Une étude détaillée sur la démographie des professionnels de santé 

La DREES utilise plusieurs sources de données pour analyser la démographie des infirmières et des aides-soignantes : la base Tous Salariés (BTS), le Système National des Données de Santé (SNDS) ainsi que le Répertoire Partagé des Professionnels de Santé (RPPS). Ces bases permettent d'obtenir une vision détaillée des effectifs, ventilés selon le mode d'exercice, l'âge, le sexe ou encore la localisation géographique. 

Le RPPS a progressivement remplacé le répertoire ADELI, bien que son exploitation reste encore limitée par des problèmes d’enregistrement des professionnels. Les infirmières libérales, dont les effectifs sont recensés via le SNDS, sont mieux identifiées, tandis que les salariées, suivies par la base BTS, sont déjà bien documentées. 

Une croissance des effectifs, mais des tensions persistantes 

Entre 2013 et 2021, les effectifs d'infirmières salariées ont progressé de 6,9 %, tandis que ceux des aides-soignantes ont augmenté de 6,5 %. Toutefois, la hausse la plus marquante concerne les infirmières libérales, dont le nombre a bondi de 28,5 %. En 2021, on comptabilisait ainsi 500 300 infirmières salariées, 98 600 infirmières libérales et 423 500 aides-soignantes. 

Si ces chiffres montrent un dynamisme dans ces professions, ils masquent également certaines tensions. Le secteur hospitalier peine à recruter et à fidéliser ses soignants, notamment en raison des conditions de travail difficiles et des faibles revalorisations salariales. De nombreux professionnels se tournent ainsi vers l'exercice libéral ou quittent la profession prématurément. 

Le vieillissement de la population : un défi majeur 

Selon les projections de la DREES, la France pourrait compter 821 000 infirmières en emploi en 2050, soit une augmentation de 37 % par rapport à 2021. Cependant, cette croissance ne suffira pas à compenser l’augmentation des besoins en soins liée au vieillissement de la population. D'ici 2050, la proportion des personnes de plus de 65 ans augmentera fortement, ce qui entraînera une demande accrue en soins à domicile et en établissement. 

Face à ce constat, le gouvernement et les acteurs du secteur doivent anticiper ces besoins en renforçant la formation et en améliorant les conditions de travail des soignants. L’objectif est d’attirer davantage de jeunes vers ces métiers et de limiter le turn-over, notamment dans les établissements publics et les EHPAD.

Quels objectifs pour le secteur de la santé en France ? 

Pour répondre aux défis démographiques et sanitaires, plusieurs mesures ont été mises en place ou sont en discussion : 

  • Augmenter les places en formation: en 2022, 96 285 étudiants étaient inscrits en formation d'infirmier et 31 300 en formation d'aide-soignant. L'objectif est d'accroître ces chiffres pour pallier les départs à la retraite et le besoin croissant de personnel qualifié. 

  • Revaloriser les salaires et les conditions de travail: le Ségur de la santé a permis certaines hausses salariales, mais celles-ci sont jugées insuffisantes par une grande partie des professionnels. 

  • Favoriser la polyvalence des soins: l’évolution des compétences des infirmières et des aides-soignantes pourrait être un levier pour optimiser la prise en charge des patients, notamment en ambulatoire. 

  • Renforcer l’attractivité des carrières hospitalières: alors que les jeunes professionnels sont de plus en plus attirés par l'exercice libéral, il est essentiel de rendre l'hôpital plus attractif. 

Obstacles et freins à la mise en place des réformes 

Malgré ces initiatives, plusieurs obstacles subsistent : 

  • Un manque de formateurs et de lieux de stage: les écoles d'infirmiers et les instituts de formation d'aides-soignants peinent à absorber un nombre croissant d'étudiants. 

  • Des conditions de travail dégradées: la charge de travail et le manque de reconnaissance mènent de nombreux soignants à l'épuisement professionnel et au départ anticipé de la profession. 

  • Une inégalité territoriale persistante: certaines régions connaissent une pénurie critique de soignants, en particulier dans les zones rurales et les petites villes.

Au-delà des difficultés liées au recrutement et aux conditions de travail, les contraintes budgétaires représentent également un frein majeur à l'évolution du secteur. La question du financement des soins et de la répartition des ressources reste centrale pour garantir un accès équitable aux soins et améliorer les conditions de travail des professionnels de santé. Pour apporter un éclairage sur les aspects financiers, notre article "L'augmentation des dépenses de santé a ralenti en 2022" détaille les tendances récentes en matière de dépenses de santé en France.

En conclusion !

L’étude de la DREES met en avant les transformations profondes du secteur des soins infirmiers et aides-soignants en France. Si l’augmentation des effectifs est une réalité, elle ne suffit pas à elle seule à résoudre les problèmes structurels du système de santé. Pour assurer une couverture de soins efficace et à la hauteur des besoins futurs, il est essentiel d’agir sur plusieurs fronts : formation, conditions de travail, attractivité des métiers et organisation du système de santé. Une mobilisation collective est nécessaire pour anticiper les défis à venir et garantir un accès à des soins de qualité pour tous.

Retrouvez tous les chiffres publiés par la DREES juste ici !