Mise à jour – Juin 2025 : Le gouvernement exclut (pour l’instant) certaines niches fiscales sensibles
Dans un entretien sur France Inter le 12 juin 2025, Bruno Le Maire a précisé que le gouvernement n’envisage pas de toucher aux dispositifs fiscaux liés à la santé, à la dépendance et au handicap. Cette déclaration vise à rassurer les ménages et les acteurs du secteur médico-social, alors que les débats sur la réduction des niches fiscales s’intensifient dans le cadre de l’élaboration du budget 2026.
Une position qui, si elle se confirme, écarterait temporairement du débat les exonérations associées à l’emploi d’une aide à domicile ou aux dépenses liées à la perte d’autonomie.

Ce que le gouvernement vise vraiment

Tout est parti d’un chiffre : 83,29 milliards d’euros. C’est ce que coûtent chaque année à l’État les fameuses "dépenses fiscales", selon la Cour des comptes. Et dans un contexte où le mot “rigueur” revient discrètement dans les discours, l’exécutif cherche à faire le ménage. Objectif : identifier les dispositifs inefficaces, injustes, ou devenus obsolètes. Mais aussi, disons-le, envoyer un signal de sérieux budgétaire à Bruxelles. 

Dans la ligne de mire : les exonérations liées aux retraites, à l’aide à domicile, ou encore aux dépenses de santé. Des secteurs ultra sensibles, socialement et politiquement. 

Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile, par exemple, est dans le viseur : 6,7 milliards d’eurospar an. Il permet aux particuliers de déduire 50 % des sommes versées à un salarié à domicile (ménage, garde d’enfant, aide aux personnes âgées…). À cela s’ajoute l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, créé en 1975 pour compenser l’absence de frais professionnels. Il coûte, à lui seul, près de 5 milliards d’euros. 

Retraités : une niche… ou une juste respiration fiscale ? 

Supposons qu’on supprime cet abattement. Sur le papier, c’est un gain immédiat pour les finances publiques. En réalité ? 8,4 millions de retraités deviendraient imposables, soit près d’un sur deux. 

Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas les plus riches qui seraient le plus touchés. Un retraité avec 1 500 € de pension par mois perdrait, avec cette réforme, entre 400 et 600 € par an selon sa situation. Ce n’est pas anodin quand les pensions stagnent et que le coût de la vie explose. 

Comme le souligne un article deBFMTVcet abattement bénéficie surtout aux classes moyennes, ni assez pauvres pour être exonérées, ni assez riches pour compenser. 

Pour certains, c’est même la ligne rouge. L'UNSA Retraités alerte : 

“Ce n’est pas une niche. C’est une forme d’équité fiscale minimale, une manière de reconnaître que les retraités ne peuvent plus ajuster leurs revenus.” 

Besoin d'aide à domicile ?

Aide à domicile : un crédit d’impôt… qui paie des salaires 

Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile fait lui aussi l’objet de toutes les attentions. Problème : il est au cœur du modèle économique de l’aide à la personne. 

Des millions de foyers y ont recours pour embaucher une aide-ménagère, une assistante de vie, un accompagnant. Et sans cet avantage fiscal, les coûts exploseraient. Une aide à domicile payée 14 € de l’heure coûte, sans crédit d’impôt, plus de 28 € à un particulier. Autrement dit : de nombreux services deviendraient inaccessibles. 

Des plateformes comme Aladom permettent justement de sécuriser ces prestations tout en facilitant leur déclaration et leur traçabilité. Elles contribuent à réduire le travail au noir, un fléau qu’un coup de rabot mal calibré pourrait raviver. 

Un de nos article surles changements fiscaux en 2025rappelle d’ailleurs qu’il faudra désormais préciser le type de service et le mode de recours (prestataire, mandataire, emploi direct) dans sa déclaration. Une mesure censée renforcer la transparence… mais aussipréparer le terrain à d’éventuelles réformes ciblées. 

Une “niche” peut être une solution, pas un privilège 

Il est sans doute temps de changer de vocabulaire. Car dans certains cas,la dépense fiscale est une réponse concrète à un besoin de société. 

Prenons le cas de Florence, 48 ans, mère célibataire, qui a embauché une auxiliaire de vie pour s’occuper de sa mère atteinte d’Alzheimer. 

“Sans le crédit d’impôt, je ne pourrais pas payer. Je suis à deux doigts de craquer. Et pourtant, je travaille, je fais tout bien…” 

Pour elle comme pour beaucoup, ces dispositifs ne sont pas du luxe :ils permettent simplement de continuer à vivre, à travailler, à respirer. 

Même constat dans les services d’aide aux personnes âgées, où le coût humain de la suppression d’un soutien fiscal pourrait être bien plus élevé que les économies attendues. 

À quoi ressemble vraiment une niche fiscale “injustifiée” ? 

Il existe bien sûr des abus, des optimisations, des effets d’aubaine. Maisil ne faut pas mettre toutes les niches dans le même panier. 

Certains dispositifs bénéficient à des multinationales, d’autres à des retraités isolés. Certains à des sociétés du CAC 40, d’autres à une auxiliaire de vie déclarée via le CESU. Le risque, c’est dese tromper de cible par précipitation ou par posture. 

C’est ce que rappelle l’Institut Montaigne dans une étude relayée parBoursorama: oui, il faut faire des choix. Mais ces choix doivent être éclairés, équilibrés et socialement responsables. 

Conclusion : et si on redessinait la carte plutôt que de l’effacer ? 

Le débat sur les niches fiscales n’est pas qu’une question de chiffres.C’est une question de vision.De modèle de société. De ce qu’on veut encourager, valoriser, préserver. 

Est-ce qu’aider une retraitée à rester chez elle, ou permettre à une famille de salarier légalement une aide de vie, mérite d’être considéré comme une “dépense injustifiée” ? Ou est-ce précisémentlà que se joue la dignité sociale? 

Peut-être que la bonne réforme ne consiste pas à supprimer aveuglément. Mais àredéfinir ce qu’on appelle une "niche", à distinguer l’intérêt individuel de l’intérêt collectif. 

Et à se souvenir que derrière chaque ligne d’un tableau Excel,il y a une vie, une histoire, une fragilité. 

⮕ Pour aller plus loin : 

Si vous souhaitez mieux comprendre comment adapter votre logement ou choisir les bons services pour bien vieillir chez vous, découvrez cet article pratique :Bien vieillir à domicile, un enjeu pas assez soutenu et des nouvelles mesures peu connues. Un tour d’horizon clair et rassurant pour conjuguer confort, sécurité et autonomie.