Qu’est-ce que le baluchonnage ?

Le baluchonnage est une solution qui a été inventée Outre-Atlantique pour permettre à l’aidant de prendre quelques jours de vacances en sachant son proche en sécurité et entouré à son domicile. Le terme baluchonnage a été inventé au Québec par Marie Gendron,  infirmière à l’Institut de gériatrie de Montréal, qui a lancé en 1999 l’organisme “Baluchon Alzheimer”.

Le baluchonnage repose sur l'idée d'un aidant temporaire qui arrive avec son "baluchon" pour remplacer l’aidant et lui permettre de se reposer pendant quelques jours. Cette méthode a été conçue pour apporter une réponse concrète à la fatigue et à l’épuisement des aidants, tout en garantissant la continuité des soins pour les personnes dépendantes. Il s'agit d'un service de répit pour les aidants familiaux, assuré par des professionnels (auxiliaires de vie, aides à domicile, aides-soignants, etc.) spécialement formés à l'accompagnement des personnes en perte d'autonomie. Ces professionnels interviennent sous l’égide d'associations, de structures spécialisées pour personnes âgées ou de collectivités, avec lesquelles les familles ou proches concluent un contrat de prestation. La durée de présence d’un baluchonneur peut aller de quelques heures à plusieurs jours et ce, 24h/24, de jour comme de nuit. Pendant ces quelques jours, l'intervenant aussi appelé baluchonneur ou baluchonneuse, s'installe au domicile de la personne en perte d’autonomie, assurant l'ensemble des soins et de l'accompagnement nécessaires. Cette prestation permet à l’aidant de s’absenter, de se reposer, ou simplement de prendre du temps pour lui, en toute tranquillité, sachant que son proche est entre de bonnes mains.

Le baluchonneur prend en charge toutes les tâches habituelles de l’aidant, telles que la préparation des repas, la toilette, l’accompagnement dans les déplacements et le ménage. Toutefois, il ne remplace pas les professionnels de santé. À la fin de sa mission, le baluchonneur rédige un "Journal d’Accompagnement" qui fournit un suivi détaillé pour l’aidant, incluant des recommandations personnalisées adaptées à la situation. En outre, pour préparer le mieux possible le remplacement de l’aidant pendant son absence, le baluchonneur visite le domicile de la personne aidée avec l’aidant au préalable, afin de se familiariser avec ses habitudes et les aides dont elle bénéficie habituellement.

Le baluchonnage est devenu possible en France sur le plan juridique en 2018, grâce à l’article 53 de la Loi pour un “Etat au Service d’une Société de Confiance”, dite loi ESSOC. Les services proposant du baluchonnage ont donc été autorisés à déroger au droit du travail dans le cadre de l’expérimentation et ont choisi d’adhérer au modèle du baluchonnage avec son cahier des charges spécifique. Cela leur permet ainsi de proposer un dispositif de répit et d’accompagnement de longue durée à domicile avec un intervenant unique, destiné à remplacer le proche aidant de 2 à 6 jours consécutifs.

A noter. Le baluchonnage s’adresse à tous les types d'aidants, jeunes comme plus âgés, qui s'occupent de proches dépendants en raison de maladies (comme Parkinson, Alzheimer, AVC) ou de handicaps (moteur, autisme, trisomie, etc.).
 



Quelle est la différence entre baluchonnage et relayage ? 

Le relayage et le baluchonnage partagent un objectif commun : offrir du répit aux aidants familiaux. Cependant, ils diffèrent dans leur mise en œuvre. Le relayage implique une alternance de plusieurs intervenants qui se relaient pour assurer une continuité des soins à domicile, sans interruption. En revanche, le baluchonnage se distingue par la présence d’un seul intervenant qui prend en charge la personne aidée de manière continue sur une période définie. Cette continuité de l’accompagnement est l’un des atouts majeurs du baluchonnage, car elle limite les perturbations pour la personne aidée, qui n’a pas à s’adapter à plusieurs visages différents.

Par ailleurs, alors que le relayage, présent en France depuis plusieurs années, n'excède pas 48 heures (et ne nécessite pas de dérogation au droit du travail), le baluchonnage est plus long. Il s'exerce de 36 heures minimum à 6 jours consécutifs maximum au domicile de la personne aidée, âgée dépendante ou en situation de handicap. 




Besoin d'aide à domicile ?

Quels sont les avantages du baluchonnage ? 

Le baluchonnage présente de nombreux avantages tant pour l’aidant que pour la personne aidée. Pour l’aidant, c’est une véritable bouffée d’oxygène, un moment de repos nécessaire pour éviter l'épuisement physique et mental. Ce temps de répit peut également permettre à l’aidant de se ressourcer, de se consacrer à ses propres besoins. En offrant quelques jours de repos, le baluchonnage réduit le stress et les risques de burn-out, tout en permettant aux aidants de reprendre des forces et de s'occuper d'autres aspects de leur vie.

Pour la personne aidée, le baluchonnage assure une continuité de soins de qualité sans devoir quitter le domicile, ce qui évite tout stress lié au changement d'environnement. L'intervention d'un seul professionnel tout au long du séjour facilite la création d'un lien de confiance, ce qui garantit un accompagnement personnalisé et adapté aux besoins de la personne aidée. En combinant flexibilité, proximité et confort, le baluchonnage offre une solution idéale pour soutenir le binôme aidant-aidé.

Un autre avantage du baluchonnage est la tenue quotidienne d’un “Journal d’Accompagnement” par le baluchonneur, ainsi que les moments d’échanges privilégiés avec l’aidant, avant mais surtout après la prestation. Cela permet de garantir la qualité à long terme de l'intervention, car le baluchonneur partage son expérience, ses conseils et ses recommandations avec l’aidant, afin d'améliorer l’accompagnement de la personne malade.

Ce service individualisé et sécuritaire aide à alléger la charge de l’aidant familial, tout en préservant le bien-être et la qualité de vie de la personne aidée. Le baluchonnage facilite le maintien à domicile et apporte un répit essentiel aux familles. Que ce soit en France ou au Québec, le baluchonnage soutient l’aidant, en lui offrant la possibilité de continuer à veiller sur son proche dans les meilleures conditions.




L’expérimentation du baluchonnage en France

Bien que le baluchonnage soit reconnu et encadré par la loi au Québec, il n’en est pas de même en France, malgré plusieurs expérimentations menées depuis une dizaine d’années.

Toutefois, l'article 53 de la loi n° 2018-727 du 10 août 2018  pour un “Etat au Service d’une Société de Confiance” (dite loi ESSOC) votée en août 2018, permet l’expérimentation de dérogations au droit du travail dans le cadre de la mise en œuvre de prestations de suppléance à domicile du proche aidant (relayage) ou dans le cadre de séjours de répit aidant-aidé, pour une durée de 3 ans à compter de l’année 2019. Le ministère du travail de la santé et des solidarités précise sur son site que : “Cette expérimentation est la traduction d’une des recommandations du rapport de Joëlle Huillier, “Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit”, remis le 22 mars 2017 à la secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées et de l'autonomie. Ce dispositif permet de déroger au droit du travail pour encourager le baluchonnage.”

Le ministère explique également les raisons pour lesquelles il a décidé de tester à grande échelle le baluchonnage en France : “L'expérimentation vise à développer et à diversifier l’offre de répit des proches aidants en permettant l’intervention à domicile, en relais d’un proche aidant, d’un seul et même professionnel auprès d’une personne en situation de perte d’autonomie ou de handicap, sur une période continue allant de 36h à 6 jours consécutifs, par dérogation au droit du travail. Ce type de dispositif vise à faciliter le répit des aidants, par une meilleure prise en charge de leurs proches, en particulier lorsque ces personnes souffrent d’atteintes des fonctions mentales, cognitives ou psychiques et pour lesquelles la préservation des repères est essentielle mais les solutions de prise en charge classiques (accueil de jour, hébergement temporaire, etc.) ne sont pas adaptées. Le choix a été fait de passer par une expérimentation afin de bien mesurer les bénéfices et les impacts de la dérogation au droit du travail sur les aidants, les personnes aidées et les salariés concernés.”

Depuis le 10 mai 2019, 51 candidats ont été sélectionnés et autorisés à mener l’expérimentation dans le secteur privé. Au total, la sélection des candidats représente plus de 220 établissements autorisés, pouvant mettre en œuvre l’expérimentation sur 54 départements et 14 régions. En 2022, 19 départements, y compris en Outre-mer, offrent l'intervention d'un baluchonneur.



Quelles démarches et quels coûts ? 

Le baluchonnage ne relève pas d'un service de répit d'urgence. Il exige un temps de préparation important, ce qui inclut une phase d’acclimatation, de transmission d’informations et d’organisation, afin d’assurer la sécurité de tous. Ce processus peut s'étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Pour accéder au baluchonnage en France, les aidants doivent se tourner vers les associations ou services spécialisés qui proposent cette prestation comme les CCAS (Centre Communal d'Action Sociale) ou les maisons de répit. Actuellement, le baluchonnage n’est disponible que dans certains départements pilotes en raison de son caractère expérimental. Les aidants intéressés doivent généralement remplir un dossier d’inscription et peuvent bénéficier d’un entretien d’évaluation pour déterminer les besoins spécifiques de leur proche et planifier l’intervention du baluchonneur. Le délai pour obtenir ce service peut varier en fonction de la disponibilité des intervenants et de la demande locale.  Il faut compter au moins deux mois de mise en place.

Pris en charge par la famille, le coût du baluchonnage, peut aussi varier en fonction de la durée de l’intervention et de la structure qui le propose. En moyenne, il peut osciller entre 150 et 620€ par jour. Cependant, des aides financières peuvent être sollicitées pour alléger cette charge. Parmi celles-ci, on trouve l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou la Prestation de compensation du handicap (PCH), qui peuvent couvrir une partie des coûts. Certaines mutuelles ou caisses de retraite offrent des aides spécifiques pour soutenir les aidants. Mais son réel financement reste encore à définir en France.




Quel avenir pour le baluchonnage en France ? 

Depuis 2019, l’expérimentation de dérogation au droit du travail permet l’exercice du baluchonnage. Seulement, ce cadre juridique prendra fin en 2024. L’association Baluchon France appelle donc à "légiférer le baluchonnage". Fondée en 2013, Baluchon France encourage le baluchonnage dans plusieurs départements via des services à domicile agréés afin de proposer du baluchonnage chez les aidants. L’association dispense également une formation dédiée à l’ensemble de ses intervenants sur la base du modèle québécois.

Dans un communiqué de presse en date du 21 septembre 2023, Baluchon France cite les nombreux bienfaits de cette pratique : “Depuis 2019, le baluchonnage démontre qu’il a toute sa place dans l’offre de répit. Il répond aux besoins d’un public d’aidants / aidés fragiles pour lesquels les solutions de répit existantes ne sont pas adaptées. Il tient compte de la difficulté de sortir le proche aidé de son environnement, de la nécessité de préserver sa stabilité et de conserver ses repères avec le relai d’un intervenant unique. Il permet de soutenir et d’accompagner l’aidant dans son engagement auprès de l’aidé et favorise le maintien à domicile.”

Au 30 juin 2023, ce sont 389 baluchonnages qui avaient été réalisés dans tout l’hexagone pour 1598 jours de répit pour les aidants. “Aujourd’hui, la plus-value du baluchonnage n’est plus à démontrer que ce soit pour les aidés, les proches aidants ou même les salariés qui plébiscitent ce mode de travail leur permettant une meilleure conciliation travail / vie personnelle.”, poursuit Baluchon France dans ce même communiqué. L’association rappele que : 16 services ont souhaité adhérer au modèle du Baluchonnage qui reprend les 20 ans d’expérience du Québec avec un cahier des charges exigeant, assurant la qualité des prestations de répit de longue durée (visite d’évaluation, visite de courtoisie, période de transition de 3 heures, journal d’accompagnement, etc.) ainsi que la sécurité des salariés (libre-choix des missions, formation, astreinte téléphonique, repos compensateur pré et post-intervention...).”

Baluchon France appelle à une mobilisation pour pérenniser la dérogation au droit du travail, et rappelle qu’il existe déjà des modèles sociétaux, dans lequel le baluchonnage a sa place. Au Québec, où est née cette pratique, le Ministère de la santé et des services sociaux a choisi de financer durablement le baluchonnage. “Mobilisons-nous car il est urgent de légiférer avant la fin de l’année !”

L’association aurait-elle été entendue ? Le PLFSS 2024 a été validé par le Conseil Constitutionnel. Et, la prolongation de l’expérimentation du relayage de longue durée ou baluchonnage est donc officielle jusqu’au 31 décembre 2024.