Un budget sous pression européenne et sociale
Le déficit public continue de peser lourd, sous la pression des institutions européennes et des agences de notation. Le gouvernement envisage donc des mesures drastiques : gel des prestations sociales, plafonds plus stricts pour certaines niches fiscales, réforme des dispositifs d'aide... sans épargner le médico-social. Ce plan s'inscrit dans un esprit d'austérité assumée, volontiers comparé à une "année blanche" pour les retraites.
Ce contexte tendu est d'autant plus instable que le projet de loi de finances n'est pas encore adopté : il est en examen à l'Assemblée nationale, avec une motion de censure possible qui pourrait faire capoter le texte ou le modifier considérablement. L'incertitude est totale.
Cinq mesures du projet de loi à suivre de très près
Gel des pensions et prestations sociales en 2026
Pour 2026, les pensions pourraient ne pas être revalorisées malgré l'inflation : ce que l'on appelle une "année blanche". Même constat pour l'ASPA, les APL ou d'autres aides. Ce gel reviendrait à une baisse du pouvoir d'achat net, avec des répercussions sur les choix de consommation des bénéficiaires.
Fin annoncée de l'abattement de 10 % pour les retraités
Actuellement, les retraités disposent d'un abattement fiscal de 10 % sur leurs revenus. Le projet prévoit de le remplacer par un forfait fixe de 2 000 euros, quel que soit le niveau des pensions.
- Pour les retraités modestes, cela pourrait s'avérer plus avantageux.
- Pour les revenus entre 20 000 et 30 000 euros par an, l'impact serait négatif : imposition accrue, baisse du reste à vivre.
Selon TF1 Info, 380 000 foyers supplémentaires pourraient devenir imposables, notamment en raison du gel du barème fiscal.
Un crédit d'impôt recentré sur les prestations essentielles
Le crédit d'impôt de 50 % sur les services à la personne est un pilier du secteur. Le gouvernement envisage de le restreindre aux prestations essentielles (aide à la dépendance, garde d'enfants, assistance aux personnes fragiles), en excluant les services dits de confort comme le ménage, le repassage ou le jardinage.
D'après Aleteia, la ministre des Comptes publics a assuré ne pas vouloir toucher à la garde d'enfants et à l'accompagnement des personnes âgées, jugés efficaces. Mais elle n'a pas mentionné les autres prestations.
Aucune nouvelle enveloppe pour les EHPAD
Le budget 2026 ne prévoit aucun financement supplémentaire pour les EHPAD, alors que la situation est déjà critique : plus de 70 % des établissements publics sont en déficit, selon la Fédération hospitalière de France.
Les conséquences potentielles :
- Moins de recrutements et de formations.
- Pression accrue sur les équipes existantes.
- Risques de fermetures ou de fusions d'établissements.
Les structures privées et associatives devront probablement repenser leur modèle économique.
Une surveillance renforcée des niches fiscales et du crédit d'impôt SAP
Les niches fiscales coûtent cher à l'État : le crédit d'impôt pour les services à la personne représente près de 6 milliards d'euros par an, et l'abattement de 10 % sur les pensions environ 4,5 milliards.
Le gouvernement entend évaluer l'efficacité réelle de ces dispositifs : qui en bénéficie vraiment ? Quel impact sur l'emploi ? Existe-t-il des dérives ? Le secteur devra prouver sa plus-value sociale, son efficacité économique et sa transparence.
Comme nous le rappellons dans un article, réduire les niches fiscales liées à la santé et à la dépendance pourrait fragiliser un équilibre déjà précaire pour les familles et les professionnels engagés auprès des publics vulnérables.
Conséquences concrètes pour les acteurs du secteur
Côté bénéficiaires : baisse du pouvoir d'achat, hausse des impôts, arbitrages financiers. Les prestations jugées "confort" pourraient être délaissées au profit des soins et aides essentielles, mais des services adaptés restent disponibles partout en France pour répondre aux besoins de chacun.
Côté professionnels : nécessité de repenser leur offre, de cibler les besoins prioritaires (garde, dépendance, accompagnement), et de réajuster leur communication aux nouvelles réalités fiscales.
Côté gestionnaires : anticipation budgétaire nécessaire, renforcement du dialogue avec les financeurs, et adaptation à une éventuelle baisse des volumes.
- Suivre de près les discussions parlementaires : texte, amendements, délais.
- Adapter son offre de services : distinguer les prestations essentielles de confort.
- Informer les bénéficiaires : accompagner dans leurs arbitrages.
- Valoriser son impact social et humain : chiffres, témoignages, indicateurs.
- Rejoindre les collectifs professionnels : faire bloc pour défendre la pertinence du secteur.
Un tournant pour les services à la personne
Le budget 2026 marque un tournant décisif. Entre austérité, restrictions fiscales et remise en question des dispositifs historiques, les services à la personne doivent plus que jamais faire preuve d'agilité. Rester informé, adapter son activité, valoriser son utilité sociale : voici les clés pour traverser cette période d'incertitude.
Restez proches de vos bénéficiaires. Soyez transparents, réactifs et solidaires. Dans ce contexte, le lien humain reste la meilleure réponse à l'instabilité budgétaire.
Découvrez notre podcast « Servez-vous » : Dans cet épisode, on décrypte les grandes lignes du budget 2026 et ses conséquences concrètes pour les services à la personne.