Un site à succès, convoité sur le marché

En 2023, Leboncoin a enregistré un chiffre d’affaires impressionnant de 550 millions d’euros, confirmant sa position de leader dans les petites annonces et le commerce en ligne. Avec 28 millions de visiteurs uniques par mois, Leboncoin est le premier site de vente entre particuliers en France et le deuxième site de commerce en ligne en termes de fréquentation.
Cette popularité attire des convoitises. En novembre 2023, un consortium d’investisseurs composé des fonds américains Blackstone et britanniques Permira, alliés à General Atlantic et TCV, avait fait une offre d’achat sur la maison mère de Leboncoin, Adevinta, basée en Norvège. Cette opération avait valorisé Adevinta à près de 14 milliards d’euros (dette comprise), dont Leboncoin est l’un des joyaux.

Des horizons incertains avec de nouveaux actionnaires

Antoine Jouteau, ancien directeur général de Leboncoin (2015-2022) et aujourd’hui à la tête d’Adevinta, a reconnu que l’arrivée de nouveaux actionnaires pouvait modifier les perspectives stratégiques. "Quand on a de nouveaux actionnaires, ils ont des horizons de sortie différents, une approche différente", a-t-il expliqué. Il a cependant tenu à nuancer : "Ce n’est pas un sujet pour maintenant, toutes les options sont ouvertes."
La vente de Leboncoin pourrait donc dépendre des priorités de ses investisseurs, mais rien n'est encore décidé. Pour l’heure, la plateforme continue de prospérer, tout en s’imposant comme un acteur majeur du marché numérique français.
Leboncoin attaque Google pour abus de position dominante
Par ailleurs, Antoine Jouteau a confirmé que Leboncoin poursuit Google pour abus de position dominante. Selon les informations révélées par le média L’Informé, la plateforme réclame 27 millions d’euros de dommages et intérêts. Ce différend illustre les tensions croissantes entre les grandes plateformes numériques et les acteurs locaux du web.

Leboncoin, une histoire marquée par des rachats stratégiques

La possibilité d’une nouvelle vente du boncoin rappelle un précédent marquant dans l’histoire de la plateforme : en 2010, le groupe SPIR Communication, alors propriétaire de Leboncoin, avait cédé la majorité de ses parts à Schibsted, un groupe de médias norvégien, pour un montant estimé à 400 millions d’euros. SPIR Communication est une ancienne filiale du groupe SIPA - Ouest-France, propriétaire du journal Ouest-France. SPIR a été un acteur clé dans le développement initial de Leboncoin, qu’il a cofondé en 2006 avec le groupe norvégien Schibsted.
La cession avait permis à Leboncoin de passer à une dimension internationale et d’investir massivement dans ses infrastructures numériques. Depuis, la plateforme s’est imposée comme un acteur clé du marché français et une vitrine technologique pour le groupe Adevinta, issu de la scission de Schibsted en 2019. Une nouvelle vente pourrait encore transformer son avenir, tout en reflétant l’appétit des investisseurs pour les entreprises à fort potentiel dans l’économie circulaire.

Quel avenir pour Leboncoin ?

Si la vente de Leboncoin devient une réalité, elle pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire de ce géant de la seconde main. La plateforme, qui a transformé les habitudes de consommation des Français, reste au cœur des préoccupations d’investisseurs internationaux avides de tirer parti de son succès.
En attendant, les 28 millions d’utilisateurs mensuels continueront d’y poster leurs annonces, contribuant à faire de Leboncoin un acteur incontournable du numérique, mais peut-être aussi un futur trophée dans le monde des grandes fusions-acquisitions.