Un besoin grandissant de soutien pour les aidants
Le rôle des aidants est incontournable compte tenu des évolutions sociétales, notamment le vieillissement de la population ou le maintien à domicile. Ainsi,
en 2021, plus de 9 millions de Français déclaraient apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie. Mais qui sont les aidants ? Il peut s’agir d’un conjoint, d’un parent, d’un frère ou d’une sœur, d’un enfant (y compris mineur), d’un voisin, etc. Quelle que soit sa situation ou son âge, chacun peut, à un moment de sa vie, être amené à apporter un soutien à un proche, de manière temporaire ou durable.
Les aidants jouent un rôle crucial, souvent au détriment de leur propre santé physique et mentale. Le risque d’épuisement, aussi appelé
burn-out de l’aidant, est bien réel.
Au regard de ces difficultés et de l’épuisement engendré par une charge de plus en plus lourde, la possibilité de mobiliser des
solutions de répit sont essentielles. Elles permettent aux aidants de souffler et de se ressourcer. Et, elles prennent différentes formes (accueils temporaires en établissement, services d’aide à domicile renforcés, relais à domicile, séjours vacances-répit, ateliers bien-être…) qui peuvent concerner le binôme aidant / aidé. Cependant, ces solutions sont souvent méconnues, sous-utilisées, ou mal adaptées aux besoins spécifiques des aidants.
Saisie par la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) dans le cadre de la stratégie nationale dédiée aux aidants, la Haute Autorité de Santé (HAS) a récemment élaboré des recommandations qui définissent la notion de répit et proposent des modalités opérationnelles pour mieux accompagner les situations d’aidance et mettre en œuvre des solutions adaptées. Ces travaux s’adressent à un large panel de professionnels, en particulier, ceux des secteurs sanitaire, social et médico-social (médecins libéraux, travailleurs sociaux, psychologues, assistantes scolaires de service social…).
Faire du repérage des aidants une priorité
La HAS souligne très justement que : “Pour continuer à prendre soin des autres, il faut aussi pouvoir prendre soin de soi.” Ce principe (appelé théorie du masque à oxygène) illustre l’enjeu du repérage des situations d’aidance et des aidants.
La Haute Autorité de Santé a formulé plusieurs recommandations pour améliorer l’accès au répit en adéquation avec les services proposés. Selon elle, la première étape pour offrir un soutien efficace est de mieux identifier les aidants. La HAS recommande donc de systématiser le repérage des aidants dès les premiers contacts avec les professionnels de santé et du social et médico-social, mais aussi plus largement avec les acteurs de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, du monde du travail, et toute personne en lien avec des aidants selon le contexte (voisins, amis par exemple). Une évaluation régulière de leurs besoins et de leur état de santé doit être mise en place pour adapter le soutien proposé.
Dans ses recommandations de bonnes pratiques professionnelles (RBPP), la HAS suggère de prendre pour point de départ la situation de l’aidant, et celle du proche aidé pour repérer et évaluer. Certains signes peuvent permettre d’initier une discussion et mettre en évidence des difficultés liées à une situation d’aidance jusqu’à présent inconnue : l’épuisement physique / mental, l’isolement social, la rupture de soins, les arrêts maladies fréquents ou encore les difficultés scolaires.
Toutefois, la HAS tempère en indiquant que le repérage est d’autant plus difficile que certains aidants ne se reconnaissent pas en tant que tels. D’après l’autorité publique, il est alors essentiel de questionner la personne sur son quotidien et sur sa perception de la situation afin de favoriser une prise de conscience de ses difficultés et besoins. Le repérage permet de délivrer de premières informations sur les ressources disponibles voire d’enclencher un accompagnement.
Enfin, la HAS souligne, qu’en France, environ 500 000 mineurs (enfants / adolescents) vivent avec un proche malade ou en situation de handicap. Ces situations d’aidance sont moins évidentes à repérer car elles sont éloignées des représentations habituelles. Pour autant, leur repérage précoce est essentiel pour mettre en place des solutions de répit qui leur sont spécifiquement adaptées (soutien scolaire, appui aux démarches administratives…) et ainsi éviter des conséquences sur la scolarité, la santé et la vie sociale et personnelle de ces jeunes.

Une grille d’évaluation pour mieux comprendre la situation des aidants
Afin de bien comprendre la situation repérée, il est important d’évaluer l’environnement de l’aidant, les différents aspects de sa vie (personnelle, familiale, professionnelle, scolaire…) et sa relation au proche aidé. Pour aider les professionnels, la HAS propose une
grille d’évaluation. Cette grille indique les principales thématiques à aborder comme la situation de l’aidant, celle du proche aidé, la comparaison entre la vie d’avant et la situation actuelle, l’aide apportée, les conséquences de la situation sur l’aidant ou encore les éventuels signes d’alerte (épuisement notamment). On y retrouve aussi des questions adaptées aux différents profils d’aidants.
A partir des éléments issus de l’évaluation, le professionnel pourra alors proposer des solutions de répit en adéquation avec les souhaits et les besoins de la personne aidante. Pour ce faire, la HAS encourage une
démarche détaillée d’accompagnement : avant, pendant et après le temps de répit. Au préalable, il est ainsi recommandé que le professionnel explique ce qu’est une solution de répit, comment elle se matérialise et quels en sont les bénéfices. L’autorité précise que les solutions de répit ne constituent pas une réponse figée, elles s’adaptent à chaque situation ainsi qu’aux changements dans la vie des aidants. Ainsi, elles sont à construire et à rediscuter entre le professionnel et la personne concernée. Pour y parvenir, instaurer une relation de confiance et d’écoute est important.
Pour finir, la Haute Autorité de Santé préconise que l’ensemble des professionnels renforcent leurs compétences à l’aide d’outils ou de formations dédiés à la compréhension des aidants et de leurs situations, que ce soit dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, les établissements de santé, en médecine ville ou dans tous les autres secteurs (Éducation nationale, monde du travail, etc.). Il est important que les
professionnels soient formés pour mieux comprendre les besoins des aidants et savoir les orienter vers les dispositifs de répit.
Source des informations :
HAS.