociales pour les situations « d’aidance » est aujourd'hui limitée car les dispositifs sont très peu connus et les démarches sont complexes et difficilement accessibles.
Qui peut être reconnu aidant familial ?
Le statut d'aidant familial salarié est accessible aux frères,aux sœurs, aux enfants, aux neveux ou aux nièces. Il faut alors rédiger un contrat de travail et une déclaration auprès des services sociaux pour que la situation professionnelle soit établie auprès des organismes sociaux. Très peu d'aidants se reconnaissent comme tels.
Quelle sont les aides financière pour un aidant ?
Avec la réforme de l'APA en 2016, les aidants familiaux peuvent bénéficier d'une aide pouvant aller jusqu'à environ 500 euros par an.
Le droit au répit s'élève en 2022 à maximum 509,76 euros annuels par personne aidée.
24 recommandations pour les aidants
Dans le cadre des démarches RSE des entreprises, il faut tenir compte pour les aidants dubien-être au travail, de la non-discrimination et de l'égalité. Pour ce faire, la Plateforme RSE a adressé au gouvernement, aux entreprises, aux partenaires sociaux et aux fédérations professionnelles 24 recommandations.
La Plateforme RSE recommande au gouvernement :
- de porter au niveau européen, à la faveur de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, les enjeux des salariés aidants ;
- de renforcer la communication et la sensibilisation autour de la Stratégie nationale « Agir pour les aidants » et sur les dispositifs existants afin d’en faire un sujet davantage connu et reconnu, et de contribuer à lever le tabou qui existe autour de ce sujet notamment en entreprise, tout en prenant en compte les spécificités pour les TPE et PME ;
- de mener une évaluation des politiques publiques visant les aidants, et de rendre compte des accords signés en exploitant la base ACCO afin de suivre les avancées du dialogue social en matière d’aide aux salariés aidants ;
- de permettre le renseignement d’un indicateur portant sur l’accompagnement des salariés aidants sur la plateforme Impact.gouv.fr. ;
- de produire des statistiques actualisées et harmonisées sur les différents types d’aidance, sur lesquelles les entreprises peuvent s’appuyer pour réaliser des diagnostics ;
- de faciliter la vie des salariés aidants en premier lieu en accompagnant plus efficacement les personnes âgées dépendantes, les personnes en situation de handicap, les patients en sortie d’hospitalisation, et en second lieu en favorisant la conciliation des temps de vie des aidants, en permettant davantage de flexibilité, en améliorant leur accompagnement, en renforçant et en optimisant les dispositifs déjà mis en œuvre par les pouvoirs publics et en veillant à leur accessibilité, en valorisant les initiatives prises par les entreprises dans un cadre contractuel et en participant au financement des structures d’accueil des aidés ;
- de valoriser les compétences acquises par les salariés aidants en démontrant leur nature, en en évaluant la valeur engendrée pour les entreprises, et en facilitant le recours au CPF pour le suivi des formations correspondantes.
En matière de sensibilisation et de communication interne, la Plateforme RSE recommande aux entreprises :
- de créer un climat de confiance entre l’employeur et le salarié en sensibilisant à la situation des salariés aidants les directions, les responsables des ressources humaines, les managers de proximité ainsi que les équipes de collaborateurs. L’entreprise pourra relayer en interne les informations publiques nationales sur le sujet. Ainsi, dans le cadre de ses recrutements, y compris pour les contrats d’apprentissage, une attention particulière pourra être réservée par l’entreprise à la présentation de sa politique de soutien aux aidants ;
- de créer les conditions de l’expression par les salariés des besoins créés par leurs parcours de vie, et de mobiliser les moyens disponibles pour y répondre en faisant intervenir des tiers de confiance (médecine du travail, assistance sociale, associations, groupe de protection sociale, mutuelle, etc.) ;
- de faire connaître les dispositifs disponibles dans l’entreprise – en application de la loi ou d’un contrat avec un groupe de protection sociale prévoyant un dispositif adapté aux salariés aidants – en assurant leur promotion par une communication interne récurrente, multi-support, visant l’ensemble des salariés.
En matière d’accompagnement de leurs salariés aidants, la Plateforme RSE recommande aux entreprises :
- de proposer à leurs salariés un programme de sensibilisation, de soutien et d’accompagnement, s’appuyant le cas échéant sur un réseau de référents dans l’entreprise, dans la mesure du possible par rapport à la taille, à l’activité et à l’organisation de l’entreprise ;
- de soutenir les initiatives de leurs parties prenantes (salariés, associations partenaires, acteurs du territoire, etc.) en faveur des salariés aidants, en contribuant à leur promotion et à leur mise en œuvre ;
- de permettre une flexibilité dans l’organisation du travail et du temps de leurs salariés aidants afin de concilier au mieux leurs différents temps de vie, en proposant, dans la mesure du possible par rapport à la taille, à l’activité et à l’organisation de l’entreprise, le recours aux droits spécifiques liés à la qualité de salarié aidant, et en s’assurant que l’application de ces mesures soit volontaire, temporaire, et réévaluée régulièrement ;
- d’évaluer les dispositifs mis en œuvre et leur adéquation avec les besoins de leurs salariés aidants, afin de les réadapter s’ils sont peu utilisés ou jugés non pertinents ;
- d’être attentives, dans le cadre de leur contractualisation avec un prestataire, à la sensibilisation et à la formation de la médecine du travail et des services d’assistance sociale à la problématique des salariés aidants, afin qu’un diagnostic puisse être proposé aux salariés s’identifiant volontairement auprès d’elles comme proche aidant, et qu’une orientation adéquate vers des solutions d’accompagnement en résulte ;
- de valoriser les compétences acquises par le salarié dans son rôle d’aidant, en lui permettant d’en faire le bilan et en lui offrant l’opportunité de les valoriser dans sa vie professionnelle.
En matière de reporting extra-financier et de valorisation, la Plateforme RSE recommande aux entreprises :
- de rendre compte des actions mises en œuvre en faveur de leurs salariés aidants en utilisant les indicateurs les plus pertinents, dans leur déclaration de performance extra-financière lorsqu’elles en publient une, dans leur stratégie de contribution aux objectifs de développement durable lorsqu’elles en déploient une, et sur la plateforme Impact.gouv.fr lorsqu’elles y contribuent ;
- de faire connaître à toutes leurs parties prenantes les mesures prises en faveur de leurs salariés aidants, afin que celles-ci soient prises en compte dans l’évaluation de leur performance sociale, et qu’elles soient examinées par les acteurs susceptibles de valoriser les entreprises les plus engagées (label Cap’Handéo « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants » ; prix Entreprise & Salariés aidants, etc.).
La Plateforme RSE recommande aux partenaires sociaux :
- d’engager un dialogue sur la prise en compte des besoins des salariés aidants, en s’appuyant sur les différents points d’entrée ouverts dans le cadre des négociations obligatoires et paritaires existantes au niveau des branches (QVT, organisation du travail, égalité professionnelle, handicap, etc.).
- de développer des outils et guides d’accompagnement pour les aider à identifier les enjeux et à les intégrer dans leurs démarches RSE.
- de sensibiliser leurs adhérents sur ce sujet majeur en l’intégrant dans leurs formations et dans leurs campagnes de mobilisation ;
- d’examiner, dans le cadre des négociations obligatoires existantes, les moyens de faciliter la prise de congés par les salariés aidants.
La Plateforme RSE recommande aux fédérations professionnelles :
- d’examiner la pertinence d’une intégration dans les référentiels de leurs labels sectoriels RSE des critères quantitatifs portant sur les actions mises en œuvre en faveur des salariés aidants, quand l’entreprise a mis en place de des actions spécifiques ;
- de développer des outils et guides d’accompagnement pour aider les entreprises à identifier les enjeux et à les intégrer dans leurs démarches RSE.
La Plateforme RSE a été saisie par Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, et Olivia Grégoire, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable dans le cadre de la stratégie nationale Agir pour les aidants 2020-2022 pour tenir compte des aidants dans les mesures de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
La Plateforme RSE suggère au gouvernement de transposre ce sujet à l'échelle européene, de mener une évaluation des politiques publiques visant les aidants afin de suivre les avancées du dialogue social ou encore de faciliter la vie des salariés aidants en renforçant l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie et son accessibilité.
En matière de sensibilisation et de communication, la Plateforme RSE recommande aux entreprises de créer les conditions de l’expression par les salariés et de communiquer régulièrement en interne sur les dispositifs existants. En matière d’accompagnement, il est essentiel de proposer des programmes de soutien en interne, de permettre une flexibilité dans l’organisation du temps de travail tout en valorisant les compétences acquises par le salarié aidant. En termes de reporting extra-financier, sont préconisées l’utilisation d’indicateurs pertinents, qui pourront être renseignés sur la plateforme impact.gouv.fr, et la mise en avant des mesures prises en faveur des salariés aidants.
Des enjeux financiers, personnels, professionnels pour les salariés aidants
Le premier défi pour les aidants est financier : en plus d’une perte de revenu, les dépenses de ces personnes en soins médicaux peuvent être conséquentes.
Aussi, la charge mentale des aidants est très importante et de plus en plus déclarent percevoir davantage les effets négatifs de ce rôle sur leur vie privée. Stresse, fatigue et perte de productivité : le statut d’aidant pèse sur la vie professionnelle.
De nombreuses bonnes pratiques existent pour accompagner les salariés aidants. En plus d’instaurer une culture de bienveillance, l’entreprise doit mettre en place des outils pour identifier les besoins de ses salariés aidants et ajuster les réponses apportées (adresser des questionnaires à ses salariés, apporter un soutien financier, faciliter l’accès à l’information utile, permettre une flexibilité dans la gestion des horaires…). Ensuite, des actions peuvent être pensées pour prévenir l’épuisement du salarié aidant comme faciliter un diagnostic santé lors de la visite médicale. Pour lutter contre l’isolement, l’entreprises peut mettre en relations les aidants sous forme de réseau et d’échange de bonnes pratiques. La santé du salarié aidant doit aussi être préservée en lui assurant des moments de répit et en facilitant la prise de congé. Il faut aussi considérer le salarié aidant comme un atout avec des ressources et des compétences spécifiques comme des soft skills telles que les aptitudes organisationnelles, prise de responsabilités, résilience…
Enfin, la Plateforme RSE recommande aux partenaires sociaux et aux fédérations professionnelles d’engager le dialogue sur la prise en compte des salariés aidants, de sensibiliser leurs parties prenantes, de faciliter la prise de congés mais également d’élaborer des outils pour identifier les enjeux et les intégrer dans les démarches RSE.
La Plateforme RSE a été installée par le Premier ministre au sein de France Stratégie en 2013. Il s'agit d'une plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises, regroupe les administrations compétentes, les organisations représentant les entreprises et le monde économique, les organisations syndicales de salariés, des représentants de la société civile et de la recherche, et comprend parmi ses membres un député et un sénateur.
Elle émet des avis sur les questions qui lui sont soumises et formule des recommandations sur les questions sociales, environnementales et de gouvernance soulevées par la responsabilité sociétale des entreprises (article 60 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 ; article 5 du décret n° 2013-333 du 22 avril 2013).
Les travaux de la Plateforme RSE sont le reflet des enjeux de la société en matière environnementale, sociale et économique, et de sa capacité à identifier et se saisir des alertes qui traversent la société. Les thématiques abordées sont, d’une part, des thématiques RSE transverses liées à la pratique de la RSE telles que le reporting extra-financier, les enjeux de gouvernance, les objectifs de développement durable, la compétitivité des TPE-PME, les relations entre donneurs d’ordres et soustraitants, etc., et, d’autre part, des thématiques plus spécifiques en lien avec les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux.