En 2022, Michel Barnier, alors candidat à la primaire des Républicains (LR) pour l'élection présidentielle de la même année – une primaire qu'il n'a finalement pas remportée – avait déjà proposé la création d'une aide sociale unique. Cette allocation visait à remplacer les dispositifs sociaux existants, tout en étant conditionnée à l’engagement des bénéficiaires. Cette mesure rappelle la réforme du RSA (Revenu de Solidarité Active) actuellement en phase d'expérimentation dans une quarantaine de départements français, et dont la généralisation à l’ensemble du territoire est prévue pour le 1er janvier 2025.



Une réforme ambitieuse mais complexe 

L’allocation sociale unique est une réforme qui vise à simplifier un paysage social français souvent critiqué pour sa complexité.  Actuellement, les aides sociales sont fragmentées en plusieurs dispositifs tels que le RSA (Revenu de Solidarité Active), les APL (Aides Personnalisées au Logement) ou encore, la prime d’activité. Cette multiplication des dispositifs rend difficile l’accès pour certains bénéficiaires  et entraîne des coûts de gestion élevés pour l’Etat.

Avec cette allocation unique, Michel Barnier souhaite regrouper plusieurs de ces aides pour rendre le système plus lisible et plus efficace. Cette démarche vise à moderniser le fonctionnement des aides sociales et à permettre aux bénéficiaires de mieux comprendre leurs droits, tout en évitant les redondances et les incohérences administratives. Selon les termes employés par le Premier ministre : “Il faut (...) débureaucratiser cette masse d'allocations qui sont réparties.”

Mais pas que… "Il faut que le travail paie plus que l'addition des allocations (...) et parfois peut-être en augmenter certaines.", comme celles concernant "les personnes en situation de handicap", a aussi déclaré Michel Barnier.



L’allocation sociale unique, une idée qui remonte à 2022

En 2022, Michel Barnier, alors candidat à la primaire des Républicains (LR) pour l'élection présidentielle de la même année – une primaire qu'il n'a finalement pas remportée – avait déjà proposé la création d'une aide sociale unique. La proposition visait à regrouper plusieurs aides sociales accordées aux foyers modestes en une allocation unique. Cela inclurait le RSA, les allocations chômage et diverses autres prestations versées par les Caf et les MSA (Mutualité Sociale Agricole), à l'exclusion des aides liées à la vieillesse et au handicap. Comme l'expliquait Olivier Marleix, député LR et rapporteur du projet lors de la primaire des Républicains en 2021 à Capital, l'idée principale était de de limiter les revenus de l’assistance, notamment avec un plafond entre le RSA et les APL (Aides Personnalisées au Logement).

Dans ce contexte, les obligations pour les allocataires auraient été renforcées. Chaque bénéficiaire aurait dû s'engager, au minimum, à suivre une formation pour faciliter sa réinsertion professionnelle ou à participer à un service public. Cela aurait pu inclure des "missions au sein d'Ehpad, d'écoles, ou même d'hôpitaux, secteurs où le manque de personnel est criant", comme l'expliquait Olivier Marleix dans Capital.

Ce projet d’allocation sociale unique fait également partie de ceux présentés le mercredi 2 octobre dernier par Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine (ex-LR). Avec son équipe, il prône une "allocation sociale unique plafonnée" à "70% du Smic", qu’il présente comme une solution pour lutter, selon lui, contre "l’assistanat".



Besoin d'aide à domicile ?

Un chantier qui ne sera pas fait dans l’immédiat 

La mise en place de cette allocation sociale unique ne sera pas rapide. En effet, lors de son intervention sur la chaîne de télévision publique, le chef du gouvernement a prévenu que ce chantier "va prendre un temps" et "ne sera pas immédiat". Un travail de fond est nécessaire pour garantir que la mise en œuvre d’une telle mesure ne soit pas précipitée. Le gouvernement devra non seulement relever des défis techniques et administratifs, mais aussi s’assurer du soutien politique et social nécessaire pour mener à bien cette réforme. Les discussions sur ce sujet seront donc sans doute nombreuses dans les mois à venir.

Ainsi, l’allocation sociale unique ne pourra pas être instaurée avant 2025 (si elle est amenée à voir le jour) et demandera de multiples ajustements avant de devenir une réalité. En attendant, l'annonce de Michel Barnier ouvre le débat sur l'avenir des aides sociales en France, avec des enjeux majeurs pour des millions de citoyens bénéficiaires.