Le conclave : une tentative de consensus avortée
Annoncé comme une démarche de concertation inédite, le conclave devait permettre de sortir par le haut du chaos laissé par la réforme de 2023. Réunissant syndicats, patronat et représentants politiques, il visait à poser les jalons d’un système plus lisible, plus juste, notamment sur la pénibilité, la carrière longue ou la retraite progressive.
Mais après plusieurs semaines de discussions tendues, aucun accord n’a été trouvé. Les syndicats ont claqué la porte, dénonçant un cadre trop rigide et un manque d’ambition sociale. Les patrons, eux, ont refusé tout retour sur les mesures votées, notamment l’âge légal à 64 ans. Résultat : le conclave a accouché d’un non-accord, malgré les efforts de Bayrou pour maintenir le dialogue.
« Nous étions à deux doigts d’un compromis. C’est d’autant plus cruel que chacun, au fond, voulait avancer », a déclaré François Bayrou dans Le Monde (24 juin 2025).
Une majorité sous tension, la gauche en embuscade
Cet échec a ravivé les fractures au sein de la majorité présidentielle. Le MoDem, dont Bayrou est le chef de file, a vu certains de ses députés exprimer ouvertement leur malaise face à la stratégie de l’exécutif. Du côté de l’opposition, le Parti socialiste n’a pas tardé à dégainer une motion de censure, dénonçant une trahison du dialogue social et la vacuité du processus engagé.
« Bayrou s’est discrédité. Il a tenté de faire croire qu’il allait rouvrir le débat, mais il s’est contenté de verrouiller le statu quo », a fustigé un député PS sur Mediapart.
L’avenir politique du Haut-commissaire au Plan est désormais flou. S’il a réaffirmé vouloir rencontrer les partenaires sociaux dans les semaines à venir, le crédit politique de cette démarche semble largement entamé.
La pénibilité : un point de blocage majeur
Parmi les sujets qui ont cristallisé les tensions figure celui de la pénibilité. Les syndicats réclament depuis des années une meilleure prise en compte des métiers physiquement ou psychologiquement éprouvants. Mais la réforme de 2023, en supprimant certains critères et en réduisant le compte professionnel de prévention (C2P), avait déjà semé la colère.
Dans le conclave, les discussions ont trébuché sur la redéfinition des critères, la reconnaissance des troubles musculosquelettiques et la mise en place de départs anticipés plus larges. Sans surprise, les positions sont restées inconciliables, comme le note Le Point dans son dossier du 25 juin.
Des pistes individuelles pour contourner l’impasse
En parallèle de la cacophonie institutionnelle, de plus en plus de Français cherchent à sécuriser leur retraite de manière autonome. Le développement du CDI senior en 2025 a, par exemple, offert une nouvelle voie à ceux qui souhaitent partir plus tôt tout en continuant à cotiser.
"Grâce à mon CDI senior, je peux partir à taux plein à 60 ans. C’est un soulagement car je ne me voyais pas aller jusqu’à 64 dans mon métier de cariste", témoigne Jean-Michel, 59 ans, dans une interview pour Cap Retraite.
Les simulateurs de retraite, les placements dans des produits d’épargne retraite (PER) et les reconversions post-60 ans connaissent aussi un regain d’intérêt. En somme, la confiance dans le système collectif s’effrite, et chacun tente désormais de jouer sa propre carte.
Parmi les dispositifs d’accompagnement récemment déployés, le programme Boost 50+ représente une véritable opportunité pour les seniors en recherche d’activité ou de reconversion. Pensé pour favoriser le retour à l’emploi après 50 ans, il vise à restaurer la confiance et valoriser les compétences accumulées.
Des syndicats inflexibles, une opinion résignée
Malgré les échecs répétés, les syndicats ne semblent pas prêts à revenir à la table. Dans un article publié par Les Échos, les principales centrales (CFDT, CGT, FO) ont d’ores et déjà fermé la porte à une nouvelle tentative de négociation sous la surveillance de Bayrou. "On ne joue pas deux fois la même comédie", glisse un négociateur anonyme.
Dans l’opinion, un certain fatalisme semble s’installer. Les Français ont massivement rejeté la réforme de 2023, mais peinent à croire à un retour en arrière. Pour beaucoup, l’enjeu est désormais ailleurs : comment s’adapter au nouveau paysage, plutôt que de croire à une refondation impossible.
Ce qu’il faut retenir
- Le conclave des retraites, piloté par François Bayrou, a échoué à créer un consensus entre syndicats et patronat.
- L’échec relance la contestation politique, avec une motion de censure portée par le Parti socialiste.
- Les débats ont notamment buté sur la pénibilité, la retraite progressive et les carrières longues.
- En parallèle, des dispositifs comme le CDI senior connaissent un vrai succès auprès des actifs en fin de carrière.
- L’opinion publique, elle, oscille entre résignation et stratégie individuelle pour sauver sa retraite.
En 2025, la question des retraites reste donc un point de fracture majeur de la société française, à la fois politique, social et personnel. Loin d’être réglé, le débat semble aujourd’hui entrer dans une nouvelle phase : celle des chemins parallèles, entre immobilisme institutionnel et initiatives individuelles.