La fin d'une ère
Il y a quelques mois à peine, Monster tentait une manœuvre désespérée en fusionnant avec son ancien concurrent, CareerBuilder, un logiciel de gestion de candidatures également en déclin. Cette joint-venture, censée redonner un second souffle à Monster, s'est avérée être un mariage de la dernière chance entre deux entreprises en mauvaise santé.
Les employés de Monster viennent d'apprendre que l'entreprise était placée sous le Chapter 11, l'équivalent américain d'une situation de pré-faillite. Les équipes européennes ont été informées début juin que les actionnaires avaient décidé de "lâcher" et d'entamer un processus de vente accéléré des actifs.
Une vente aux enchères désespérée
Selon
les echos, à l'issue d'une vente aux enchères, c'est la société Bold, fondée par deux anciens de Monster, qui devrait acquérir l'activité recherche d'emploi de Monster + CareerBuilder pour 28 millions de dollars, selon Reuters. Les deux autres activités de l'entreprise seront vendues séparément, pour un total de 57 millions de dollars. En 2016, Monster seul avait été racheté 387 millions d'euros par Randstad. Bold s'engage à maintenir 350 emplois, mais la société fusionnée employait 935 personnes à travers le monde.
- BOLD rachète les plateformes d’emploi Monster.com et CareerBuilder
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Mais il n'y a aucun repreneur pour les activités commerciales en Europe, marché jugé non stratégique. La liquidation de Monster et CareerBuilder prononcée le 17 juillet. En Europe, 200 emplois sont menacés, dont 25 en France. Les salariés européens ne savent pas s'ils pourront continuer à percevoir leurs salaires pendant les prochains mois. Laurent Brouat dans sa newsletter dédiée aux RH en France parle d'un
Scandale Monster et Randstad.
Un géant en déclin
Au début des années 2000, Monster dominait le marché du recrutement digital. En 1999, "Les Echos" avaient raconté l'arrivée de Monster sur le marché français, décrivant le débarquement "d'un bulldozer du marketing." L'entreprise fondée par Jeff Taylor détenait alors 60 % du marché américain du recrutement en ligne. En France, Monster avait réussi à se hisser en quelques mois à la deuxième place en termes de parts de marché grâce à d'importants investissements en marketing.
Cependant, le site Internet a fini par perdre du terrain face à la concurrence d'
Indeed, de LinkedIn, d'Hellowork et des plateformes d'offres d'emploi directement gérées par les entreprises. La fusion avec CareerBuilder n'a pas réussi à renflouer le niveau d'endettement de l'entreprise. Monster + CareerBuilder étaient endettées à hauteur de 392,5 millions de dollars.
L'histoire de Monster est un rappel poignant de la rapidité avec laquelle les géants peuvent tomber. Dans un monde en constante évolution, même les pionniers les plus établis doivent innover pour survivre. La fin silencieuse de Monster marque la fin d'une ère, mais aussi le début d'une nouvelle réflexion sur l'avenir du recrutement en ligne.