Une enquête nationale révélatrice

L'enquête Urgences 2023, réalisée le 13 juin 2023 auprès de 58 500 patients dans 719 points d'accueil des urgences, offre un aperçu détaillé de la situation actuelle. Les résultats montrent que la durée de passage aux urgences a augmenté pour tous les types de parcours de patients.
Par exemple, les patients rentrant à domicile sans hospitalisation passent en moyenne 2 heures 30 aux urgences, contre 1 heure 50 en 2013.
Lorsqu'on leur demande « Qui vous a conseillé de venir aux urgences ? », 16 % des patients indiquent avoir suivi les conseils du Samu-SAS, contre 7 % en 2013. Entre 2013 et 2023, le recours au Samu a régulièrement augmenté, avec une hausse plus marquée depuis l'été 2022, lorsque les autorités ont encouragé la population à composer le 15 avant de se rendre aux urgences. Par ailleurs, 53 % des patients se présentent aux urgences de leur propre initiative ou sur les conseils d'un proche, contre 59 % en 2013.

Facteurs contributifs

Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation :
  • Taille du Service : Les grands services, recevant plus de 120 patients par jour, enregistrent des durées de passage plus longues.
  • Âge des Patients : Les personnes âgées de 75 ans et plus passent souvent plus de 8 heures aux urgences, en raison de la nécessité d'examens médicaux plus nombreux et de séjours en unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD).
  • Difficultés d'Accès aux Soins : 21 % des patients se rendent aux urgences faute de pouvoir obtenir un rendez-vous médical ailleurs, une proportion en hausse par rapport à 2013.
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Évolution des motifs de recours

Les principaux motifs de recours aux urgences restent la traumatologie, la gastro-entérologie et les pathologies cardio-circulatoires.
Cependant, les patients âgés nécessitent davantage d'investigations et de soins, ce qui contribue à l'allongement des durées de passage.
En 2023, la traumatologie (blessures, plaies, brûlures, etc.) représente un tiers des consultations aux urgences, tandis que la gastro-entérologie et les pathologies cardio-circulatoires en constituent chacune un dixième.
Les raisons de recours varient considérablement selon l'âge des patients. Les enfants de moins de 5 ans présentent des pathologies diverses, telles que fièvre, troubles gastro-entérologiques, respiratoires et traumatiques. Entre 5 et 14 ans, les lésions traumatologiques prédominent. De 15 à 74 ans, les motifs évoluent peu, avec une diminution des cas de traumatologie et une augmentation progressive des problèmes cardio-circulatoires au fil des ans. À partir de 75 ans, les motifs de consultation incluent des traumatismes (25 %), des problèmes cardio-circulatoires (16 %), une altération de l'état général, une asthénie ou des anomalies biologiques (15 %), ainsi que des troubles respiratoires (9 %).

Conséquences et perspectives

La baisse du nombre de lits d'hospitalisation et les modifications des pratiques médicales influencent également ces durées. En 2023, seulement 15 % des patients sont hospitalisés à la sortie des urgences, contre 20 % en 2013. Cette diminution pourrait être liée à une moindre disponibilité de lits et à des changements dans la gestion des patients.
Cette étude souligne l'urgence de repenser l'organisation des services d'urgence pour répondre aux besoins croissants des patients et améliorer l'efficacité des soins.

Coordination entre les EHPAD et les hôpitaux 

Les résidents des EHPAD (Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) sont fréquemment envoyés aux urgences en raison de la complexité de leurs besoins médicaux et de la nécessité d'une prise en charge spécialisée. Ces personnes, souvent âgées et atteintes de multiples pathologies, requièrent des soins intensifs et des examens approfondis qui ne peuvent être réalisés sur place. Les transferts vers les urgences sont souvent motivés par des complications aiguës, des chutes, ou des détériorations soudaines de leur état de santé. Cependant, cette situation pose des défis importants, tant pour les résidents que pour les services d'urgence, qui doivent gérer des afflux de patients nécessitant des soins prolongés et une attention particulière. La coordination entre les EHPAD et les hôpitaux est donc cruciale pour assurer une prise en charge optimale et éviter les hospitalisations inappropriées.