Le revirement de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA)

L’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a récemment changé de position sur le Leqembi, un traitement prometteur contre la maladie d'Alzheimer. En juillet dernier, l’EMA avait rejeté sa mise sur le marché européen, invoquant un déséquilibre entre ses effets positifs et les effets indésirables. Cette décision avait suscité l'indignation des associations de patients. Cependant, il y a seulement quelques semaines, un revirement à 180° a eu lieu. L’agence annonce : "Après avoir réexaminé son avis initial, le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l'EMA a recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (Lécanemab) pour le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce)."

Développé par le laboratoire pharmaceutique japonais Eisai et le fabricant américain Biogen, le Leqembi, agit en détruisant les plaques amyloïdes - des protéines anormales qui perturbent la communication entre les neurones. Cette action permet de ralentir le déclin cognitif, comme l'ont démontré les études cliniques, qui rapportent une réduction de 27% de la progression de la maladie chez les patients traités.

Jusqu’à présent, les options thérapeutiques pour la maladie d'Alzheimer étaient limitées à des traitements médicamenteux qui ralentissent l’évolution ou atténuent certains troubles comportementaux, comme le donépézil, la rivastigmine, la galantamine ou la mémantine. Ces médicaments apportent des améliorations modérées, mais aucun ne cible directement les mécanismes biologiques de la maladie. Le Leqembi représente donc une avancée majeure pour les 900 000 personnes atteintes en France, selon l’Institut Pasteur.

La décision de l’EMA doit encore être validée par la Commission européenne. Si elle l’est, des discussions s’engageront en France sur son prix et son remboursement, une étape déterminante pour rendre ce traitement accessible aux patients. Cette approbation, bien que conditionnée, marque un tournant dans la lutte contre cette maladie neurodégénérative dévastatrice.


Un accès restreint pour limiter les risques

L’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a défini des conditions strictes pour l’utilisation du Leqembi, afin de limiter les risques d’effets secondaires graves. Ainsi, ce traitement par immunothérapie sera réservé aux patients atteints de troubles cognitifs légers ou de démence légère liés à la maladie d’Alzheimer et à ceux qui ont une ou aucune copie du gène ApoE4 - un facteur de risque génétique pour la maladie.

Le Leqembi sera administré par perfusion (toutes les deux semaines), sous une étroite surveillance médicale. Pour prévenir et détecter d’éventuels effets secondaires comme des hémorragies cérébrales ou des œdèmes, des IRM régulières seront programmées. Cette vigilance accrue reflète la volonté de l’EMA de limiter les risques en restreignant l’accès au médicament à une population ciblée et à moindre risque. Pour ces patients, le traitement présente un rapport bénéfice / risque favorable. Une étude clinique a démontré que, 18 mois après l’administration du Leqembi, le déclin cognitif était significativement ralenti par rapport à celui observé chez les patients ayant reçu un placebo.


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Quels espoirs pour la lutte contre la maladie d'Alzheimer ?

Malgré des décennies de recherche, les causes exactes de la maladie d'Alzheimer restent encore mal comprises. Cependant, une avancée majeure a été réalisée avec l'identification des plaques amyloïdes, des agrégats de protéines anormales qui se forment autour des neurones et perturbent leur fonctionnement. 

C’est précisément cette dégénérescence neuronale qui entraîne les pertes de mémoire caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Au fil de la progression de la maladie, les symptômes s’aggravent, privant les patients de leur autonomie. Dans les phases avancées, ils perdent la capacité d’exécuter des tâches quotidiennes simples ou même de maintenir une conversation cohérente, ce qui plonge également leurs familles et proches-aidants dans une réalité douloureuse et éprouvante.

Le Leqembi offre alors un nouvel espoir en ciblant directement les plaques amyloïdes. Pour les patients atteints d’un Alzheimer à un stade précoce, ce médicament pourrait permettre de préserver plus longtemps leurs capacités de réflexion, de mémoire et d’interaction sociale. Bien que ce ne soit pas une guérison, le Leqembi représente une avancée importante dans la stabilisation des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie.


La réaction de la Fondation Recherche Alzheimer

Jean-Luc Angelis, Directeur de la Fondation Recherche Alzheimer, précise : “La Fondation Recherche Alzheimer a fait partie des acteurs qui ont soutenu la démarche de demande d’appel, afin qu’une égalité de traitement des patients Alzheimer soit respectée des deux côtés de l’Atlantique (USA et Europe). Nous sommes heureux de cette autorisation qui ouvre de vrais espoirs pour ralentir la maladie !”