Le contenu de la pétition

SenseiDMots propose de regrouper les matières les plus exigeantes intellectuellement, telles que le français, les mathématiques et l'histoire, dans la matinée, période où les élèves sont habituellement plus attentifs et concentrés. Les cours de l'après-midi, en revanche, seraient réservés à des activités plus ludiques et créatives, comme le sport, la musique ou les arts plastiques. L'objectif est d'optimiser les capacités d'apprentissage des élèves en fonction de leur rythme biologique, tout en leur permettant de s'épanouir dans des disciplines qui requièrent moins de concentration mentale intense.

Dans la pétition en ligne il est clairement indiqué que : “Les cours les plus exigeants, tels que les mathématiques, le français, l'anglais, la technologie, l'histoire et les sciences de la vie et de la Terre, sont souvent programmés en fin de journée, lorsque notre attention est déjà altérée. A l'inverse, des matières plus ludiques et créatives, comme les arts plastiques, la musique, et le sport, pourraient être mieux intégrées dans l'après-midi, favorisant ainsi une approche plus équilibrée de l'apprentissage.”

Cette réorganisation des horaires scolaires s'inspire de systèmes éducatifs déjà en place dans des pays comme la Suède, l'Allemagne et la Finlande, où les résultats ont été positifs. SenseiDMots espère que la France adoptera une approche similaire. Ces modèles étrangers ont prouvé leur efficacité, tant en termes de bien-être des élèves que de performance scolaire, et pourraient offrir une piste intéressante pour la France.

En plus de la proposition de finir les cours à midi, SenseiDMots avance d’autres idées qui visent à améliorer le cadre scolaire. Parmi elles, des mesures contre le harcèlement scolaire, ainsi que des initiatives pour renforcer l'engagement des élèves dans la vie de leur établissement :


  • "Le harcèlement scolaire reste une problématique préoccupante dans de nombreux établissements. Au lieu d'imposer des heures de colle aux élèves perturbateurs, nous proposons de les remplacer par des séances de méditation, de réflexion ou de psychologie. Cette approche aiderait à mieux comprendre et résoudre les comportements problématiques de manière constructive et bienveillante. Par ailleurs, nous suggérons que les élèves perturbateurs participent à des activités ludiques l'après-midi pour canaliser leur énergie de manière positive.” 
  • "Nous demandons également la création d’un espace ouvert dans chaque établissement, où les élèves pourront exprimer leurs ressentis, partager leurs préoccupations, et participer activement à la vie de l'école. Un tel espace favoriserait une meilleure communication et une atmosphère scolaire plus inclusive et respectueuse.”



Quand la rencontre entre la ministre et SenseiDMots fait pschitt ! 

En réponse à cette mobilisation massive - une pétition ayant rassemblé exactement 316 669 signatures et la vidéo TikTok de SenseiDMots visionnée par 3.9 millions de personnes - la nouvelle ministre de l'Education nationale Anne Genetet, a choisi de répondre sur le même terrain médiatique. Elle a publié une vidéo sur TikTok dans laquelle elle a détaillé ses réponses aux 3 principales revendications formulées par le créateur de contenu.

Concernant la lutte contre le harcèlement, Anne Genetet a affirmé avec fermeté : "Sur la prévention du harcèlement, ma position est très claire : on ne laisse rien passer." Elle a ensuite rappelé les mesures mises en place par son prédécesseur, Gabriel Attal, telles que la possibilité pour un élève harceleur d’être changé d’établissement. Elle a également mentionné l’introduction de cours d’empathie. Quant à la création de nouveaux espaces de dialogue dans les établissements scolaires, Genetet a précisé qu'ils existaient déjà, citant des structures comme le Conseil de la Vie Lycéenne (CVL).

Au sujet de la proposition phare visant à réduire les cours aux matinées, la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a indiqué : “On ne va pas changer toute l’organisation des cours, alors que l’année a déjà débuté, parce que ça changerait beaucoup de choses : les personnels qui encadrent ces activités, les lieux, les structures à adapter, et puis les modes de garde pour les parents qui travaillent.” Toutefois, elle a affirmé être ouverte à “toutes les bonnes idées”, ajoutant qu’elle avait invité le jeune créateur de contenu à venir échanger au ministère pour discuter de ses propositions.

De son côté, le créateur de contenu a lancé un appel aux syndicalistes, juristes et hommes politiques pour l'accompagner lors de sa visite au ministère.“Moi je suis pas politicien, a-t-il souligné. Il va falloir qu'on y aille avec des arguments.”

Finalement, la rencontre n'aura pas eu lieu. Le créateur de contenu SenseiDMots, qui compte plus de 500 000 abonnés sur TikTok, ne s'est pas rendu rue de Grenelle pour sa réunion avec la ministre prévue le mardi 2 octobre, comme l'a rapporté la newsletter de Quotidien Matin. Des commentaires à caractère homophobe et transphobe écrits par le TikTokeur ont été découverts sur ses réseaux sociaux, ce qui a conduit à cette annulation. Le ministère a déclaré à Quotidien Matin : “Nous condamnons fermement ces propos. La lutte contre les discriminations est au cœur de l’action d’Anne Genetet.” L’influenceur s’est quant à lui justifié en affirmant que les propos tenus dans ces messages ne reflétaient pas ses "valeurs personnelles". 



Besoin d'aide à domicile ?

Des journées scolaires plus courtes : un modèle jadis expérimenté en France

Le système combinant cours le matin et activités sportives l'après-midi avait déjà été testé durant l'année scolaire 2010-2011 dans 162 collèges et 48 lycées en France.  Comme l’indique le site du ministère de l’Education nationale, l’expérimentation intitulée "Cours le matin, sport l’après-midi" visait à améliorer les conditions d'apprentissage et favoriser la réussite des élèves, ainsi qu’à améliorer leur bien-être et leur santé. Elle avait aussi pour objectif de valoriser les acquis des élèves dans des domaines variés : préparation physique, sécurité, organisation et gestion des activités sportives, prévention et secours civique. L’apprentissage de l’esprit d’équipe, l’inculcation de certaines valeurs comme le goût de l’effort, le respect de la règle, doivent également permettre de prévenir les violences à l’école.

Le bilan de cette expérimentation s'est révélé plutôt positif. Les élèves ayant participé au dispositif ainsi que leurs parents avaient exprimé leur satisfaction quant à la nouvelle organisation du temps scolaire. Les élèves avaient déclaré se sentir mieux physiquement, bénéficier d'un meilleur sommeil et éprouver moins de fatigue l'après-midi, ce qui avait contribué à améliorer leur bien-être général.

Un autre impact positif relevé par l'expérimentation est le développement de la sociabilité, du respect des règles et de l'autonomie chez les élèves. Ces derniers ont particulièrement apprécié de pouvoir participer aux entraînements sportifs, de constater leur progression dans une discipline et ont exprimé leur satisfaction concernant l'offre d'activités sportives proposée par leur établissement. Cette approche plus active semble avoir favorisé leur engagement, leur confiance en eux et leur sentiment d'accomplissement, au-delà du cadre purement académique.

Cependant, quelques nuances méritent d'être soulignées. Près des trois quarts des élèves concernés étaient des collégiens, et seulement un quart des participants étaient des lycéens. De plus, une majorité de ces collégiens étaient des garçons inscrits en section sportive, ce qui suggère que cette organisation pourrait avoir été plus adaptée à ce profil d'élèves, laissant en suspens son efficacité pour une population plus large et diverse.

Par ailleurs, le dispositif  "Cours le matin, sport l’après-midi" n’a pas eu d'effet notable sur la ponctualité, les absences et les sanctions. Il n’a pas non plus influé sur les capacités déclarées de concentration, d’attention, de mémorisation et d’effort.

Sans réel impact sur les résultats scolaires, l'idée avait progressivement été abandonnée. Toutefois, elle a fait une brève réapparition en 2019 avant d'être rapidement abandonnée à nouveau. Malgré les quelques avantages perçus en termes de bien-être des élèves, les effets limités sur les performances académiques et les contraintes logistiques ont probablement conduit à sa mise de côté.