Une réalité bien ancrée

Aujourd’hui en France, près d’un million de personnes de plus de 50 ans sont au chômage. Et derrière ce chiffre, il y a des visages, des histoires, des parcours cabossés par des plans sociaux, des reconversions forcées ou simplement l’usure d’un marché qui valorise la jeunesse au détriment de l’expérience. Trop vieux pour convaincre, pas encore assez pour la retraite : voilà le paradoxe dans lequel se retrouvent beaucoup de ces demandeurs d’emploi. 

Le programme Boost 50+, porté par France Travail, a été pensé pour offrir un accompagnement spécifique à ces profils souvent invisibilisés. Il sera testé dès l’automne 2025 dans plusieurs régions avant un éventuel déploiement national en 2027. 

Un programme qui mise sur la (re)mise en mouvement

Concrètement, Boost 50+, c’est quoi ? Un parcours d’accompagnement de 8 à 12 semaines, construit autour de plusieurs leviers : 

  • Des ateliers collectifs pour reprendre confiance, repenser son projet professionnel, apprendre à valoriser son parcours.
  • Un coaching individuel avec un conseiller dédié, pour travailler en profondeur les freins spécifiques.
  • Des mises en relation avec des recruteurs sensibilisés à la richesse des profils seniors.
  • Et surtout : un suivi dans la durée, même après une reprise d’activité. 

L’idée n’est pas de cocher des cases, mais de redonner du souffle, du sens, et surtout des perspectives concrètes. 

Une campagne pour casser les clichés

En parallèle du lancement du programme, le gouvernement a initié une campagne de communication intitulée "50 ans et + : comptons sur l’expérience". Objectif : démonter les idées reçues qui plombent les candidatures des seniors. Non, ils ne sont pas dépassés. Non, ils ne sont pas figés dans leurs habitudes. Oui, ils savent s’adapter, apprendre, rebondir. 

Des portraits inspirants, des témoignages, un site ressource, des outils pour les recruteurs… Tout est fait pour (re)donner une visibilité positive à ces talents souvent sous-estimés.

Et pour ceux qui ne retrouvent pas leur place dans le salariat classique, la création d’activité après 50 ans séduit de plus en plus : une façon de reprendre la main sur sa trajectoire, de monétiser son expertise ou simplement de rester actif, à son rythme.

Un signal fort dans une stratégie plus large

Boost 50+ n’arrive pas seul. Il s’inscrit dans un plan plus large qui vise à mieux intégrer les seniors dans le monde du travail. Parmi les autres mesures en cours : 

  • La retraite progressive dès 60 ans, pour aménager la fin de carrière sans couper net.
  • Le contrat de valorisation de l’expérience, pour encourager les entreprises à miser sur le transfert de savoir-faire.
  • Des incitations financières à l’embauche, pour lever les freins côté employeurs. 

Autrement dit : faire des 50+ des actifs comme les autres, ni plus ni moins. Avec leurs forces, leurs fragilités, et surtout, leur légitimité. 

Des premiers retours entre espoirs et prudence

Sur le terrain, les réactions oscillent entre soulagement et vigilance. Alain, 58 ans, ex-technicien devenu chauffeur VTC, confie : "Quand on vous appelle pour suivre un programme comme ça, ça redonne un peu d’énergie. On se sent considéré. Après, faudra voir si les entreprises jouent le jeu." 

Côté recruteurs, certains saluent l’initiative, notamment dans les secteurs en tension (transport, médico-social, logistique). D’autres, encore frileux, continuent d’associer âge à coût ou rigidité. D’où l’importance d’une double pédagogie : pour les candidats comme pour les employeurs. 

L’expérience, un atout à réhabiliter

Un choix qui n’est pas sans exigence : les seniors qui se lancent en indépendant doivent composer avec un rythme de travail souvent intense, comme le montre la dernière étude sur le temps de travail des freelances. 

Avec Boost 50+, l’État pose une question simple mais cruciale : et si l’expérience était enfin perçue comme un vrai levier de performance, et non comme un frein ? Dans un monde du travail en constante mutation, les profils capables de s’adapter, de transmettre, d’avoir du recul… sont plus précieux que jamais. 

La plateforme France Travail  propose déjà un accès à des ateliers adaptés, mais l’enjeu est aussi culturel. Il s’agit de changer les mentalités, de relancer la discussion sur la place des seniors dans l’entreprise, et surtout, de redonner confiance à ceux qui doutent. 

Une bataille d’image… mais aussi d’opportunités

D'autant qu'il ne suffit pas de parler inclusion pour qu’elle devienne réalité. Il faut des actions, du concret, du suivi. Et c’est ce que promet Boost 50+. En redonnant de la visibilité à ces profils trop souvent mis de côté, le gouvernement tente une reconquête du marché du travail par l’expérience. 

C’est un pari. Mais c’est aussi un signal d’espoir, pour tous ceux qui ont cru, un jour, que c’était trop tard. 

Pour aller plus loin

Dans cet épisode du podcast "Servez-vous", nous explorons un sujet souvent négligé mais crucial : comment le vieillissement affecte notre santé mentale. Alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter, de nouveaux défis émergent, notamment en matière de troubles mentaux chez les seniors. 
⮕ Écouter l'épisode : Comment bien vieillir et maintenir une bonne santé mentale ?