Analyse de la situation de Réside Etudes Seniors
Reside Etudes Seniors, une filiale du groupe Réside Etudes, gère 72
résidences seniors sous les marques "Les Girandières” et "Palazzo”, qui hébergent près de 5000 personnes âgées. Ces résidences sont principalement détenues par des investisseurs privés. A noter, les deux tiers des résidences ont moins de 3 ans. Le groupe
Réside Etudes, en difficulté financière avec une importante dette, est sous un plan de sauvegarde depuis décembre 2023. En juin 2024, le tribunal de commerce de Paris a placé la branche résidences seniors en redressement judiciaire.
"L’endettement du groupe est en cause, mais également la course effrénée à la construction.”, analyse pour
Ouest France maître François Lorgeoux, avocat représentant plus d’un millier de propriétaires.
Jean-François Renou, délégué syndical CFE-CGC chez Réside Études est plus précis. Il affirme sur le
site de la CFE-CGC que : "le Groupe a souffert durant la crise Covid, souscrivant beaucoup de Prêts Garantis par l'Etat (PGE). La dette a atteint 400 millions d’euros. Au niveau du dialogue social, les échanges avec la direction générale ont toujours été plutôt positifs et constructifs jusqu’à la procédure de sauvegarde de décembre 2023. Depuis, c’est plus compliqué car la CFE-CGC souhaite préserver l’ensemble du Groupe, y compris la branche Réside Etudes Seniors (RES), et tire la sonnette d’alarme. Ces derniers mois, nous avons soumis une obligation de réorganisation du Groupe mais la direction générale est dans une forme de déni face aux échéances, ne prenant pas le taureau par les cornes.”
Il estime aussi que
la direction du groupe manque de vision stratégique, critiquant Philippe Nicolet, fondateur du groupe Résides Etudes en 1989 : "Philippe Nicolet ne veut pas lâcher le moindre pouvoir et continue de travailler seul. Nous regrettons une absence de stratégie face aux événements malheureux qui se succèdent. On sent d’ailleurs des inquiétudes chez les administrateurs judiciaires. La situation est très anxiogène car la liquidation de la branche RES mettrait en péril l’ensemble du Groupe, et qu’il y a tout l’humain derrière. Aussi bien nos salariés que les étudiants et les seniors que nous hébergeons. Le dossier est d’ailleurs suivi par le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) et va très probablement remonter jusqu’à Bercy et aux affaires sociales.” explicite le délégué syndical.
Suspense prolongé : une audience décalée au 4 novembre
Dans l’après-midi du 7 octobre, le tribunal de commerce de Paris a accueilli une affluence notable, avec au moins une centaine de personnes qui attendaient l’audience pour connaître le sort réservé au groupe Réside Études Seniors, actuellement en redressement judiciaire. Le greffe a dû changer de salle en raison du grand nombre de créanciers présents. Plus de 6500 bailleurs ayant des intérêts financiers dans le groupe avaient été convoqués. C’est avec anxiété qu'ils attendaient d’être fixés sur leurs investissements [source :
L'Opinion].
Finalement,
le tribunal a décidé de reporter l'audience au 4 novembre, afin de pouvoir examiner plus en détail les options de reprise ou de liquidation (réclamée par les administrateurs judiciaires). Trois offres de reprise ont été reçues seulement deux jours avant l'audience. Cependant, ces propositions concernent uniquement des reprises partielles, et les candidats exigent d'abord une réduction des loyers. En tout, neuf repreneurs potentiels auraient répondu à l’appel d’offres, avec peut-être un dixième à venir.

Des établissements seniors fragilisés et des emplois en péril
Le placement en redressement judiciaire de Réside Etudes Senior visait à offrir une période de protection afin d'explorer des solutions viables pour la pérennité du groupe. Ce report d'audience permet ainsi aux repreneurs potentiels de peaufiner leurs offres et de proposer des plans de reprise solides. Ils doivent démontrer leur capacité à maintenir les niveaux de service tout en assurant la viabilité financière des établissements.
En rendant cette décision, le tribunal de commerce de Paris semble mettre l’accent sur la nécessité de garantir la continuité des soins et des services pour les 5000 résidents âgés, souvent des personnes en situation de dépendance mais aussi, préserver autant que faire se peut les emplois de 1300 salariés.
A savoir. A l'échelle nationale,
les syndicats prévoient entre 600 et 800 licenciements. De plus, les locataires des résidences pourraient également perdre les fonds qu'ils avaient versés à leur arrivée.
Mise à jour du 18 novembre 2024. Lors de l’audience consacrée à la procédure collective de la branche seniors de Réside Etudes, qui s’est tenue le lundi 4 novembre 2024 au tribunal de commerce, les repreneurs ont défilé pour présenter leurs propositions. Cet exercice intense a occupé les juges jusqu’au soir, reflet de l’importance de l’enjeu. Parmi les 35 dossiers initiaux, seuls 9 ont été retenus par les administrateurs judiciaires.
Les magistrats se sont accordé un délai de 3 semaines (soit le mardi 26 novembre) pour statuer sur l’avenir de Réside Etudes Seniors, qu’il s’agisse d’une reprise partielle ou d’une éventuelle liquidation.
Parmi les candidats restants figurent principalement des acteurs établis du secteur des Ehpad et des résidences services, comme
Zenitude, Stella, DomusVi, Vivalto Vie, Steva, CRP, et Dom’Hestia (filiale d’Acapace). Une exception : le gestionnaire d’actifs immobiliers HW Capital.
Cependant, la majorité des offres se limite à des reprises partielles. Par exemple, Vivalto propose de reprendre 2 résidences, Dom’Hestia 4, DomusVi 31, Stella 36, Steva 7, et Aquarelia également 7. Ce fractionnement complique les décisions à venir, avec des enjeux significatifs pour les résidents, les employés, et les copropriétaires concernés [source des informations :
Gestion de Fortune].