Une décision motivée par des fraudes et une forte demande
MaPrimeRenov avait été simplifié début 2024. Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a confirmé cette suspension lors des questions au gouvernement au Sénat du 4 juin 2025, évoquant « de nombreuses demandes et fraudes ». Malgré cette suspension, le ministre a assuré devant la commission des Affaires économiques du Sénat que le gouvernement avait « bien l’intention de rétablir le fonctionnement [du dispositif] avant la fin de l’année ».
Un impact considérable sur les ménages et les professionnels
En 2024, MaPrimeRénov' a permis de financer 340 800 dossiers de rénovation, dont 91 000 de grande ampleur, pour un montant total de 3,3 milliards d’euros. Cependant, face à l'augmentation des demandes, le budget alloué a été réduit de 2 milliards d’euros par rapport aux annonces initiales, passant de 4,5 à 2,3 milliards d’euros. En 2025, le budget a été reconduit au même niveau, insuffisant pour répondre aux besoins.
Des Conséquences Multiples
La Fédération BATI-MAT-TP CFTC a également dénoncé cette suspension, la qualifiant de « véritable coup de massue pour les salariés du bâtiment et les entreprises ». La fédération a demandé la réactivation immédiate du dispositif, un préfinancement des aides, un plan d’urgence pour renforcer l’ANAH, un accompagnement renforcé des ménages les plus modestes et un dispositif de lutte contre la fraude dès le début de l'été.
Que se passe t-il pour les dossiers MaPrimeRenov déjà déposés ?
Que se passe t-il pour les dossiers déjà déposés ? Cette question revient fréquement sur les groupes Facebook consacrés à MaPrimeRénov'.
La ministre a annoncé que " Les dossiers non frauduleux déposés avant la fermeture seront instruits et payés dans les meilleurs délais, et une démarche d'accélération de l'instruction sera mise en place ".
Un enjeu de santé publique
Au-delà des aspects économiques, la rénovation énergétique est également un enjeu de santé publique. Rénover un logement permet de faire baisser la température de sept à huit degrés en plein été, réduisant ainsi les risques liés aux canicules. En août 2003, environ 15 000 décès ont été à déplorer du fait de la canicule, un phénomène que le réchauffement climatique rend de plus en plus fréquent.
La suspension de MaPrimeRénov' soulève des questions sur la capacité du gouvernement à soutenir la transition énergétique tout en luttant contre la fraude. Les professionnels du secteur et les ménages attendent des réponses concrètes et rapides pour garantir la continuité des chantiers et la protection des emplois. La concertation et le dialogue social semblent essentiels pour trouver des solutions équilibrées et éviter des injustices collectives.
L'objectif initial ambitieux de MaPrimeRénov' était de rénover au moins 700 000 logements par an sur cinq ans, en mettant en avant un dispositif présenté comme simple et bien connu des Français. Cependant, les chiffres révèlent une réalité plus contrastée. Selon l'ONRE, en 2020, seulement 53 000 logements ont été entièrement rénovés grâce à ce dispositif, sur un total de 140 000 dossiers engagés. L'Audit Flash de 2021 indique que 141 000 primes ont été accordées cette année-là. En 2021, la Cour des comptes rapporte que 644 000 primes ont été distribuées pour un montant de 2,06 milliards d'euros, mais ces chiffres ne reflètent pas forcément des rénovations complètes.
Ces données soulignent un écart significatif entre les objectifs fixés et les résultats obtenus, mettant en lumière les défis rencontrés dans la mise en œuvre effective de ce programme de rénovation énergétique.
Encore une fois, nous voici confrontés à une décision incompréhensible de la part des autorités ! La suspension de MaPrimeRénov est un véritable coup dur pour notre secteur.
Comment peut-on travailler dans de telles conditions ? Les règles changent constamment, et nous, artisans, sommes toujours les derniers informés. Nos chantiers sont en suspens, et les paiements ne suivent pas. C'est une situation intenable !
Nos clients sont perdus, ils ne savent plus à quelles aides ils ont droit et reportent indéfiniment leurs projets de rénovation. Comment voulez-vous que nous planifions notre travail et assurions la stabilité de nos entreprises dans ces conditions ? Les retards s'accumulent, les factures aussi, et c'est toute la filière qui en pâtit.
Nous demandons des réponses claires et une stabilité des dispositifs d'aides. Il est grand temps que nos dirigeants prennent conscience des conséquences désastreuses de leurs décisions sur le terrain. Assez de changements incessants, assez d'incertitudes ! Nous méritons mieux que cela.