Trois parcours coordonnés, un cadre commun
Le décret du 5 août 2025 précise les modalités de fonctionnement de trois types de parcours coordonnés pour les jeunes en situation de handicap :
- Le parcours démarrant par une situation complexe
- Le parcours de bilan et d’intervention précoce (notamment pour les troubles du neuro-développement)
- Le parcours d’intervention renforcée (notamment en cas de polyhandicap ou paralysie cérébrale)
Comme le souligne la FHF, ce texte vient harmoniser le fonctionnement de ces parcours, longtemps fragmentés d’un territoire à l’autre. Il donne un cadre commun aux intervenants médico-sociaux, aux professionnels de santé, à l’Éducation nationale, et aux acteurs du champ social.
Chaque parcours est limité dans le temps :
- Le parcours de diagnostic précoce dure au maximum 6 mois
- Le parcours d’intervention renforcée peut aller jusqu’à 1 an, renouvelable une fois
Cette ambition de simplification rejoint aussi la réforme des MDPH de 2025, qui automatise notamment le statut RQTH pour une meilleure reconnaissance des jeunes en situation de handicap.
Un même objectif : ne laisser aucun jeune sans solution
L’objectif de ces parcours coordonnés est simple : permettre une prise en charge adaptée, réactive, et pluridisciplinaire pour les jeunes en situation de handicap, avant même l’admission dans un établissement ou un service médico-social.
Le blog Landot Avocats rappelle que ces parcours sont définis par les articles R.2134-1 à R.2136-3 du Code de la santé publique. Ils visent les jeunes pour lesquels des troubles à caractère durable ont été repérés, mais pour qui aucune solution satisfaisante n’a encore été identifiée. En clair : il s’agit d’éviter les ruptures de parcours.
Chaque parcours peut être initié par un professionnel de santé, un établissement scolaire ou un service social. Il est coordonné par un référent de parcours, qui peut appartenir à une structure médico-sociale, un DAC (dispositif d’appui à la coordination), une plateforme de coordination et d’orientation (PCO) ou un établissement sanitaire.
Quelles nouveautés concrètes ?
D'après Hospimedia, le décret introduit plusieurs avancées concrètes :
Financement des intervenants non conventionnés : les professionnels (orthophonistes, ergothérapeutes...) qui ne relèvent pas de l’Assurance maladie pourront être pris en charge dans le cadre du parcours. Une révolution pour certaines familles qui devaient jusque-là avancer les frais.
Portage territorial : les ARS peuvent désigner des opérateurs pour porter les parcours, assurant un pilotage local adapté aux besoins.
Cadre de prescription formalisé : le médecin prescripteur doit établir un document listant les objectifs, les durées, les professionnels impliqués et les modalités d’évaluation.
Le CNCPH a également salué la création d’un parcours à visée diagnostique, qui vient combler un vide pour les familles confrontées à l’errance diagnostique.
Et pour les familles ?
Pour les parents, ces parcours doivent permettre une meilleure lisibilité des accompagnements, une coordination simplifiée, et surtout un accès à des interventions financées rapidement, sans attendre des mois une orientation MDPH ou une place en établissement.
Dans certains cas, le parcours coordonné pourra être mis en place sans notification MDPH, ce qui constitue une vraie souplesse pour les familles en attente de réponse. Le rôle du référent de parcours est ici central : il s’assure que les rendez-vous s’enchaînent, que les professionnels se parlent, et que les objectifs sont suivis.
L’accompagnement des familles est également crucial : un de nos articles récents sur la parentalité et la scolarisation des enfants handicapés met en avant les besoins d’aides spécifiques, notamment dans la phase diagnostic.
Pour aller plus loin, notre espace dédié à l’aide au handicap recense les offres de services, d’emploi et d’accompagnement dans toute la France. Une ressource utile pour les familles, les aidants et les professionnels en quête de solutions concrètes au quotidien.
Le rapport du Défenseur des droits de mai 2025 met en lumière la réalité de ces ruptures de parcours. L’un des témoignages les plus marquants évoque le cas d’un enfant autiste ayant dû attendre deux ans pour une simple consultation dentaire : « Sur une quarantaine de dentistes contactés à Lyon, seuls deux ont accepté de recevoir notre fils… deux ans plus tard, la dent a dû être arrachée. »
Une mise en œuvre progressive, mais déterminante
Si le cadre réglementaire est posé, la mise en œuvre reste dépendante des dynamiques locales : coopération entre structures, volonté des ARS, moyens humains disponibles.
Les plateformes de coordination et les DAC auront un rôle clé dans le succès de cette nouvelle organisation. Il est aussi essentiel que les familles soient informées de leurs droits et des dispositifs existants. Le ministère de la Santé devrait prochainement lancer une campagne d’information.
Comme le rappelle France Stratégie, les jeunes en situation de handicap restent surreprésentés dans les dispositifs d’exclusion et sous-représentés dans l’emploi, même à diplôme équivalent. Ces parcours précoces, bien pilotés, peuvent être un levier d’égalité concrète.
Un témoignage partagé par Cap Emploi 59 témoigne de l’efficacité de cet accompagnement global : « Une grande écoute tout au long des entretiens… bilan des capacités… mise en relation avec les acteurs médico-sociaux… tout cela m’a permis de retrouver mon pouvoir d’agir et d’accéder à un emploi durable. »
En conclusion : un texte technique, mais un vrai tournant
Ce décret du 5 août 2025 ne fera peut-être pas la une des journaux, mais il marque un véritable tournant dans la façon dont on accompagne les jeunes en situation de handicap.
En fixant un cadre clair, harmonisé, et plus réactif, il vient répondre à des années de demandes des familles, des associations et des professionnels du secteur. Reste à le mettre en œuvre concrètement, territoire par territoire.
Chez Aladom, on suivra attentivement les premiers retours d’expérience de ces parcours coordonnés. Parce que mieux accompagner dès l’enfance, c’est aussi permettre à chacun de trouver sa place demain.