Le maintien à domicile est une volonté partagée par une immense majorité de Français. Mais derrière ce souhait se cache une réalité humaine indispensable : l’aide informelle. Selon l’enquête « Autonomie-Ménages 2022 », 11 % de la population de plus de 5 ans consacre du temps, de l’énergie et parfois des ressources financières à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie.
Un portrait-robot des aidants pluriel
Loin des clichés, l’aidant n'accompagne pas seulement une
personne âgée. Si 35 % soutiennent un parent et 24 % un conjoint, 19 % aident un enfant. De fait, la moitié des personnes aidées ont moins de 65 ans.
- Profil majoritaire : Des femmes (58 %).
- Âge moyen : 53 ans.
- Jeunes aidants : L'étude souligne une attention particulière pour les aidants dès 5 ans, un public souvent invisible dans les statistiques mais désormais au cœur des stratégies nationales.
Triple peine : moral, quotidien et financier
Pour un tiers des aidants, l'engagement est total. Ils cumulent les trois formes de soutien :
- Le soutien moral (95 %) : Présence et réconfort quasi systématiques.
- L’aide à la vie quotidienne (83 %) : Tâches ménagères, soins personnels, aide aux déplacements.
- L’aide financière ou matérielle (42 %) : Un soutien économique non négligeable.
L'investissement temporel est tout aussi impressionnant : si 44 % y consacrent moins d'une heure par jour, plus d'un aidant sur dix (11 %) y passe plus de 35 heures par semaine, l'équivalent d'un temps plein.
L’Allocation du proche aidant (
AJPA) a été MULTIPLIÉE par 4.
La solitude des aidants : un risque majeur
L'un des chiffres les plus marquants de l'étude concerne l'isolement : 30 % des aidants assument seuls leur rôle, sans aucun relais, qu'il soit professionnel, bénévole ou familial.
Cette situation est critique chez les couples : 61 % des conjoints aidants n’ont aucun soutien extérieur. Cette absence de relais est un facteur aggravant pour la santé physique et mentale de l'aidant, augmentant les risques d'épuisement et d'isolement social.
Graphique - Présence de co-aidants formels et informels parmi les proches aidants, selon le lien aidant–aidé :

Note > La catégorie « enfants » inclut aussi les gendres/belles-filles, et la catégorie « parents » inclut aussi les beaux-parents.
Lecture > 61 % des conjoints aidants n’ont ni de co-aidants informels, ni des co-aidants informels;
Champ > France métropolitaine, proches aidants de 5 ans ou plus qui déclarent apporter régulièrement au moins un type d’aide à une personne âgée de 5 ans ou plus vivant en logement ordinaire.
Source > Drees, volet Aidants de l'enquête Autonomie-Ménages (2022).
Le défi de la conciliation
Comment conjuguer ce rôle avec une vie active ? C'est le défi quotidien de 6 aidants sur 10.
- 58 % des aidants sont en activité, en recherche d'emploi ou étudiants.
- Parmi les aidants d'âge actif, 78 % travaillent ou étudient.
- Près de la moitié d'entre eux doivent aussi s'occuper d'un enfant à charge (en plus de la personne aidée).
Cette « génération sandwich », pressée entre les responsabilités professionnelles, l'éducation des enfants et le soin d'un proche, est aujourd'hui le moteur fragile du système de soin à domicile en France. Face à la pénurie d'aidants professionnels, leur rôle est plus que jamais le ciment de notre solidarité nationale.