Appuyée par le ministère de la Santé, une stratégie nationale de préparation à l’été 2025 a été lancée, visant à garantir l’accès aux soins dans tous les territoires. Et cette année, plus que jamais, les acteurs du domicile s’imposent comme un maillon essentiel de la réponse sanitaire.
Une chaleur hors norme, une alerte nationale
Selon Météo France et BFMTV, plus de 80 départements sont en vigilance orange dès le 30 juin, une situation inédite pour un mois de juin. Dans certaines villes comme Toulouse, Lyon ou Bordeaux, les températures ressenties dépassent les 42°C. Les services d’urgence font déjà état d’une recrudescence de cas de déshydratation, malaise, hyperthermie et aggravation de pathologies chroniques.
"Depuis une semaine, nos équipes ne désemplissent pas. Et l’âge moyen des patients hospitalisés pour coups de chaleur a largement baissé cette année", alerte un urgentiste du CHU de Lyon, pour BFMTV.
Le ministère de la Santé a activé dès la mi-juin le numéro vert Canicule Info Service (0 800 06 66 66), et relancé les messages de prévention sur les gestes à adopter. Mais face à la réalité du terrain, la prévention ne suffit plus : l’anticipation devient un levier vital.
Cette situation renforce les questions sur l’adaptation des structures d’accueil aux fortes chaleurs. Nous avons déjà exploré dans un article dédié les limites des équipements actuels dans les établissements pour personnes âgées, et l’urgence d’une transformation plus structurelle.
Pour aller plus loin, écoutez notre épisode dédié dès le 23 juillet :
Les soins à domicile comme première réponse
Dans ce climat d’urgence, les prestataires de santé à domicile (PSAD), réunis au sein de l’UPSADI, montent en puissance. Dans un communiqué publié le 25 juin, l’organisation rappelle que ses 2 350 prestataires accompagnent plus de 4 millions de patients partout en France, y compris dans les déserts médicaux. Et que leur expertise peut faire la différence pour traverser l’été sans basculer dans la crise sanitaire.
"Nous avons l’habitude d’intervenir en urgence, en proximité, en relais. Cet été, plus que jamais, nous sommes prêts à mettre cette capacité au service du système de santé", affirme Didier Daoulas, président de l’UPSADI.
Trois missions clés pour un été sous tension
Les PSAD sont particulièrement sollicités pour trois types d’interventions :
Préparer les départs en vacances des patients fragiles :
- Vérification des dispositifs médicaux (oxygénothérapie, nutrition artificielle, perfusions, etc.)
- Organisation logistique des livraisons sur le lieu de séjour
- Coordination avec les soignants locaux
Assurer une continuité nationale des soins :
- Télésuivi à distance des patients (apnée du sommeil, pathologies respiratoires)
- Transfert de données médicales sécurisé
- Mise en relation immédiate avec un prestataire local
Intervenir en urgence, même dans les territoires reculés :
- Réhydratation à domicile sur prescription, pour éviter les hospitalisations
- Dépannage ou remplacement de matériel médical (pompes à insuline, concentrateurs d’oxygène)
- Astreinte 24h/24, y compris en zone touristique
"Nous avons évité plusieurs passages aux urgences cette semaine en intervenant rapidement au domicile de patients à haut risque. Ce sont des hospitalisations évitées, des vies sécurisées, et un hôpital désengorgé", souligne une infirmière coordinatrice du réseau Santé-Domicile d’Occitanie, dans un article sur ProSeniors.fr.
L’importance d’anticiper, même à domicile
Une des grandes leçons des précédents étés est l’importance de l’anticipation. Le plan national canicule insiste sur la mise à jour des registres des personnes vulnérables, mais aussi sur la mobilisation des aidants, des voisins, et des soignants de proximité.
Dans ce contexte, les PSAD deviennent aussi des relais d’information et de vigilance. Ils alertent si un patient ne suit pas correctement son traitement, si un domicile semble insuffisamment équipé pour affronter la chaleur, ou si un soutien psychologique est nécessaire.
"Nous avons appelé tous nos patients sous oxygène pour vérifier leurs conditions de vie. Une dame isolée n’avait plus d’eau potable : on a déclenché une intervention dans l’heure", raconte Julie, technicienne intervenante dans les Landes.
Un été qui doit servir d’exemple pour l’avenir
La stratégie nationale de préparation à l’été 2025 marque un tournant. Pour la première fois, les soins à domicile sont pleinement intégrés dans la réponse sanitaire coordonnée, et non considérés comme un plan B.
Cette reconnaissance, si elle est consolidée, pourrait ouvrir la voie à une transformation plus profonde du système de santé, en s’appuyant sur les solutions existantes plutôt que d’en inventer de nouvelles chaque été.
"Mobiliser les PSAD, c’est miser sur des professionnels déjà formés, disponibles, organisés. C’est du bon sens sanitaire, budgétaire et humain", martèle Didier Daoulas.
Ce qu’il faut retenir
- L’été 2025 s’ouvre sous une canicule historique : 84 départements en alerte, écoles fermées, urgences saturées...
- Les soins à domicile jouent un rôle central pour éviter des hospitalisations évitables.
- Trois missions clés sont assurées par les PSAD : préparation, continuité et intervention urgente.
- Une coordination renforcée avec les acteurs de terrain permet une réponse fluide et humaine.
- Le ministère de la Santé a pleinement intégré cette dynamique dans sa stratégie estivale.
En 2025, la santé à domicile n’est plus une alternative : c’est un pilier essentiel d’une réponse sanitaire moderne, agile et humaine face aux canicules à répétition.