Un secteur en constante expansion
Les services à la personne regroupent un large éventail d’activités : aide à domicile, garde d’enfants, entretien de la maison, accompagnement des personnes âgées ou handicapées… Autant de métiers qui répondent à des besoins croissants dans une société marquée par le vieillissement démographique et l’évolution des modes de vie.
D’après les chiffres publiés par la DGE – Services à la personne, le secteur représente plus de 1,3 milliard d’heures déclarées par an et près de 4 millions de particuliers employeurs. En Occitanie, un salarié sur vingt exerce une activité relevant des services à la personne, selon La Dépêche. Une part particulièrement élevée dans les zones rurales et périurbaines, où la demande d’aide à domicile et de soutien aux familles est en plein essor.
L’Insee confirme cette tendance dans son dernier rapport sur les métiers de la proximité : depuis dix ans, les emplois dans le secteur ont progressé de 15 %, un rythme supérieur à la moyenne nationale. Toutefois, cette croissance s’accompagne d’importantes disparités régionales, certaines zones du sud-ouest ou de la façade atlantique concentrant une part importante des salariés à domicile.
Des métiers de vocation, mais souvent précaires
Malgré leur utilité sociale indiscutable, les métiers des services à la personne restent marqués par des conditions de travail difficiles et une faible reconnaissance salariale. En 2024, le salaire net médian dans le secteur atteignait 1 450 euros par mois, soit près de 20 % de moins que la moyenne nationale, selon l’Insee.
« Ce sont des métiers essentiels à la société, mais souvent considérés comme secondaires », explique Claire Maurin, auxiliaire de vie à Toulouse. « Beaucoup d’entre nous travaillent à temps partiel ou sur plusieurs contrats pour cumuler un revenu décent. »
Les écarts de rémunération sont également notables entre les statuts : les salariés d’entreprises ou d’associations bénéficient généralement de meilleures conditions que ceux employés directement par des particuliers via le CESU. De plus, neuf travailleurs sur dix sont des femmes, ce qui alimente le débat sur l’égalité professionnelle et la valorisation des emplois dits "féminisés".
La transparence salariale, un tournant attendu
Annoncée par la Commission européenne, la directive sur la transparence des salaires devra être appliquée en France au plus tard en 2026. Elle vise à réduire les inégalités salariales entre les femmes et les hommes en imposant plus de clarté sur les grilles de rémunération, les critères de promotion et les écarts de salaire à poste équivalent.
D’après Capstan Avocats, les entreprises de plus de 100 salariés devront publier les écarts de rémunération moyens entre les sexes et justifier tout écart supérieur à 5 %. À partir de 2028, cette obligation concernera les structures de plus de 50 salariés.
Cette mesure devrait concerner de nombreuses structures d’aide à domicile, notamment les grandes associations et réseaux de franchises, où les inégalités persistent. Une évolution que la presse spécialisée, à l’image de La Croix, qualifie de « pas décisif vers plus d’équité et de reconnaissance sociale ».
Cependant, pour les TPE et les particuliers employeurs, les impacts devraient être limités : la directive laisse aux États membres la possibilité d’adapter les obligations selon la taille de l’entreprise et le mode d’emploi.
Un secteur au cœur de la société de demain
Avec le vieillissement de la population et les nouveaux modes de travail, le secteur des services à la personne s’impose comme un pilier de l’économie de demain. Mais pour qu’il tienne ce rôle, il devra relever deux défis majeurs : la reconnaissance salariale et la professionnalisation durable de ses métiers.
« Le secteur des services à la personne a besoin de stabilité et de perspectives. On ne peut plus le considérer comme un secteur d’appoint », affirme un représentant d’une fédération d’aide à domicile cité par Insee.
Alors que la transparence salariale s’apprête à devenir une obligation légale, cette exigence d’équité pourrait bien marquer un tournant : celui d’une société qui reconnaît enfin la valeur de celles et ceux qui prennent soin des autres.