Il y a peu, nous faisions un focus sur l’un des temps forts de l’année pour l’écosystème santé : SantExpo 2025, rendez-vous incontournable des professionnels du secteur. Cette édition a une fois de plus démontré la vitalité et la capacité d’innovation des acteurs français, qu’ils soient issus du monde hospitalier, des startups ou des politiques publiques. Un exemple que suivent de nombreux acteurs de la santé de demain. Pour un aperçu complet de cette dynamique, retrouvez notre article dédié à SantExpo 2025.
Une médecine plus précise, plus prédictive… et plus humaine ?
De la biotech à l’intelligence artificielle, la santé du futur s’invente aujourd’hui dans les laboratoires de startups audacieuses. À l’image de Metyos, lauréate du prix i-Lab, qui développe un pancréas artificiel connecté pour les patients diabétiques. Ou encore Hephaï, dont l’application guide les asthmatiques dans l’usage de leur inhalateur via un coach vocal alimenté par IA.
Ces innovations ne visent pas seulement à gagner en efficacité : elles cherchent aussi àrendre les patients acteurs de leur parcours de soin, en favorisant l’autonomie et la prévention.
Pour Didier Cadic, directeur de l’innovation chez Generali France, l’innovation ne peut pas se limiter à une course technologique. Elle doit rester profondément humaine. "L’innovation en santé doit être centrée sur l’humain. Chez Generali, nous croyons en une approche collaborative pour développer des solutions qui répondent réellement aux besoins des patients", déclarait-il récemment dans une interview accordée à Future4Care. Une vision qui rappelle que la technologie n’est qu’un levier, et non une finalité, dans la transformation du parcours de soins.
Dans un pays où 20 millions de personnes vivent avec une maladie chronique, la personnalisation du suivi et l’aide à l’observance deviennent des priorités. Les startups de la e-santé l’ont bien compris, et se positionnent là où les systèmes traditionnels peinent parfois à répondre à la demande.
Des ancrages régionaux forts
L’écosystème santé ne se limite plus à Paris. Montpellier, par exemple, devient un véritable laboratoire à ciel ouvert. Dans son récent article, Le Pointmet en avant des projets portés par des acteurs locaux, commeAiiNTENSE, spécialisée dans la détection précoce d’AVC grâce à l’IA, ou encore le pôle d’innovation santé de Cap Omega, qui soutient l’émergence de solutions de diagnostic ultra-rapide.
Même dynamique àStrasbourg, où Innosuisse et InnovSanté misent sur l’interopérabilité des données et les dispositifs médicaux embarqués. Les territoires prennent leur part dans l’innovation, en créant des hubs mêlant CHU, startups et centres de recherche.
Muriel Benitah, présidente du salon MedInTechs, partage cette conviction selon laquelle l’innovation en santé connaît aujourd’hui une profonde mutation. "La santé était déjà en train de vivre une révolution, portée par des investissements massifs ; avec la pandémie, il y a eu une accélération et une transformation notable de la technologie et des innovations en santé", expliquait-elle récemment. Selon elle, la clé réside aussi dans la formation des professionnels et des managers à ces nouvelles réalités, pour mieux accompagner les transitions sur le terrain.
Intelligence artificielle et éthique : le duo qui dérange
Si l’IA est sur toutes les lèvres, elle suscite aussi interrogations et réserves. L’analyse prédictive des dossiers médicaux ou la détection automatisée d’anomalies à partir d’imageries sont des révolutions techniques. Mais que dire des biais algorithmiques ? De la transparence des modèles ? De la protection des données de santé, parmi les plus sensibles qui soient ?
LaHaute Autorité de Santéet laCNILont d’ailleurs publié plusieurs recommandations sur l’usage encadré de l’IA en santé. Les startups du secteur doivent composer avec ces contraintes, tout en maintenant leur dynamique d’innovation.
Certaines, comme Cardiologs, ont su allier performance et rigueur réglementaire. D’autres, comme ExactCure, misent sur la pédagogie : leur application simule l’effet de médicaments selon les caractéristiques individuelles du patient, permettant une prise de conscience personnalisée… et préventive.
Parmi les innovations marquantes mises en avant lors de SantExpo 2025, le programme eNov30 du groupe Softway Medical illustre la montée en puissance du no-code et de l’intelligence artificielle dans les outils de santé. "Le lancement de notre programme eNov30 marque un tournant dans notre trajectoire d’innovation. SantExpo est l’occasion de présenter aux acteurs de la santé les avancées concrètes du Groupe Softway Medical en Intelligence Artificielle et no-code", a souligné Sherley Brothier, Chief Product & Technology Officer du groupe.
On retrouve également chez les acteurs qui souhaitent concilierintelligence artificielleetaccès aux soins, Tessan, dont on vous parlait il y a quelques semaines. La startup mise sur latélémédecine augmentéepour répondre aux déserts médicaux, en intégrant des dispositifs connectés directement dans les cabines de consultation. Une technologie qui améliore à la fois lediagnostic, larapidité de prise en chargeet laqualité du parcours patient.
Santé et environnement : vers une médecine plus responsable
La dimension écologique s’invite aussi dans les labos. Biomede, par exemple, propose des dispositifs médicaux éco-conçus à base de matériaux biodégradables. D’autres se penchent sur la réduction de l’empreinte carbone des établissements de santé.
Un enjeu majeur quand on sait que le secteur médical représenteprès de 8 % des émissions de CO2 en France. Certains CHU testent désormais des outils de mesure de l’impact environnemental des soins. Les startups qui les accompagnent deviennent des alliés précieux dans la transition écologique de la santé.
Si les innovations numériques révolutionnent le secteur de la santé, elles soulèvent aussi la question de leurempreinte écologique. Comment développer une e-santé performante sans alourdir notre impact environnemental ? C’est tout l’objet duB-Clean Breizh Challenge, une initiative saluée par les professionnels pour encourager un numérique plus responsable. Une démarche qui montre que l’innovation ne doit pas seulement être technologique, mais aussi durable. À découvrir ici : Un défi pour un numérique plus responsable.
Les startups ne révolutionnent pas que la technologie. Elles bousculent aussi les modèles RH. Face à la pénurie de soignants, certaines misent sur des outils deformation immersive en réalité virtuelle, comme SimforHealth, qui permet aux étudiants en médecine de se former à des gestes techniques dans des environnements simulés.
D’autres créent des plateformes de gestion de planning, d’astreinte ou d’onboarding pour les aides à domicile. Un enjeu majeur pour maintenir la qualité de service tout en allégeant la charge mentale des équipes. Sur ce point, Aladom propose un tour d’horizon des solutions existantes dans son article : Les solutions pour gérer son activité dans les services à la personne.
À noter aussi l’essor desjobs d’été dans la santé, encouragés par des plateformes innovantes : une stratégie gagnant-gagnant pour attirer des vocations et soulager les établissements en période de tension. Pour les intéressé·es, un point complet est à retrouver ici : Pourquoi ces métiers sont essentiels et comment en profiter en 2025.
Conclusion : l’innovation oui, mais pour qui ? Pour quoi ?
Ce que ces startups ont en commun ? Une volonté de replacer l’humain au cœur de la médecine. En 2025, innover ne se résume plus à “disrupter”. Il s’agit de réparer, de prévenir, de relier. De construire une santé plus accessible, plus personnalisée, plus éthique.
Et si le véritable progrès, c’était ça :réconcilier technologie et solidarité, pour que chaque innovation soit une main tendue, pas un gadget de plus.