Un nouveau mode de prélèvement en test dès 2025
Ce système s’inscrit dans la continuité des réformes engagées pour moderniser la gestion du statut d’auto-entrepreneur. D’après le communiqué officiel de l’Urssaf, une phase pilote débutera dès octobre 2025 sur un panel restreint de plateformes volontaires. Elle concernera d’abord des secteurs bien identifiés, comme la livraison, le transport, ou les prestations de services à la personne.
Concrètement, les plateformes partenaires, comme celles qui mettent en relation particuliers et prestataires pour le ménage, le jardinage ou la garde d’enfants, précompteront directement les cotisations sociales avant de verser la rémunération à l’indépendant.
« L’idée, c’est d’alléger les démarches et de sécuriser les revenus des travailleurs indépendants », explique un employé de l’Urssaf. « Beaucoup d’auto-entrepreneurs oublient ou retardent le paiement de leurs cotisations. Le prélèvement automatique vise à fluidifier le système. »
Selon Service Public Entreprendre, cette réforme s’appliquera progressivement à toutes les plateformes numériques dès 2026, avec une extension possible en 2027 pour les sites non européens ou opérant à l’international.
Une simplification administrative… mais pas sans défis
Aujourd’hui, chaque auto-entrepreneur doit déclarer mensuellement ou trimestriellement son chiffre d’affaires, avant de verser ses cotisations à l’Urssaf. Demain, cette procédure sera automatisée : la plateforme effectuera le calcul et reversera directement la part due. Pour beaucoup, cela représente une avancée majeure.
Selon Capital, le dispositif devrait notamment bénéficier aux professionnels réalisant un grand nombre de petites prestations, pour lesquels la déclaration manuelle est fastidieuse. Les plateformes concernées seront tenues d’afficher le montant net perçu et le taux de cotisation appliqué à chaque transaction.
Cependant, cette simplification soulève aussi des questions : les indépendants craignent de perdre la maîtrise de leur trésorerie. Certains redoutent que les plateformes n’anticipent mal les taux applicables, ou que les ajustements de fin d’année soient complexes à gérer.
« L’intention est bonne, mais il faudra garantir la transparence du calcul et éviter les erreurs automatiques », avertit Mathieu, auto-entrepreneur dans le nettoyage à domicile.
Chez Aladom, on accompagne déjà les particuliers employeurs dans leurs démarches fiscales, notamment à travers nos conseils pour gérer le prélèvement à la source. Une expérience qui illustre à quel point la simplification administrative est un enjeu majeur pour tous les acteurs du secteur.
D‘après les informations de Service Public Entreprendre, les premières plateformes concernées appartiendront à trois catégories :
- Les plateformes de livraison et de transport, comme Uber Eats ou Deliveroo.
- Les plateformes de services à la personne, telles que Wecasa ou Les Sherpas.
- Les plateformes de freelance et micro-prestations, comme Student pop ou StaffMe.
Le prélèvement à la source par les plateformes ne modifiera pas le taux global de cotisation, mais sa modalité de versement. L’auto-entrepreneur restera libre de gérer son activité, mais n’aura plus à effectuer de déclaration sur le site de l’Urssaf pour les revenus issus de plateformes participantes.
Pour chaque prestation, le montant versé sera donc net de cotisations sociales, visible sur le compte du travailleur. La plateforme devra transmettre les données en temps réel à l’Urssaf, garantissant ainsi une traçabilité complète des transactions.
D’après Previssima, ce dispositif vise aussi à mieux sécuriser les droits sociaux des travailleurs indépendants, en assurant une régularité des versements et un accès simplifié à leurs relevés de cotisations.
Une avancée vers plus d’équité et de transparence
Au-delà de la simplification administrative, cette réforme s’inscrit dans un mouvement plus large de régulation du travail sur plateformes. Elle permettra de lutter contre les sous-déclarations et de renforcer l’équité entre auto-entrepreneurs travaillant via des plateformes et ceux exerçant en direct.
Pour l’Urssaf, il s’agit aussi d’un moyen de moderniser la collecte des cotisations sociales tout en favorisant la transparence entre plateformes, indépendants et pouvoirs publics. Les autorités y voient une étape supplémentaire vers une protection sociale plus universelle.
Ce virage numérique s’inscrit dans une volonté plus large de l’Urssaf de rendre les démarches plus accessibles, notamment pour les nouveaux entrants sur le marché du travail. On le voit déjà avec les initiatives en faveur des jeunes actifs, comme le dispositif dedéclaration et d’accompagnement simplifié.
Cela marque un tournant important pour les auto-entrepreneurs. Pour les travailleurs des services à la personne, souvent dépendants de plateformes numériques, cette réforme pourrait simplifier le quotidien, tout en renforçant la traçabilité et la sécurité des revenus.
Reste à voir si la mise en œuvre technique, prévue à grande échelle en 2026, tiendra ses promesses sans alourdir la gestion pour les indépendants. Une chose est sûre : la relation entre plateformes et travailleurs est en train de changer et cette fois, c’est l’administration qui s’invite dans la boucle.