Un carton d’audience
La chaîne de télévision France 2 a retransmis, ce mercredi 28 août 2024, la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques, qui se tiendra jusqu'au dimanche 8 septembre prochain. La soirée, mise en scène par Thomas Jolly (directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024), a réuni 10.17 millions de téléspectateurs entre 19h57 et 23h46, ce qui représente, selon Médiamétrie, 52.3% de l'ensemble du public âgé de quatre ans et plus. Cette performance, qui permet à la chaîne publique de dominer largement ses concurrentes, n’atteint pas les sommets de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques le 26 juillet, qui avait été suivie en direct par 23.2 millions de téléspectateurs en moyenne, puis revue en replay par 1.2 million de personnes, pour un total historique de 24.4 millions ! Les audiences des Jeux Paralympiques méritent d'être tout de même saluées, demeurant exceptionnelles.
Alors que les athlètes olympiques ont eu la Seine pour scène, les "paras" ont eu l'honneur de défiler sur les Champs-Élysées, la plus belle avenue du monde, sans oublier un spectacle de près de 3 heures qui s’est déroulé sur la place de la Concorde. Celle-ci a été transformée en un lieu de célébration spectaculaire, marqué par l'émotion ainsi qu'un hommage vibrant aux valeurs paralympiques. Ce lieu emblématique de la capitale, entouré de monuments historiques, a été le théâtre d'un spectacle unique qui a captivé les spectateurs présents sur place et les millions de téléspectateurs dans le monde entier.
Quelques moments clés de la cérémonie
Thomas Jolly a choisi de faire de la piste de danse géante de la place de la Concorde le fil rouge de la cérémonie en créant "Paradoxe", un spectacle qui explore les perceptions des corps. D'un côté, 140 danseurs valides représentaient la "strict society". De l'autre, 16 danseurs en situation de
handicap incarnaient le "creative gang". Initialement marquées par l'incompréhension et la maladresse, les interactions entre les deux groupes ont évolué tout au long de la soirée, culminant dans des performances inoubliables. Parmi celles-ci, Christine and the Queens a interprété une version techno de “Non, je ne regrette rien” de Piaf ou encore,
le chanteur Lucky Love, né sans bras gauche, qui a particulièrement touché le public en interprétant "My Ability". Enfin, les deux groupes se sont unis, soucieux de révolutionner l'histoire olympique. S'ensuivirent des chorégraphies collectives, mettant en scène de la course, du vélo et bien d'autres sports.
La prestation de Musa Motha, danseur sud-africain amputé d'une jambe, avec ses béquilles, a également laissé une forte impression, tout comme la chorégraphie finale sur le Boléro de Ravel, exécutée avec des flambeaux.
Puis, ce fut le moment du passage protocolaire, marqué par la parade des 168 délégations. Pendant que les athlètes défilaient, une quinzaine de Phryges géantes ont assuré le divertissement sur la scène de l'obélisque, au rythme de la musique du DJ Myd. Les Phryges ont dansé, lu le journal, fait la chenille, lancé une ola, et même mangé du pop-corn tout en regardant la parade. Elles se sont également amusées à improviser des jeux comme le bowling, le colin-maillard, et "1, 2, 3, Soleil". Puis, John McFall, le premier astronaute en situation de handicap, a apporté le drapeau paralympique sur scène.
Le moment le plus attendu et mirifique de la soirée n'a pas déçu (encore une fois !) avec les derniers porteurs de la flamme paralympique qui ont été révélés.
Le nageur Florent Manaudou a symboliquement relié les JO aux "Paras" en amenant la flamme jusqu'à la place de la Concorde, où il l'a remise à l'ancien champion de tennis-fauteuil Michael Jeremiasz. Ensuite, les figures internationales du handisport ont été mises à l'honneur, notamment l'escrimeuse italienne Bebe Vio, la para-cycliste américaine Oksana Masters, et l'athlète allemand Markus Rehm, qui s'est ensuite dirigé vers le Jardin des Tuileries.
Des champions français ont ensuite pris le relais : Assia El Hannouni (para athlétisme), Christian Lachaud (para escrime) et Béatrice Hess (para natation) ont passé le flambeau aux cinq derniers porteurs.
Charles Antoine Kouakou, Élodie Lorandi, Fabien Lamirault, Nantenin Keïta et Alexis Hanquinquant ont allumé ensemble la vasque. Une action collective qui a rappelé l’allumage conjoint par Marie-José Pérec et Teddy Riner lors de la cérémonie olympique du 26 juillet.

Les Jeux Paralympiques, révélateurs d'un problème persistant : l'accessibilité des transports
L'organisation des Jeux Paralympiques à Paris a souligné un problème tenace qui affecte le quotidien de nombreuses personnes en situation de handicap : la question de l'accessibilité des transports publics et de l'autonomie des personnes handicapées. Bien que Paris ait rendu la majorité de ses établissements accessibles, les pouvoirs publics se heurtent à la dure réalité de l'insurmontable défi que représente l'accessibilité du métro parisien.
En dévoilant le plan transport des Jeux paralympiques, Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et aussi présidente d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports de la région, a plaidé lundi 26 août, lors d’une conférence de presse, pour un vaste chantier, estimé entre 15 et 20 milliards d’euros, afin de rendre accessibles les 13 lignes du métro parisien, déclarant : “Ce projet, "Un métro pour tous", peut devenir le grand projet de la décennie avec l’accessibilité du métro historique".
Valérie Pécresse a aussi estimé qu’il faudrait au moins 20 ans pour rendre le réseau de métro accessible, avec "sans doute des impossibilités techniques sur certaines stations, dans un Paris extrêmement urbanisé.”
Rémy Boullé, para-athlète en canoë-kayak, a donné son avis sur la facilité de déplacement à Paris. “L'accessibilité n'a pas bougé, regrette-t-il sur
RMC. On a mis 1.5 milliard dans l'assainissement de la Seine, si on avait mis cet argent dans le métro parisien, on aurait rendu pas mal de lignes accessibles.”
Les transports parisiens prêts pour l’événement ?
Si tous les sites des Jeux seront bien desservis par des stations et gares accessibles, selon la présidente de région, le réseau de métro historique reste “le point noir”. Les lignes de tramway et de bus sont accessibles "à 100%”, selon la mairie et Ile-de-France Mobilités (IDFM). Mais, pour qu'une ligne de bus soit considérée comme accessible, il suffit que 70% de ses arrêts le soient. En pratique, les personnes en fauteuil roulant doivent souvent parcourir des trajets plus longs que les personnes valides pour atteindre un arrêt de bus. Sur le réseau francilien (RER, Intercités, TER), 4 stations sur 5, accueillant 95% du trafic, ont été aménagées pour les Jeux, assure IDFM.
100 minibus seront mis à disposition pour rapprocher les personnes en situation de handicap et leurs accompagnants des Jeux Paralympiques, en les desservant depuis huit gares équipées, dont certaines sont dotées d'ascenseurs.
Sur l’application "Transport Public Paris 2024”, il sera également possible de choisir la fonctionnalité voyageurs en fauteuil roulant avec "des itinéraires 100 % accessibles”. Pendant ces Jeux paralympiques, Ile-de-France mobilités s’attend à accueillir jusqu’à 300 000 spectateurs par jour, moitié moins que pendant les Jeux Olympiques. “On va avoir beaucoup plus de monde à transporter.” note néanmoins Valérie Pécresse, car 5 millions de voyageurs sont attendus chaque jour sur le réseau à partir de la rentrée, dès le 2 septembre. Davantage de rames vont donc circuler sur les 13 lignes de métro, RER et trains. Pour accéder à certains sites de compétition, Ile-de-France Mobilités conseille aux spectateurs des itinéraires d’éviter les lignes 13 et 9 par exemple, réservées aux transports du quotidien et régulièrement encombrées.
Si les Jeux Paralympiques de Paris 2024 resteront dans les mémoires comme un moment de célébration et de sport, ils rappellent aussi les défis à relever pour une société plus accessible et équitable pour tous.