Une mesure-clé pour réduire les passoires thermiques
Depuis son lancement en 2020, MaPrimeRénov' a financé plus de 2,5 millions de projets de rénovation énergétique. Destinée à tous les foyers, quels que soient leurs revenus, la prime soutient les travaux visant à améliorer la performance thermique des logements : isolation, changement de chaudière, installation de pompes à chaleur, etc.
En 2024, l’exécutif avait amorcé un tournant en priorisant les parcours de rénovation dits « performants » (globalement plus lourds), au détriment des « monogestes » (un seul type de travaux). Cette stratégie visait une meilleure efficacité énergétique globale... mais s'est rapidement heurtée à la réalité du terrain.
Le revirement gouvernemental : maintien partiel des "monogestes"
Mi-juin 2025, face à la gronde des artisans et des particuliers, le gouvernement annonce un assouplissement. Les monogestes ne seront pas totalement abandonnés : les aides pour des travaux isolés, comme l’isolation des murs, les changements de chaudière ou les installations de VMC, sont finalement maintenues.
Mais attention, ce maintien n’est pas total : les aides sont recentrées sur les travaux jugés les plus efficaces. Par exemple, le simple remplacement de menuiseries (fenêtres, portes) pourrait être exclu, sauf s’il s’inscrit dans un bouquet de travaux plus large.
« C’est une victoire en demi-teinte. On est contents que les aides ne soient pas supprimées, mais l’incertitude a déjà fait du mal à notre activité », confie Romain, artisan à Abbeville, à Actu.fr.
Une communication défaillante et des conséquences lourdes
Cette confusion a été largement documentée, notamment dans cet article où nous revenons sur les zones d’ombre, les annonces contradictoires et la désorganisation provoquée par la suspension temporaire du dispositif. Une cacophonie qui a nui à la confiance des usagers et désorienté les acteurs de terrain.
L’annonce initiale d’une suppression des monogestes a entraîné une chute brutale des demandes et semé le doute chez les particuliers. Des chantiers ont été mis en pause, certains devis ont été annulés, et de nombreux artisans dénoncent une instabilité insupportable pour le secteur.
« C’est la cerise sur le gâteau », réagit un entrepreneur du bâtiment interrogé par France Bleu. « Les clients ne savent plus s’ils doivent avancer ou attendre. Et nous, on se retrouve à devoir gérer l’incertitude financière. »
Du côté des collectivités et des préfets, la communication du ministère de la Transition écologique a été jugée floue, forçant plusieurs régions à publier elles-mêmes des communiqués de clarification.
Ce qui change concrètement à partir de juillet 2025
- Les aides pour les monogestes sont maintenues pour les travaux les plus efficaces, notamment :
- l’isolation thermique des murs et toitures
- l’installation de chaudières à granulés ou pompes à chaleur
- la ventilation mécanique contrôlée (VMC double flux)
- Les aides pour les menuiseries, volets ou portes sont quant à elles conditionnées à une rénovation globale, ou exclues si isolées.
- Le montant des aides pourra être modulé selon les revenus, comme prévu jusqu’à présent.
Un simulateur mis à jour est annoncé pour juillet afin d’éviter les mauvaises surprises.
Des professionnels écoeurés
« On est prêts à accompagner la transition énergétique, mais pas à encaisser des revirements politiques tous les six mois », tempête Fabienne, dirigeante d'une entreprise générale de rénovation à Metz. « La CAPEB nous avait pourtant alertés, mais personne n'écoute les petites structures. »
« J'avais des clients prêts à faire isoler leurs combles, ils ont tout annulé à cause du flou sur les aides », ajoute Damien, couvreur dans l'Oise. « Depuis, le planning est vide. On tourne en sous-effectif. »
Un dispositif toujours stratégique pour l’Etat
Malgré le cafouillage, l’exécutif maintient que MaPrimeRénov' reste un levier essentiel de la politique de réduction des émissions et de lutte contre les passoires thermiques. Les logements très énergivores représentent près de 5 millions de résidences principales en France, et leur rénovation est un enjeu majeur pour atteindre les objectifs climatiques 2030.
Dans ce contexte, le gouvernement tente de rééquilibrer le dispositif pour favoriser les rénovations profondes, sans abandonner les gestes simples, plus accessibles financièrement.
Et côté particuliers ?
Certains particuliers se sont tournés vers des aides complémentaires, comme MaPrimeAdapt’, qui permet de financer des aménagements pour le maintien à domicile (monte-escaliers, douches accessibles, etc.). Cette prime, souvent méconnue, constitue une alternative précieuse pour les seniors et les personnes en situation de handicap.
La confusion reste grande. Beaucoup de foyers aux revenus modestes ou moyens avaient prévu des travaux fin 2024 ou en 2025. L’instabilité du dispositif les pousse aujourd’hui à reporter, voire renoncer à leurs projets.
« J'avais enfin réussi à mettre un peu de côté pour changer ma vieille chaudière fioul. Quand j'ai appris que la prime pouvait être supprimée, j'ai stoppé net », raconte Martine, 62 ans, retraitée à Bourges, dans Le Parisien. « Je ne peux pas me permettre de prendre un risque. »
Un sentiment partagé par de nombreux ménages qui déplorent le manque de stabilité des aides publiques, pourtant censées inciter à agir.
Vers une simplification et une stabilité réclamées
Une simplification est d’ailleurs en cours, comme nous le détaillions dans cet article. Le gouvernement souhaite rendre le parcours plus lisible, avec une meilleure articulation entre les différentes aides, notamment pour les rénovations les plus ambitieuses.
Les professionnels comme les particuliers demandent aujourd’hui une feuille de route claire, lisible et stable sur plusieurs années. Une demande que le ministère a promis d’entendre, en annonçant pour septembre 2025 un plan pluriannuel de la rénovation.
En attendant, la prudence est de mise : les devis doivent être rédigés avec des clauses de révision, les aides vérifiées au jour près, et l’accompagnement par des conseillers France Rénov’ est plus que jamais recommandé.
Ce qu’il faut retenir
Pour ceux qui envisagent des travaux plus larges liés à l’autonomie ou à la qualité de vie à domicile, il est également possible de consulter notre page dédiée à l’aménagement du domicile, qui recense les prestataires et dispositifs existants.
- MaPrimeRénov' est partiellement maintenue pour les monogestes jugés efficaces.
- L'évolution du dispositif a semé la confusion et perturbé l'activité du secteur.
- Une clarification nationale est attendue pour septembre 2025, avec un plan de stabilisation.
En attendant, mieux vaut s'informer en amont, faire appel à des professionnels reconnus et ne rien engager sans certitude sur les aides disponibles.
En parallèle, la réflexion autour de MaPrimeRénov’ s’inscrit dans un contexte plus global où d'autres aides fiscales sont également sous tension, à l’image du crédit d’impôt pour les services à la personne, lui aussi visé par des pistes de réforme budgétaire.