De la crise au renouveau : une vision partagée

Depuis la crise du Covid-19, les limites du système d’aide à domicile sont apparues au grand jour. Sous-financement chronique, manque de reconnaissance, épuisement des professionnels… Le secteur tangue. Pourtant, certains y voient une opportunité de transformation en profondeur. 

C’est le cas d’Olivier Langlois, directeur du réseau Âge d’Or Services, qui milite pour une vision profondément humaine de l’accompagnement. Dans une interview accordée au média “Toute la Franchise”, il rappelle l’importance de l’ancrage local, de la formation continue et de la proximité. Son objectif ? Faire de chaque agence un “acteur social de quartier”, en lien étroit avec les familles et les aidants. 

Une approche qui rejoint celle de Dafna Mouchenik, fondatrice de LogiVitae et auteure de plusieurs essais engagés. Pour elle, l’aide à domicile devrait fonctionner comme une “permaculture humaine”, où la confiance, l’autonomie et la bienveillance remplaceraient la logique de rentabilité à tout prix. Elle propose un modèle coopératif où l’intervenant est aussi partie prenante des décisions. 

L'urgence d’une réforme profonde n’est plus à démontrer. Le constat est sans appel : le secteur de l’aide à domicile risque l’effondrement sans refonte structurelle. La reconnaissance des métiers, leur financement et leur pilotage sont aujourd’hui au cœur du débat public. 

Le soin comme écosystème vivant 

Ce qui rassemble ces profils, c’est la volonté de rompre avec le modèle “chronomètre” qui a longtemps dominé les prestations d’aide. Les tournées éclatées, les interventions minutées et le stress permanent ont dégradé les conditions de travail… et la qualité de l’accompagnement. 

Dans une tribune intitulée “Dare to Care”, plusieurs professionnels du secteur appellent à faire du "prendre soin" une priorité sociétale. Ils réclament une refonte des grilles tarifaires, un investissement massif dans la formation, mais aussi une réécriture du récit collectif autour des métiers du soin. 

Guillaume Leenhardt, fondateur et gérant de la société d'aide à la personne A Vos Côtés, s’inscrit dans cette dynamique. Pour lui, revaloriser ces métiers passe par davantage d’autonomie donnée aux professionnels : souplesse dans l’organisation, liberté d’initiative, reconnaissance de la parole des salariés. Un changement culturel autant que structurel. 

Une transformation managériale en cours 

Ce renouveau passe aussi par une révolution managériale. “Le secteur ne peut pas se contenter d’imiter les codes de l’entreprise classique. Nous avons besoin d’un modèle hybride, à la croisée du social, du médico-social et de l’innovation locale”, affirme Aurore Capitaine, directrice des opérations domicile chez ADHAP. 

Chez Petits-fils, autre réseau de services à domicile, le pari est fait sur la qualité perçue par les bénéficiaires. Selon un sondage interne, 98 % des clients se disent satisfaits de leur accompagnement. Un score qui repose sur la fidélisation des intervenants, des processus RH exigeants et un suivi constant des prestations. 

La conclusion est sans appel : pour que le secteur devienne attractif, il doit cesser de fonctionner en mode “par défaut”. Il doit affirmer une identité propre, avec ses valeurs, ses rituels, et une culture du soin qui ne soit ni sacrificielle ni industrielle. 

Pour accompagner cette transformation des pratiques managériales, les dirigeants du secteur peuvent s’appuyer sur de nouveaux outils et modèles de gestion. Nous vous proposons un guide complet pour gérer son activité dans les services à la personne, avec des conseils pratiques pour mieux recruter, fidéliser et optimiser les interventions. 

Redonner du sens aux métiers du lien 

Les professionnels de l’aide à domicile ne veulent plus être considérés comme des “petites mains”. Ils veulent être vus comme des agents du quotidien, des soutiens à l’autonomie, des relais essentiels entre la santé, la famille et la société. Et pour cela, il faut que leur métier ait du sens. 

Cela passe aussi par une meilleure écoute des bénéficiaires. “Ce que les gens attendent, ce n’est pas juste qu’on les aide à se laver ou à manger. C’est qu’on soit là, pleinement. Qu’on prenne cinq minutes pour discuter, qu’on connaisse leur histoire, leurs habitudes, leurs peurs aussi”, explique une auxiliaire dans le réseau LogiVitae. 

Cette dimension relationnelle, souvent sacrifiée par manque de temps, est pourtant le cœur du métier. C’est elle qui fait la différence entre un service technique et un véritable accompagnement humain. 

Besoin d'aide à domicile ?

Quelles pistes pour généraliser ces pratiques ? 

Si ces modèles inspirants existent, ils peinent encore à se diffuser à grande échelle. Manque de financements, inertie réglementaire, difficultés de recrutement… Le contexte reste complexe. Mais des pistes émergent : 

  • la mise en réseau des structures pour mutualiser les bonnes pratiques,
  • le recours à des statuts hybrides (coopératives, sociétés à mission, etc.),
  • le développement d’outils numériques pensés pour l’humain,
  • une meilleure reconnaissance des qualifications et de l’expérience. 

Des outils comme la carte professionnelle, récemment instaurée pour les aides à domicile, vont dans le bon sens. Mais ils devront être accompagnés d’une transformation plus profonde pour réellement changer la donne. Pour en savoir plus à ce sujet, retrouvez notre article à ce sujet juste ici! 

Le développement de structures innovantes, soutenues par des investisseurs engagés, est aussi un levier de transformation. C’est le cas d’Assistia, une plateforme spécialisée dans l’aide à domicile, qui entre dans une nouvelle phase de croissance avec le soutien de partenaires de référence. Lire l’article sur l’évolution d’Assistia. 

En conclusion : vers un futur désirable de l’aide à domicile 

Le secteur de l’aide à domicile est à un tournant. Les défis sont immenses, mais les signaux d’un renouveau sont bien là. En misant sur la confiance, la reconnaissance, l’innovation sociale et la coopération, une nouvelle génération de dirigeants réinvente un modèle plus juste, plus durable et plus humain. 

Loin de l’image sacrificielle longtemps associée à ces métiers, ils dessinent les contours d’un futur désirable pour le soin à domicile. Un futur où l’humain ne serait plus une variable d’ajustement, mais la boussole de toute décision. 

Et si la relève passait aussi par la jeunesse ? Pour répondre aux besoins croissants et transmettre la vocation du soin, les jobs d’été dans la santé pourraient jouer un rôle clé. Pourquoi ces métiers sont essentiels, et comment les découvrir en 2025: un levier d’attractivité à ne pas négliger. 

Pour aller plus loin... 

Écoutez notre podcast :Le futur de l’aide à domicile : quels défis, quelles solutions ?

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